Avant de passer à RE9, Capcom prolonge l’expérience RE Village via sa Winter’s Expansion. Une extension divisée en plusieurs parties avec un DLC solo, Les Ombres de Rose, qui doit conclure l’histoire commencée dans Resident Evil 7. Un contenu qui tient ses promesses ? Plus que l’original ? Voici notre verdict complet.
La Winter’s Expansion est disponible depuis quelques jours par le biais de deux offres. Pour les possesseurs du jeu original, elle peut être achetée séparément pour 19,99€. Mais si vous n’avez rien et que vous voulez faire au plus simple, elle est comprise dans Resident Evil Village Gold Edition, la version la plus complète qui couvre l’ensemble des contenus de cet épisode. Les Ombres de Rose est-il plus intéressant et flippant que l’aventure principale ?
ATTENTION SPOILERS !!!!
Le destin d’une enfant
À la fin de Resident Evil Village, Rose survit grâce au sacrifice de son père Ethan Winters, le protagoniste de Resident Evil 7. Elle est récupérée in extremis par sa mère Mia et élevée par celle-ci avec l’aide de Chris Redfield. Le bébé qui ne faisait que des gazouillis est devenu une jeune femme de 16 ans au caractère bien trempé et aux pouvoirs surnaturels comme son paternel. Des compétences à la puissance hors norme qui ont fait d’elle une paria auprès de ses petits camarades de classe tout au long de sa jeunesse.
Alors quand un inconnu lui propose de se débarrasser de ce fardeau, Rose saute sur l’occasion de reprendre une vie normale. Problème, la solution pour être une ado et une femme comme les autres implique de retourner dans le château de Lady Dimitrescu. La dame au grand chapeau façon Geneviève de Fontenay qui aime sucer le sang de ses visiteurs. Un cristal purifiant qui peut retirer le mutamycète, le super-organisme qui a modifié le génome de Rose, est caché là-bas.
Même si l’on explore des pièces ou lieux inédits, les décors sont identiques la majeure partie du temps. Un peu décevant mais au moins, le scénario le justifie. Le script est également dans la lignée du jeu de base, un récit de série Z, avec une conclusion ouverte. Bon pour être honnête, ce n’est de toute façon pas pour cela que l’on vient. Non, ce que nous sommes venu chercher, c’est un peu plus de peur qu’avec RE Village. Pari réussi ? Oui.
Plus horrifique que l’ensemble de Resident Evil Village ?
Si la réutilisation d’assets peut décevoir, on ne boude pas notre plaisir de revenir au sein d’un environnement ô combien sous-exploité dans Resident Evil Village. Ce qui est très attrayant là-dedans, c’est la nouvelle vision du château qui se montre sous son meilleur jour. Il est plus étouffant et oppresse davantage en raison de la moisissure qui s’est emparée de la bâtisse et qui veut nous dévorer tout cru. Le côté dirigiste du contenu, sans les zones ouvertes qui desservaient le titre original, permet de recentrer l’ambiance. On remarque un meilleur équilibrage entre les passages exploration, action et horreur, ce qui diminue le côté actionner pour quelque chose qui est plus dans l' esprit des vieux jeux.
En termes d’atmosphère horrifique, Les Ombres de Rose offre d'ailleurs une séquence aussi réussie, que celle de la Maison Beneviento. Voire même plus, grâce à certaines idées, peut-être pas nouvelles, mais bien exécutées. Certes, un DLC de trois heures est plus facile à traiter qu’un soft de neuf heures, mais nous avons quand même plus apprécié notre retour dans le château de Lady Dimitrescu. La seule déception qui persiste est la difficulté des énigmes : elle est totalement absente une nouvelle fois. Il y a également un climat un peu mystique avec une entité qui nous accompagne dans la forteresse. Un esprit invisible qui communique avec Rose en faisant apparaître des phrases en surbrillance pour la soutenir dans sa quête et qui peuvent se transformer en de précieuses ressources (fioles de soins, munitions diverses).
Le bal de Rose
En chemin, Rose pourra se défendre avec les traditionnels pistolet et fusil de chasse, mais également avec ses pouvoirs. Grâce à eux, elle est en mesure de figer les ennemis pendant une courte durée afin de les garder à distance et de leur tirer dessus. Une aptitude qui est cependant limitée car chaque action consomme de la sauge blanche. Et pour la recharger, il faut… des brins de sauge blanche ! On craignait que ce soit une mécanique trop cheatée mais finalement l’équilibre est satisfaisant. De toute manière, comme dans Resident Evil Village, on est jamais à court de ressources en mode normal. On peut si on le souhaite abattre tout le monde, on trouve toujours un moyen de récupérer de l’équipement.
Outre cette feature pour stopper les adversaires, le contenu importe un nouveau type d’ennemis après les loups-garous, les Mangeurs de Visages. Des êtres qui ressemblent un peu aux Molded de RE7, à pas grand-chose donc. Ce n’est clairement pas le character design le plus inspiré qui soit sauf lorsque ces derniers aspirent notre vie ou celle d’autres occupants du manoir.
En introduction, on a mentionné une Winter’s Expansion divisée en plusieurs parties. À l’image du DLC, l’intégralité de RE8 peut-être (re)joué avec une vue à la troisième personne. Un ajout qui ne nous a pas convaincu pour ce qu’on en a vu pour deux raisons. La première, c’est que l’on perd en intensité, c’est moins étouffant et amoindrit par exemple la scène dans les bois avant d’accéder au château. La seconde, c’est que la vue subjective n’a pas été supprimée et se manifeste durant des cinématiques. Il y a par conséquent une discordance dans l’immersion. Peut-être que c’est moins le cas si l’on y va sans avoir fini le jeu précédemment, mais ce sentiment ne peut disparaître complètement.
Resident Evil Village se la joue TPS avec le mode Mercenaires en prime
L’extension de Winters fait aussi revenir le mode Mercenaires, un à-côté connu des fans encore plus bourrin basé sur le scoring, avec de nouveaux personnages. Chaque partie commence de la même façon. On est téléporté face au Duc, le vendeur de Resident Evil Village, pour récupérer des munitions et faire des emplettes pour améliorer notre équipement. C’est vraiment comme dans l’aventure initiale. Vient alors le choix du personnage entre Ethan Winters, Chris Redfield, Lady Dimitrescu et Karl Heinsenberg, sachant que les deux derniers sont bloqués au début. Il faut achever une succession de niveaux en ayant un rang A pour les déverrouiller. Chacun d’eux a des archétypes - Ethan est polyvalent, Chris est une force brute avec son entraînement militaire etc. - avec pour certains des capacités comme donner des coups de poings pour monsieur Redfield.
L’objectif une fois lancé est d’éliminer le plus d’ennemis, le plus rapidement possible pour regagner au plus vite la sortie, car ces deux stats comptent pour la note finale. Pour exploser les compteurs, on peut grappiller des orbes jaunes dans le but d’augmenter le temps imparti, ou des orbes bleus pour des habiletés éphémères distribuées aléatoirement afin de diminuer la vitesse des monstres, infliger cinq fois plus de dégâts au couteau etc. On ne joue pas à cette franchise pour cela, mais étonnamment, ce n’était pas désagréable. Probablement parce que l’action est plus assumée ici et que c’est le cœur de l’expérience. C’est plutôt nerveux avec de bonnes sensations grâce à la manette PS5 DualSense et ses gâchettes adaptatives qui permettent des tirs percutants.