Depuis le premier jeu Resident Evil en 1996, la franchise occupe une place toute particulière sur la scène du survival-horror. Une saga qui a muté très rapidement pour offrir plus d’action, jusqu’à pousser cette dimension à son paroxysme avec son quatrième volet. L’un des titres de la série qui, encore aujourd’hui, est tenu en haute estime. Un statut sur lequel Capcom va capitaliser avec la sortie de Resident Evil 4 Remake. Le roi mérite t-il toujours sa couronne ?
Les remakes de jeux RE et Capcom, c’est une longue histoire d’amour qui remonte à 2002 avec Resident Evil, baptisé Rebirth par un certain magazine… Joypad. Un véritable modèle qui coche toutes les cases et sublime un monument du jeu vidéo. Et comme c’est plus que jamais à la mode ces dernières années, on a eu le droit au fantastique Resident Evil 2 et au plus décevant Resident Evil 3. Alors, Resident Evil 4 Remake emprunte t-il plus aux deux premiers cités ? Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a pas volé son étiquette de remake.
J’achète un château en Espagne
Plusieurs années après les événements de Racoon City dans Resident Evil 2, l’agent Leon S. Kennedy, qui n’est plus une bleusaille, est envoyé en Espagne pour sauver la fille du président des États-Unis, Ashley Graham. Un personnage assez naïf et qui a bien besoin d’être secouru par le membre de la R.P.D. Mais comme lors de son premier jour en poste dans la bourgade de Raccoon City, Leon se retrouve vite pris au piège dans une machination qui dépasse le simple enlèvement. Aucune épidémie de virus-T de prime abord, mais un parasite, appelé Las Plagas, qui transforme les villageois en bêtes encore plus féroces que des zombies. À cela s’ajoute l’implication d’une secte inquiétante, et le road-trip européen de Leon prend rapidement des allures de grosse, grosse galère, mais c’est pour cela qu’il a été dépêché là-bas après tout.
Resident Evil 4 Remake, comme ses prédécesseurs et ses successeurs, c’est de la série B qui s'assume plutôt bien. Mais depuis la sortie de l’original, en 2005, de l’eau a coulé les ponts et Capcom a voulu lisser cela pour retirer ou altérer les passages les plus « nanardesques » qui font partie de l’ADN de la licence. On l’a vu avec RE2 Remake et c’est pareil avec RE4 Remake. Les développeurs ont ainsi atténué le côté série B, qui était totalement accentué par les doublages dans la version vanilla, pour quelque chose de moins grandiloquent mais au final plus cohérent avec la nouvelle proposition.
Par conséquent, on a moins de dialogues surjoués ou de scènes qui faisaient fureur au début des années avec des ralentis à gogo hérités de Matrix. On aurait tendance à défendre les deux approches après avoir fini cette revisite. D’un côté, le grand n’importe quoi était assez drôle, et de l’autre, la dimension plus posée de Resident Evil 4 Remake n’est pas plus mal. Chacun verra midi à sa porte mais notre cœur balance entre les deux - vous pouvez nous traiter de pleutre.
Resident Evil 4 Remake en impose
Comme dit plus haut, Resident Evil 4 Remake n’a pas usurpé son statut. On ne peut pas expliquer en détail les changements, mais ils sont très nombreux et même les plus « insignifiants » apportent un autre regard et peuvent servir à mieux présenter certaines choses. Et c’est comme ça du tout début à la toute fin (mais motus et bouche cousue). En revanche, oui, on peut maintenant certifier que l’ambiance générale a monté d’un très gros cran.
Sans verser dans l’horreur qui fera hurler ou battre sévèrement le cœur, le jeu nous offre des séquences et panoramas plus nuancés, loin de l’aspect monochrome marron et trop lumineux de Resident Evil 4 Gamecube. Capcom en a fait la promotion avec des images du château de Ramon Salazar, mais c’est comme ça pour l’ensemble de l’aventure. Un décor basique peut ainsi prendre une toute autre ampleur et être transcendé avec cette même sensation de gigantisme que l’on avait éprouvé en découvrant le laboratoire dans RE2 Remake.
C’est par exemple le cas de la séquence du tchou-tchou de la mine, plus spectaculaire, et qui finalement, passe mieux en jouant que lors du visionnage du trailer. Il y a également un important soin apporté aux personnages avec un Ramon Salazar - oui, encore lui - au look androgyne redoutable à la croisée du Dracula de Francis Ford Coppola et d’une vielle dame aristocrate génétiquement modifiée. Le Garrador avec ses griffes piquées à Vega de Street Fighter n’a, heureusement, pas une gueule de porte-bonheur. Le rendu de l’infection est bien meilleur… Bref, on apprécie énormément le tournant pris par le titre et l’attention portée par les développeurs pour avoir un épisode long, mais surtout non charcuté dans tous les sens et qui parvient à modifier l’atmosphère sans renier l’action adorée des fans.
LEOONN !!! ASHLEYYYY !!! Il va faire tout noir
Long - on a terminé Resident Evil 4 Remake avec une durée d’environ 16 heures au compteur sans tout faire à 100% -, oui, surprenant et familier à fois, également, mais tout n’est pas rose. Certaines scènes, comme la séance de pêche au gros poisson dans le lac, sont moins marquantes et manquent de panache. Ça ronronne trop et il aurait sûrement fallu réaliser d’autres améliorations, à l’image du face à face avec le crocodile dans Resident Evil 2 qui est plus saisissant dans le remake de 2019 que dans la copie originale. D’autres passages - à l’instar du moment sur les tours du château - peuvent aussi être lourds en partie à cause d’un coupable tout identifié : ASHLEYYYYY !!!! LEOONNN !!! - promis on arrête.
Vendue comme une vraie coéquipière, en opposition à la jouvencelle en détresse, on peut dire que le compte n’y est pas et qu’on s’est fait berner. Après Lady Dimitrescu qui ne fait que de lafiguration dans Resident Evil Village, ça laisse un nouveau goût amer en bouche. Alors oui, elle aide un peu, mais de façon globale, c’est encore un sacré boulet. Désormais, on a la possibilité de lui ordonner de nous suivre de très près ou au contraire de garder ses distances, voire de se planquer dans des casiers. Dans tous les cas, elle finira peut-être par vous coller et surtout, se faire kidnapper par les Zealots ou les Ganados. Une prise de guerre qui se conclura par un game over si on n’est pas réactif…
Le mapping de cette touche d’appel / ordre n’est pas des plus évident non plus. La commande est attribuée au bouton R3 - lorsque l’on presse le stick droit - et dans le feu de l’action, on peut vite faire une erreur. ll faut aussi bien s’assurer que la jeune femme soit en sécurité, et pas dans la ligne de mire, car au bout de deux attaques, c’est aussi le game over quoi qu’il arrive. Et un coup de fusil à pompe pleine tête étant si vite arrivé… Avec Ashely, certains vont comprendre pourquoi Ellie dans The Last of Us est l’équivalent de l’homme invisible pour les ennemis.
Pour le coup, la présence d’Ashley aurait pu / dû être diminuée, mais bon, elle est au centre de l’histoire donc… bah… on fait avec ! Cependant, il y a une nette amélioration au niveau des phases de jeu quand les rôles s’inversent…
Un gameplay au poil dans la lignée des derniers remakes
Si Ashley Graham peut s’avérer « compliquée » à gérer, ce ne sera pas le cas des énigmes. Certains casse-têtes ont disparu ou ont été remplacés par des puzzles encore plus simples - on peut regretter cette absence de complexité, mais on craint qu’il faille se faire une raison là-dessus. D’autres reviennent mais sous une autre forme comme celui de l’église où l’on doit aligner trois couleurs avec un sigle. La version de Resident Evil 4 Remake est plus lisible. Par contre, RE4 Remake est un véritable cadeau pour sa jouabilité. Leon n’est plus pataud, la caméra n’est plus un calvaire, on est dans la lignée des deux derniers remakes. Et ça fait un bien fou, car en retournant sur le jeu de 2005 (dans sa déclinaison HD), on se dit que c’est finalement plus aisé de relancer les épisodes PS1 que le hit GameCube dans son jus.
Maintenant, notre héros peut tirer en marchant, courir sans encombre et mieux se défendre. Il dispose de plusieurs couteaux qui, à chaque usage, se détériorent jusqu’à se briser. L’énorme différence ici, c’est que ces lames peuvent être utilisées pour effectuer des assassinats discrets, ou contrer des attaques voire des projectiles en provenance d’ennemis classiques ou de boss. Un avantage lorsque l’on est encerclé, submergé et que mettre en joue n’est pas le moyen le plus rapide de réagir. Et puis ça permet d’économiser des balles pour faire chanceler les adversaires. Parce que contrairement aux autres volets, Resident Evil 4 mélange les gunfights avec des combats au corps à corps.
Dès qu’un méchant est sonné, on peut se ruer dessus pour lui asséner un coup de pied retourné digne de JCVD. Si toutefois ce n’était pas suffisant, mettre un coup de surin à un rival au sol est possible. C’est petit mais il faut bien survivre. Et ça permet en plus d’éviter que notre cible n’évolue en une créature plus puissante avec des tentacules qui lui sortent de la tête. En termes de bestiaire justement, les fans seront en terrain conquis avec des ennemis magnifiés, et des nouveautés comme le Zealot infecté qui grimpe au plafond ou le gros costaud à la tête de bœuf avec son marteau.
Plus de 15000 mots écrits et aucun commentaire sur le Marchand. « Hello stranger ! » oui, ne vous en faites pas, il est bien là puisque c’est lui qui fournit les armes et leurs améliorations qui vont coûter cher en pesetas, les différentes mallettes qui nous octroient des bonus d’effets (ex : le coût réduit des ressources pour créer des munitions comme la ferraille etc.) si on y attache des breloques trouvées dans des circonstances particulières, et avec lequel on peut vendre tous les objets de valeur dénichés.
Les manquements de Resident Evil 4 Remake
Si Resident Evil 4 Remake est à notre sens meilleur que l’original, il y a des points qui déçoivent. Déjà visuellement parlant, ça souffle le chaud et le froid. Une mise à jour est disponible au lancement pour corriger la pluie, et on comprend pourquoi. C’était tout bonnement catastrophique avec un effet trop prononcé et trop daté. Ensuite, pendant les premières heures, il y a tout de même un problème important de ressenti en termes de résolution, alors que dans les faits, elle est visiblement suffisamment élevée. C’est assez violent au village ou au niveau du lac et ça pique les yeux. Et c’est pareil pour le framerate qui n’est pas au top. Mais le pire côtoie également le meilleur et « par chance », le reste est au-dessus de ces passages. Cette inégalité demeure dommageable, surtout après un Resident Evil 2 qui avait été salué pour ses graphismes.
Néanmoins, côté son, RAS. Cet épisode est moins propice à la flippe, mais l’ambiance sonore remplit parfaitement son rôle. En vérité, il n’y a que pour les doublages où l’on est divisé. Pour Ada par exemple, Capcom a été cherché Lily Gao, l’actrice sino-canadienne qui joue le personnage dans le navet Resident Evil: Welcome to Racoon City. Pourquoi ne pas avoir rappelé Sally Cahill ? Même sentence irrévocable pour la voix du Marchand, qui sans être à côté contrairement à Ada, est moins aboutie. Sur ce point, on aurait préféré un maintien total de l’aspect théâtral.
Enfin étant donné que nous en sommes à parler de ce qui ne va pas, désolé pour les fans hardcore, mais Seperate Ways et Assignment Ada, les modes bonus qui permettent de vivre l’aventure du point de vue de la femme fatale, ont été abandonnés. En fin de partie, seul le mode Professionnel a été conservé, et un New Game+ fait aussi son entrée.