Quelques mois seulement après la remasterisation de Project Zero 5 : La Prêtresse des Eaux Noires, Koei Tecmo continue son entreprise de dépoussiérage avec la version HD de Project Zero 4 : Le Masque de l’Éclipse Lunaire. Une bonne ou une mauvaise idée ? On a combattu des ectoplasmes pour en avoir le cœur net.
En dépit d’un nouvel accueil relativement tiède, le retour de Project Zero 5 : La Prêtresse des Eaux Noires est pour l’instant un pari gagnant pour Koei Tecmo avec plus de 500 000 exemplaires vendus. Un joli coup à moindre frais que l’éditeur/développeur va essayer de reproduire avec la sortie de Project Zero 4 : Le Masque de l’Éclipse Lunaire. Un épisode qui souffre des mêmes défauts que son prédécesseur ?
Une île de tous les dangers
Au cours du festival Kagura, organisé tous les dix ans sur l’île de Rogetsu, cinq jeunes filles disparaissent sans explication. Elles finiront par être retrouvées grâce à l’implication d’un détective, mais n’auront aucun souvenir de cet événement. Une décennie plus tard, deux des jeunes filles meurent (Marie et Tomoe), ce qui conduit deux autres (Misaki et Madoka) à se confronter à leur passé en retournant sur l’île pour enquêter. Une chose en amenant une autre, chacune perd malencontreusement la trace de l’autre. La dernière du quintette (Ruka) arrive à pic sur l’archipel, poussée par une mélodie étrange qui résonne en elle, et va peut-être pouvoir les sauver tout en résolvant enfin le mystère de leur disparition.
Si Project Zero 4 : Le Masque de l’Éclipse Lunaire sèmera probablement le trouble dans l’esprit de quelques joueurs à cause de son développement alambiqué, le scénario n’en reste pas moins bon et c’est même l’un des points forts qui donne continuellement envie d’avancer. Il se dégage une ambiance vraiment particulière de cette franchise, qui est globalement un mélange de The Ring / The Grudge et Silent Hill, qu’on ne voit pas ailleurs. Une approche japonaise qui, même si elle en fait trop au point de ne pas faire particulièrement peur - voire pas du tout -, parvient à nous accrocher et nous encourage à poursuivre malgré les défauts.
Étant donné que nous n’avons là qu’une version HD, les carences en termes de rythme ne se sont pas volatilisées comme par magie. Ce Fatal Frame 4 - le nom outre-Atlantique - est lent, mais pas dans le bon sens, et joue trop sur ces apparitions constantes qui font que suivant sa sensibilité, on restera plus ou moins de marbre face à ce spectacle horrifique. Ce fut notre cas même si, encore une fois, on salue l'atmosphère générale.
Courir dans Project Zero 4 HD revient à marcher
Si Project Zero 4 HD souffre de lenteurs, c’est aussi et en grande partie du fait de la mollesse des personnages dans toutes les actions qu’ils entreprennent. Il n’y a qu’à voir comment ramasser un simple objet au sol, sur une étagère ou n’importe où ailleurs se transforme en véritable épreuve de Koh-Lanta. Dès qu’on souhaite mettre la main sur un item, il faut en effet presser une touche afin que notre héroïne ou héros puisse tendre lentement, très lentement le bras pour l’attraper. Certes, c’est justifié puisque de temps à autre, un fantôme peut tenter de nous effrayer en saisissant notre bras, mais c’est tout simplement très lourd et cette mécanique aurait pu disparaître sans qu’elle ne nous manque. Cette tâche est d’autant plus compliquée qu’avant de pouvoir s’emparer de l’objet en question, il va falloir le faire apparaître grâce à une lampe-torche qui se contrôle via le joystick droit de la manette. Une gymnastique assez galère qui se conclut par moments par un échec (le charme des bugs).
Qu’on incarne trois des jeunes femmes (Ruka, Misaki, Madoka) ou le détective (Choshiro) qui les a sauvées jadis, tous avancent au ralenti. Alors oui, il y a une touche pour « courir », mais le problème se situe justement là. En courant, on a l’impression de marcher quasi normalement. Les développeurs ont eu la main un peu trop lourde, ce qui fait que l’ennui peut rapidement prendre le dessus à mesure que l’on déambule dans les environnements. Cette lourdeur dans les déplacements est également pénalisante lors des combats… qui ne sont eux-même pas facilités par un level design des décors parfois trop étriqués. Project Zero 4, comme tous les épisodes de la série, a un concept unique qui propose de vaincre les esprits en les exorcisant avec un appareil photo appelé « Camera Obscura ». Lorsqu’on le déclenche, on passe en vue subjective et ça se gâte. En raison des mouvements limités dans cette configuration et de certains lieux exigus, il n’est pas rare de lutter contre soi-même plutôt que ces entités fantomatiques. Encore une fois, un souci de dosage car nous ne sommes pas réfractaire, bien au contraire, à la rigidité d’un survival.
Ces écueils créent aussi une dissonance avec le gameplay très arcade. La Camera Obscura permet de blesser des fantômes jusqu’à leur mort en les photographiant. Pour chaque cliché, on remporte des points qui peuvent être échangés pour des consommables comme de l’herbe pour récupérer sa santé ou des films de pellicule plus efficaces que ceux de base. En plus des différents films qui se rechargent par exemple plus vite ou qui font des dégâts plus importants, on a la possibilité de réaliser des clichés fatals. Plus on prend de risques, plus on est récompensé. Bon, ok, sauf quand on se mange un mur à cause des déplacements. Mais les films ne sont pas l’unique outil pour renvoyer les revenants dans l’au-delà. On se procure petit à petit des Évolutions d’équipement pour esquiver les attaques adverses ou être averti lorsqu’il est possible d’effectuer un cliché fatal. De plus, le matériel peut être amélioré avec des pierres bleues (pour les caractéristiques) ou rouges (pour les objectifs de l’appareil photo). En résumé, la forme de Project Zero : Le Masque de l’Éclipse Lunaire a été peaufinée, mais pas le fond.
Des nouveautés légères
Sans être au niveau des standards actuels, le remaster s’en tire honnêtement et on voit les différences visuelles. Outre des modèles de personnages plus précis, l’éclairage est également plus travaillé et le grain de l’image plus appuyé. Alors oui, c’est le minimum syndical mais nous n’avons pas affaire à un remake, d’où les grosses limitations autant graphiques que sur le plan du gameplay. Et pour le reste ? Des petites nouveautés, mais pas de quoi déplacer les foules. Si vous avez toujours rêvé de vous prendre en photo avec un poltergeist, un mode spécial a été ajouté à l’image de tous les jeux modernes. Il faut bien que Project Zero 4 HD vive avec son temps !
En dehors de ce mode photo, cette version comprend divers costumes parfois sexy, chez les femmes comme chez le seul protagoniste masculin, dont une tenue de Marie Rose (Dead or Alive). À noter que pour ce vêtement, c’était un bonus de précommande mais d’autres à l’instar d’une robe blanche avec un nœud, un accoutrement en cuir ou les costumes originaux sont disponibles pour tout le monde. Nullement besoin de faire des folies avec l’édition la plus onéreuse, sauf si vous y tenez. Pour finir, s’il y a bien une vraie grosse amélioration à applaudir haut et fort, c’est la localisation française. Un argument d’achat à lui seul pour les fans de la franchise puisque cet épisode était jusqu’alors réservé au public japonais. L’erreur est réparée.