Vous le savez, pour Gameblog, la saison 2017-2018 a vu la victoire de PES 2018. Avec ses qualités, bien en place face à un ogre FIFA 18 ne manquant pas d'idées mais pêchant péniblement dans son gameplay, il a su se révéler un capitaine de soirée exemplaire grâce à un retour quasi parfait aux fondamentaux qui ont fait de la série de Konami le champion des années 2000. Entrant sur le terrain un mois avant son concurrent, PES 2019 est-il capable de faire exploser son potentiel en défiant certaines consignes ?
MAJ (02.09.2018) : Vous avez désormais notre avis sur le jeu en ligne de PES 2019, dont le Test a donc été remis au goût du jour le 2 septembre 2018. Nous lui avons ainsi consacré deux paragraphes, à retrouver ci-dessous, dans le texte principal ! Merci de votre compréhension.
Nota Bene au moment de la parution du Test (28.08.2018) : Ce test ayant été réalisé sans connexion possible aux serveurs du jeu, nous reviendrons dès que possible dessus lorsque nous aurons pu essayer les différents modes en ligne comme le MyClub, la Division en ligne, la Coopération en ligne, les Lobbys de matchs amicaux ou en équipe jusqu'à 22 joueurs. La note et le verdict pourront être affectés.
On pourra débattre des heures sur les progrès de PES 2019 par rapport à l'édition 2018. Des heures, oui. Parce qu'il est vrai qu'un spectateur le voyant évoluer et un joueur le prenant pour la première fois en mains pourront légitimement se demander ce qui a changé depuis l'année dernière. Rien n'apparaît évident. Et pourtant. Tel un coach s'étant enfilé des heures et des heures de ses performances antérieures, Konami a su améliorer et rectifier l'essentiel. Sur le terrain, son nouveau jeu est difficilement prenable. Si vous aimez le ballon rond et êtes accro à une certaine idée du réalisme, impliquant du labeur, de la précision et de la concentration, pour exulter au terme d'une action rondement menée ou vous empourprer en cas de manque de réussite, si vous aimez le football virtuel qui fait se lever sur les actions chaudes, difficile de passer à côté de ce que PES 2019 a à vous proposer.
Campioni sul campo
Une sphère qui, frappée, caressée, conquise, amortie, poussotée du pointard ou reprise de volée ou de la tête, détournée d'une main ferme ou captée en deux temps, a l'air plus que jamais autonome, semblant se rapprocher avec encore plus de réussite vers la reproduction si ce n'est parfaite au moins crédible de la physique réelle. Des passes qui ne finissent pas automatiquement dans les pieds suivant son positionnement. Des animations toujours plus nombreuses, décomposées et contextualisées avec succès, non sans s'interdire de petites fantaisies sur lesquelles on n'hésite pas à caler un arrêt sur image, la bouche grande ouverte. Des attaquants disponibles, des milieux et défenseurs resserrés, vigilants, aux tacles à l'amplitude appréciable, des gardiens réactifs qui ne s'en laissent pas compter sur les frappes lointaines ou croisées (mais restent coupables de sorties dans les pieds indignes). Des collisions gérées avec énergie, des duels et des double-pressing stressants, des protections efficaces. Des paramètres tactiques toujours efficaces (mais obligeant à composer avec une interface bien trop lourde) et qui, en lien avec des traits spécifiques à chaque joueur, que l'on reconnaîtra pour la plupart sans peine autant dans la modélisation que l'attitude globale et la gestuelle, offrent une pluie de paramètres qui, bien pris en compte, peuvent faire pencher la balance. Les valeurs de PES 2018 sont toujours là, gravées dans un marbre massif.
Les quelques coups de burin supplémentaires enjolivent encore le tout, pour insister sur le fait qu'avec PES 2019 il est question d'un football de construction, de risques, de jeu posé et exigeant, au rythme pouvant passer du très posé à l'enflammé en une étincelle. Grâce à tout un cocktail de paramètres qui cohabitent dans un écosystème dont la seule véritable incohérence peut survenir d'un arbitre parfois peu joueur et sanctionnant des prises de balle propres, les sensations s'avèrent excellentes. PES 2019 pue le foot, comme on dit. Et l'idée qui en ressort est que l'on ressent tout ce que l'on fait, tout ce que l'on subit. On anticipe, on devine, comme dans un jeu d'échec - sauf lorsque le cuir se montre imprévisible, ou qu'un contrôle, qui demandera toujours une bonne dose d'application, s'oriente mal. En ajoutant la fatigue - réellement perceptible et qui va beaucoup handicaper les joueurs dont l'index droit reste irrémédiablement collé au à la touche R1 - à l'équation, il donne plus de poids à un coaching (rapide, lors d'un arrêt de jeu, pour plus d'agrément) qui apporte une nouvelle intensité, et une certaine fraîcheur, aux fins de match. Planter n'a jamais été aussi gratifiant. Le faire dans les derniers instants, tel un Wiltord sorti de sa boîte, aussi jouissif.
On prend les mêmes
Les habitués retrouveront sans aucun doute leurs marques. Ou en auront l'impression. Il faudra tout de même du temps pour se faire à une pesanteur et une inertie retravaillées, une assistance pas trop appuyée, qui donnent un tempo particulier et des indications sur la façon dont le football fonctionne, sans vouloir trop sauter les lignes, sans imaginer que la vitesse est l'unique solution. La maîtrise du contrôle et de la feinte est plus que jamais indispensable pour espérer passer à la division supérieure. Sans oublier les coups de pieds arrêtés. Cela requiert du temps et des matchs. En multi, il n'y a aucune chance que l'"entraînement" se révèle pénible, si vous souscrivez à l'offre PES 2019. Le plaisir des pratiquants sur canapé demeure absolu grâce aux qualités énoncées ci-dessus. Les rencontres amusantes se suivent et se ressemblent rarement en match d'Exhibition comme en Duel (qui garde les stats pour voir révéler points forts et faibles). On désespère tout de même que la Coopération, qui autorise des affrontements jusqu'à 3 contre 3 avec analyse précises des performances, et le Match Aléatoire, tous deux introduits l'an dernier, n'aient pas bénéficié de nouvelles idées ou qu'ils n'aient pas été rejoints par de nouveaux modes - la possibilité de créer un aller-retour avec prise en compte des buts à l'extérieur, pour l'eSport, ne serait-ce pas un concept à creuser, un jour ?
Solo, A Rage Quit Story
Les joueurs un peu seuls qui voudraient s'exercer en dehors des retrouvailles IRL et du jeu en ligne sont une fois de plus quelque peu lésés. PES 2019 met en place les mêmes modes solo que son prédécesseur, sans rien retoucher. La Ligue des Masters comme le Vers une Légende, proposant des saisons en tant que coach ou joueur à un poste précis, ajoutent une International Champions Cup de pré-saison, des façons paraît-il inédites de développer les joueurs et, semble-t-il, un nouvel équilibrage sur le plan économique à un enrobage qui ne varie pas et ne fait pas très sérieux. Là où il y a une nécessité de profond changement. Les entraînements demeurent les mêmes mini-jeux austères que l'on pratique depuis Mathusalem, à l'exception de l'atelier des gestes techniques qui se découpe désormais en plusieurs étapes au lieu de vous faire enchaîner les tricks en ligne droite. Les Coupes et Ligues personnalisables, bien qu'elles puissent s'en référer à des championnats sous licence, brillent encore par leur aspect générique. Et si l'on doit parler de l'attitude du CPU dans les niveaux de difficulté supérieurs, autant être clair : l'intelligence artificielle continue de faire s'enrager, tant on jurerait que les choses sont écrites, scriptées, de manière à ce que le spectre de la défaite vienne vous hanter sans que vous ne puissiez rien y faire.
PES à la ligne
Après quelques jours passés sur le jeu en ligne, le constat est sensiblement le même que les années passées : on s'en contente, rien de plus. Le classicisme des modes proposés n'étonnera pas les habitués. On trouve largement de quoi contenter sa soif de matchs amicaux ou compétitifs avec des tournois aménagés, des divisons, de la coopération (qui demeure le plus amusant et de loin)du rapide et sans engagements ou encore du jeu jusqu'à 22 acteurs. Problème pour cette dernière possibilité : toutes les fois où l'on a tenté, les lobbies, à l'interface aussi accueillante qu'une forêt de Sibérie en janvier, étaient pour ainsi dire peu fréquentés. S'en remettre au matchmaking ne garantit pas un délai d'attente optimal et l'équilibre des niveaux entre joueurs n'a pour ainsi dire pas été trop respecté. En match, pas de scandale particulier à noter, si ce n'est qu'il vaut mieux privilégié les très très fortes connexions, histoire d'éviter un micro-délai fatal dans les temps de réponse qui surviennent vers deux "barres" de communication. On dira que cela suffit mais que, tout de même, il est grand temps d'embaucher pour ne serait-ce que séduire dans ce département.
Le MyClub, réponse au FUT qui n'a jamais totalement convaincu et qui a été énormément mis en avant est finalement du même tonneau que les années précédentes, avec quelques menus aménagements qui ne parviennent pas à masquer une grande austérité. Composer son équipe à partir de rien, chercher la meilleure alchimie, recruter via des agents (avec des packs de trois intéressants) et autres sélectionneurs plus ou moins doués ou autre enchères, tenter de ne pas cramer son épargne de GP ou de pièces et se voir progresser a tout de même quelque chose de très intéressant. Cela dit, il faudra quand même s'en tenir à un paquet de rencontres (et il y a toujours de quoi faire online comme offline) au quotidien pour entretenir des équipes respectables et se monter une petite écurie tournant comme un horloge. Ce qui est sûr, ce qu'accrocher à ce mode n'a rien de honteux. Il fait le job. Mais on surveillera tout de même l'équilibre financier qui fait que les joueurs disposant de moins de temps et de talent pourraient vite se résoudre à juste lâcher des deniers réels pour obtenir les meilleurs athlètes le temps d'en tirer le maximum d'avantages...
Ambiance Roberto Larcos
On est bien forcé d'en parler, mais l'authenticité au bout du pad a bien du mal à ne pas se laisser emmerder par ce qu'on peut difficilement qualifier de détails. Amputé de la prestigieuse licence UEFA qui lui donnait accès à la Ligue des Champions et à l'Europa League, PES 2019 avance avec plus de ligues que jamais. Si l'Amérique du Sud vous fait vibrer, si la Russie et l'Écosse représentent pour vous des championnats au challenge sportif sous-côté, que l'AFC Champions League mérite à votre avis tous les égards, vous trouverez alors votre bonheur. Pour les autres, sachez que les MD White (Real Madrid), PM Black White (Juventus) et autres Man Red (Manchester United) vont revenir vous souiller les yeux avec leurs kits effroyables. Les effectifs ? En dépit de certains transferts effectués avant même l'arrivée de la démo sur les différents stores, on se retrouve, à la première installation, avec des équipes de la saison dernière. Même problème du côté des compositions des équipes nationales. Bien entendu, en s'acquittant du téléchargement d'une mise à jour Day One, l'affaire sera en partie réglée. Bien entendu, on peut passer par l'éditeur ou les patchs de fans über-complets, des plus simples à installer sur PC et PS4. Mais reconnaissons tout de même que cette habitude est lassante et qu'on préférerait, ne serait-ce que pour le bien de joueurs isolés et ne bénéficiant pas nécessairement d'une connexion Internet de compétition, un léger retard et une reproduction de la réalité.
Trouver sa voix
Et puis il reste toujours le problème de l'enrobage. Plutôt beau mec, PES 2019 se fringue comme un sac. Comprenez qu'il présente, comme dit plus haut, des milliardaires en shorts parfois plus vrais que nature - les Pogba, Coutinho, Dybala, Griezmann, Umtiti et j'en passe bénéficient de faciès reproduits merveilleusement, expressifs, de célébrations au poil - et que ses stades et les publics sont plus beaux que jamais, avec des effets de lumière et des couleurs vives qui rendent la distinction avec la réalité de plus en plus compliquée. Mais si la présentation d'un match consent encore à des efforts sur les ralentis et les scènes de liesse, qui ne sont d'ailleurs plus affectés par un motion blur abusif, face au jeu d'en face, il n'y a pas photo. Le bouton Start ne sera jamais bien loin du pouce. Que dire aussi au sujet des commentaires français qui n'a pas été dit ces dernières années ? Grégoire Margotton et surtout Darren Tulett, dont les contrats semblent toujours courir, offrent des prestations en demi-teinte, décalées. Et peu importe l'affection qu'on peut leur porter, l'irrépressible envie de leur couper le sifflet, et pourquoi pas de passer à une langue plus chantante comme l'espagnol pour couvrir des ambiances soufflant le chaud et le froid, se manifeste vite. Dommage.