Sorti il y a quelques mois, Naruto Ultimate Ninja Storm 4 a placé la barre très haut en termes de jeu de baston "pop corn" (on pourrait presque y jouer à une seule main en puisant dans son sachet de friandises en même temps !), atomisant au passage toute production estampillée DBZ ou Saint Seiya (pas très difficile pour ce dernier, vous en conviendrez). Bandai Namco, qui s'est spécialisé dans l'édition de jeux tirés des plus gran d shonens, nous propose aujourd'hui une autre adaptation d'une licence extrêmement populaire (et toujours en cours de parution) dont il dispose dans dans son escarcelle : One Piece. Nous testons donc la dernière itération en date des aventures du pirate au chapeau de paille dans sa version PS4 : Burning Blood.
Après les séries « Unlimited », des jeux d'aventure, et les spin off sous licence du musou Samurai Warriors, One Piece revient vers une catégorie qui lui convient parfaitement et qu'il avait un peu laissée tomber depuis la 6ème génération de consoles : le combat. L'adaptation à été confiée à des briscards du genre : Skipe Chunsoft. Si je préfère retenir des titres comme 999 (bientôt le 3 !) ou Danganronpa (bientôt le 3 !) dans la liste de leurs travaux, ce serait trop vite oublier qu'ils se sont déjà pliés à de nombreuses reprises à l'exercice de la "baston shonen", puisqu'on leur doit notamment la série des DBZ Tenkaichi, mais aussi le récent et très moyen J-Stars Victory Vs, ce qui n'augure d'ailleurs rien de bon pour la suite de ce test. Ces craintes sont elles justifiées, et ce jeu vaut-il la peine qu'on y consacre notre (précieux) temps ?
5 fruits et fluides par jour (dans la face)
Alors que Pirate Warriors 3, le dernier musou issu de la licence, couvrait une très grande partie de l'histoire, ce Burning Blood s'attarde sur un arc narratif nommé ici "la guerre au sommet". Un parti pris surprenant puisque ce pan du scénario s'étend sur les volumes 50 à 61 du manga (chapitres 491 à 597), dont la publication à commencé en France en 2009. Ce choix peut faire naître une certaine circonspection chez le fan, après la sortie toute récente du chapitre 828 (!) au Japon et du tome 78 en France.
Mais pourquoi pas après tout ? Cette "guerre au sommet" est un passage à part dans la saga One Piece, presque un spin-off dans cette histoire qui voit Luffy mettre en pause sa quête du légendaire trésor de Gol D.Roger pour aller sauver son frère Ace, retenu prisonnier sur l'île de MarineFord. Laissant de côté ses compagnons d'aventure habituels, notre pirate élastique va mener un assaut conjoint avec les forces de Barbe Blanche, père spirituel d'Ace, sur le QG de la marine. La fin de ce combat, abrupte et amère, reste un des moments les plus poignants du manga, et marque un tournant décisif dans son évolution.
Le jeu vous balance dès le départ dans le vif du sujet, en ne couvrant qu'une partie très réduite de l'arc, avec l'entrée de Luffy dans cette bataille déjà bien entamée, le tout premier combat étant l'affrontement entre notre héros au chapeau de paille et le Capitaine Croch... euh, Crocodile. Ce choix assumé pourra plaire aux fans de la série, mais les néophytes risquent de s'en prendre un peu plein la face, lâchés dans la bataille tel des spectateurs à qui l'on ferait commencer Game of Thrones par le 6ème épisode de la saison 4 (un choix totalement random pour illustrer mon propos). En effet, point de résumé de l'histoire écoulée, même rapide. C'est dommage, car Bandai Namco ferme la porte à un certain nombre de joueurs qui auraient pu entrer en voyant la lumière.
Baston au sommet
Le mode histoire adopte un autre parti pris discutable dans sa méthode de narration : les combats vont être entrecoupées de passages sous forme d'images fixes issues de l'anime, accompagnées de la voix du narrateur pour faire avancer l'intrigue (en V.O, le même que pour Saint Seiya <3) et de cinématiques très classes qui illustrent les moments clefs des combats. Ce choix narratif est discutable, avec la rude concurrence interne en place chez Bandai Namco. CyberConnect2 avait placé la barre très haut avec le dernier Naruto SUNS 4, mais au final, One Piece Burning Blood s'en sort avec les honneurs, la mayonnaise prend et le résultat est efficace, tout en se montrant, il faut bien le dire, un peu inférieur à ce qui à été fait pour le ninja de Konoha.
Vous allez donc enchaîner les combats de la grande bataille de MarineFord et tenter de finir les affrontements avec les conditions requises pour débloquer une partie des 42 personnages du roster de base (avec, je vous rassure, des combattants issus de toute la saga, pas uniquement de l'arc "Guerre au sommet"). Une fois les 11 affrontements du chapitre "Luffy" terminés, vous allez pouvoir passer au second, qui n'est en fait qu'une redite avec un autre personnage ! Vous vivrez les mêmes événements, mais cette fois-ci en jouant le pirate Barbe Blanche ! Encore un autre choix surprenant, surtout lorsque l'on constate que certains combats se répètent plusieurs fois... De plus, ne comptez pas mettre plus de 5 ou 6 heures pour arriver au bout des 4 chapitres de ce mode. C'est léger, mais vous aurez de quoi faire avec le reste du contenu.
WANTED, dead or alive PRIME turbo
C'est dans la partie "Versus Prime" que vous allez passer le plus clair de votre temps en mode solo. Constitué d'un nombre incalculable de combats présentés sous forme d'affichettes de Western, vous allez enchaîner des affrontement qui proposent bien souvent des conditions à respecter et des limitations de pouvoir. La difficulté ira crescendo et il faudra bien se préparer en faisant passer des niveaux à nos combattants, afin qu'ils deviennent de plus en plus puissants. On cherchera aussi à déverrouiller une grande partie des 66 personnages de soutien, pour mettre le plus de chances de notre côté. Prévoyez pas mal de temps libre à sacrifier sur l'autel « One Piece » si vous voulez en voir le bout, car il va falloir farmer, et pas qu'un peu.
Mais ce n'est pas tout, en plus du traditionnel versus local, ici en écran splitté, vous pourrez trouver un training, mais aussi l'assez original « Capture de drapeaux ». Similaire à ce qu'on à déjà pu voir sur Mortal Kombat X, vous devrez choisir une faction et aller vous battre en ligne. Vous disposerez d'un nombre limité de points d'action, qui se rechargent avec le temps à la manière d'un Free2play (ou avec de la monnaie Ingame) pour aller vous battre contre un autre joueur, ou une IA surpuissante, dans le but de faire gagner des points à votre clan.
Pour l'instant, quelques jours après la sortie du jeu, c'est la team « chapeau de paille » qui domine, forcément. Un autre mode en ligne, plus classique, est lui aussi disponible, avec du match classé, du match amical et la possibilité de créer des salons pour 4. Ce online est plus qu'anecdotique, ne serait-ce qu'à cause de vos combattants qui passent des niveaux et deviennent de plus en plus puissants... Une hérésie ! One Piece Burning Blood n'est de toutes façons pas destiné à être joué à l'EVO ou n'importe quel autre tournoi de jeu d e baston...
A la recherche du « One Game »
En effet, le gameplay reste ancré dans la même catégorie que les jeux shonen de la famille Bandai Namco, à savoir des titres "pop corn", plus spectaculaires que techniques, et parfois même un peu brouillons. Ce One Piece Burning Blood ne déroge pas à la règle, même s'il faut bien avouer qu'il possède son lot de subtilités. Un bouton de combo, un coup unique, le saut et la garde composent la partie immergée de l'iceberg. Pour les attaques spéciales, inutile de sortir votre stick arcade flambant neuf qui prend la poussière en attendant que Street V soit enfin complet (ou un certain Guilty Gear Revelator, tiens, tiens...) puisque qu'une simple pression sur L1 accompagnée d'un bouton déclenchera l'estocade.
Pour la furie, c'est encore plus simple : Deux pressions sur R3 ! Néanmoins, il faudra une bonne maîtrise du jeu si vous espérez vaincre l'IA, très vite coriace, et d'autres joueurs qui ne se gêneront pas pour exploiter les autres subtilités de gameplay telles que l'utilisation des aptitudes, du brise garde, du "just guard", du contre, des attaques à distance, des combos en équipe... Et même, des mélanges de ces différentes techniques ! S'il ne faudra pas une grande dextérité pour venir à bout des adversaires les plus aguerris, une bonne connaissance du jeu, de ses mécaniques et de bons réflexes seront nécessaires.
En revanche, il ne faut pas se leurrer : sur la base de combats en équipes de 3, avec une limitation en points sensée équilibrer les équipes, certains persos sont malgré tout bien plus forts et/ou sournois que d'autres. Tout comme certains sideckicks qui possèdent des pouvoirs bien supérieurs. Encore une fois, cet aspect limite grandement (voire annihile) toute velléité de compétition de la part du titre de Spike Chunsoft en y introduisant une autre énorme dose potentielle d'injustice.
La rétine à feu et à sang
Sur son aspect visuel, la première chose qui frappe quand on lance le jeu (non, ce n'est pas le crochet de crocodile dans la face de Luffy, quoique...), c'est la relativement pauvre fluidité du titre. Sans avoir mesuré, on n'est clairement pas sur du 60 images/seconde, mais ce détail s'oublie assez rapidement tant le résultat est assez agréable à regarder. Les modèles 3D réussis, les arènes colorées et vivantes, avec pas mal d'éléments destructibles, et les onomatopées qui apparaissent à l'écran forment un ensemble visuellement très soigné !
Mais c'est lors des cinématiques que l'on va véritablement se rendre compte du potentiel du titre, assurément sublime avec des effets de trame très réussis. Ils donnent un authentique cachet au jeu et ressemblent indubitablement aux traits d'Oda, l'auteur du manga. À vrai dire, le seul véritable reproche global que l'on pourrait faire à la partie technique du titre serait sa caméra, parfois mal placée, cachant votre adversaire derrière votre avatar ou un élément du décor... J'aimerais aussi noter un détail d'ordre cosmétique, mais qui semble être véritablement lié à ma destinée vidéoludique : les vêtements des protagonistes évoluent et se détériorent au fil du combat ! Si la moustache arrachée de Barbe Blanche en est un exemple, je préfère retenir le jean de Nami qui se transforme en mini short, ou la robe chinoise d'Hancock, complètement déchirée... Une petite dose de fan service bienvenue !