C’était l’une des surprises du Nintendo Direct de février : Switch Sports. Le digne successeur spirituel de feu Wii Sports, le mastodonte qui avait rythmé les samedis et dimanches après-midi de nombreux joueurs et joueuses, est disponible ce 29 avril.
Avec le retour d’anciennes disciplines désormais classiques, Nintendo entend bien surfer sur la vague nostalgique en ravivant de vieux souvenirs et en les remettant au goût du jour. Mais est-ce suffisant pour faire de Nintendo Switch Sports un incontournable de la console comme son aîné ?
Faire du vieux avec du neuf
Retour aux racines du motion gaming pour Nintendo. Près de 16 ans après le légendaire Wii Sports, Big N troque le Nunchuk et la Wiimote pour une paire de Joy-Cons. Si dès les premiers instants Nintendo Switch Sports sent bon la nostalgie avec son thème musical revisité, il se présente rapidement comme l’épisode du renouveau. Adieu l’île Wuhu et bienvenue à Spocco Square, votre nouveau terrain de jeu urbain chatoyant où il sera possible de s’essayer à une poignée de disciplines, anciennes comme nouvelles. Mais avant d’enfiler ses chaussures de bowling ou ses crampons, il faudra créer son Sportsmate, les nouveaux avatars virtuels. Ces petits bonhommes peuvent être personnalisés avec quelques options, telles que la tenue, le visage ou encore les cheveux. On regrettera la flexibilité des Mii, et il faudra composer avec des cosmétiques un peu chiches, qui s’étofferont à mesure que vous jouez et des futures mises à jour. Et pour celles et ceux qui préfèrent leurs avatars à l’ancienne, pas de panique. Il est tout à fait possible de jouer avec un Mii à la grosse tête anguleuse comme au bon vieux temps.
Une fois votre tenue enfilée, il est temps de passer aux choses sérieuses. Le vaste complexe sportif abrite une poignée de terrains, tous dédiés à un sport, sachant que certains sont encore inoccupés pour laisser place à du contenu post-lancement. Au menu de ce Nintendo Switch Sports, six disciplines donc : trois indémodables (le bowling, le tennis et le chambara) et trois petites nouvelles (le volleyball, le football et le badminton). Une sélection un peu maigre sur le papier, marquée par l'absence de quelques favoris comme le tir à l’arc et le basketball de Wii Sports Resort, ou encore le baseball et surtout le joyau de Wii Sports, la boxe. Tout espoir n’est pas perdu puisque Big N prévoit d’ajouter gratuitement de nouveaux sports au fur et à mesure, à commencer avec le golf dès cet automne.
En attendant, il faut se contenter des jeux disponibles au lancement et le programme est plutôt varié malgré tout. Entre sports collectifs et individuels, de plein air ou d'intérieur, techniques ou faciles à prendre en main, il y en a pour tous les goûts. On en retrouve certains avec un enthousiasme à peine déguisé, dont le bowling et le tennis qui sont en tout point semblables aux versions Wii en termes de mécaniques. Le feeling et la précision sont toujours de haute de volée, bien que le sport de raquette nous ait mis face à quelques déconvenues. Il n’est pas rare qu’une balle parte à gauche quand le mouvement est clairement dirigé à droite. Rien de dramatique, puisque la formule reste toujours aussi plaisante.
Toutefois, le bowling et le chambara (anciennement le sabre) sont irréprochables et témoignent de la finesse de l’accéléromètre des Joy-Cons. C’est d’autant plus vrai pour le combat à l’épée qui ne laisse pas de place au hasard et qui nous promet des affrontements particulièrement intenses lorsque l’on tombe sur un joueur expérimenté. De son côté, l’indémodable, le bowling, revient avec une formule légèrement redynamisée. Plus besoin d’attendre quinze minutes que son pote un peu trop méticuleux fasse son lancer. Le jeu à plusieurs se fait désormais simultanément et non plus chacun son tour et forcément ça gagne énormément en rythme.
Des nouveaux sports funs, mais le foot décevant
Et puis il y a les petits nouveaux qui apportent un petit vent de fraîcheur bienvenu. On prend plaisir à les découvrir tant ils sont agréables à prendre en main et aussi funs à jouer que les anciennes disciplines, mais ils seront peut-être un poil plus techniques pour le grand public. On n’aurait pas inclus le volleyball dans le lot il y a quelques jours, quand les fonctionnalités multijoueurs et coop nous étaient fermées, mais il s’avère être l’un des plus prenants lorsque les astres sont alignés. Contre l’IA ce n’est qu’une chorégraphie calculée au millimètre près : faire un service, une réception, une passe, un smash, contrer et bis repetita. En solo, même avec un niveau de difficulté élevé, on a vite fait le tour tant la danse est toujours la même. Mais dès qu’un autre joueur rejoint les festivités, c’est un tout autre rythme. La précision règne en maître et le moindre écart de timing peut changer le cours de la partie. Et comme Nintendo nous demande de mimer les gestes du volley-ball en cadence, on se prend au jeu lors des parties les plus intenses. Ça devient fun et plus énergique, dommage que ça dépende vraiment du niveau d’en face.
Le badminton était clairement celui dont on n’attendait rien et qui nous a le plus surpris. Ressemblant au tennis sur beaucoup de points, on imaginait faire face à un duplicata avec une raquette différente. Que nenni, les échanges plus serrés et dynamiques le rendent encore plus intense et prenant. Le rythme y est plus improvisé, plus endiablé et il faudra être plus rapide que son adversaire pour éviter de trébucher au sol, car il est impossible de se relever à temps pour empêcher le volant de tomber. Une mécanique basée sur le timing qui peut être frustrante et sembler parfois arbitraire, mais ça rajoute honnêtement un peu de sel à l’ensemble. Facile à maîtriser, un chouïa technique, amusant et énergétique, le badminton coche toutes les cases pour s’imposer comme une alternative de choix au tennis, ce dernier faisant les frais d’une précision un peu brouillonne par moments...
Porte-étendard de la campagne de communication de Nintendo Switch Sports, le foot saura trouver son public même si ce n’est clairement pas celui qui nous a le plus amusé. La discipline ressemble davantage à un Rocket League mou du genou qu’à un Fifa. Les joueurs se disputent une gigantesque balle sur un terrain d’envergure où il n’y a aucun gardien de but. Le mini-jeu se joue uniquement avec les deux manettes, aussi bien pour déplacer le personnage, que pour sprinter et tirer. Il lui manque ce petit quelque chose pour être vraiment fun et aussi plaisant que les autres. En l’état, on aura surtout l'impression de passer son temps à courir laborieusement derrière la balle, d’autant que le rythme est complètement cassé par une jauge d’endurance trop gourmande qui empêche toute action dynamique.
Peut-être que la compatibilité prochaine avec la sangle pour imiter le geste du tir viendra dynamiser le tout, mais Nintendo va devoir faire un gros travail pour l’intégrer, car rien qu’avec les manettes ce n’est pas encore ça. Pour l’instant, la sangle n’est utilisable qu’avec les tirs au but, qui sont plus originaux d’un point de vue technique. Le principe est simple : il suffit de frapper dans un ballon en reprise de volée pour marquer un but en levant le genou, sachant que plus vous y arrivez, plus les cages rétrécissent. Un petit défi qui laisse place à une belle satisfaction quand on réussit à mettre la balle dans un filet d’une dizaine de centimètres.
Un jeu pour tous, même les plus exigeants
Dans les faits, cette sélection fait un excellent job pour nous divertir des heures durant. Comme son illustre prédécesseur, Nintendo Switch Sports brille par sa précision bien que des cafouillages sont à déplorer, notamment sur le tennis. Rien de très frustrant ou qui entrave le plaisir de jouer. Si ce n’est pas un jeu que l’on attend spécialement sur la technique, il convient de saluer le travail fourni sur ce point. Le framerate est au top, aucun bug n’est à déplorer, et pour un jeu Switch, il a franchement une jolie bouille. La direction artistique plus urbaine y est pour beaucoup et les terrains sont plus beaux et plus vivants que jamais. Néanmoins, la lisibilité en écran splitté viendra parfois mettre à mal ce quasi sans faute. En revanche, si vous espériez suer à grosses gouttes et vous dépenser autant que sur Ring Fit ou qu’avec Wii Sports, vous allez être déçus. Nintendo Switch Sports n’est clairement pas conçu pour faire travailler vos muscles de façon intensive et il faut avant tout le prendre comme un party-game étalant les capacités de la reconnaissance de mouvements des Joy-Con.
Jeu familial oblige, Nintendo Switch Sports se prend instantanément en main pour que petits et grands puissent s’amuser d’emblée. On regrettera seulement des tutoriels qui se contentent du strict minimum et qui oublient de mentionner les techniques alternatives des disciplines. On n’explique nulle part les amortis pour le badminton alors qu’ils peuvent changer le cours d’une partie, ou la possibilité de demander le ballon dans le foot à une IA plus spectatrice que joueuse. C’est quand même dommage d’occulter l’éventuelle profondeur de gameplay du jeu. Bon, ça ne manquera pas au public très casual, mais les plus pointilleux pesteront de l’apprendre à leurs dépens, ou au bout d’une dizaine de parties à l’occasion d’un temps de chargement. Que les plus exigeants se rassurent, Big N ne les a pas pour autant mis sur la touche.
Chaque discipline profite de trois modes de difficultés pour corser un peu les choses, bien que - honnêtement - celui par défaut est complètement risible et s’adressera avant tout aux enfants. Il faudra surtout regarder du côté du chambara et du bowling. Les deux profitent d’une petite cure de jouvence grâce à des modes spéciaux qui permettent de les redécouvrir sous un autre angle, plus corsé et divertissant. Du côté du second, le mode 100 quilles laisse place à une nouveauté encore plus intéressante : les pistes avec obstacles. Un mode qui fait des merveilles et pimente avec brio une activité qui d’ordinaire peut vite lasser, en y ajoutant aléatoirement d’étroites passerelles ou des murets mouvants sur la piste. Cette nouveauté s’adresse clairement à celles et ceux qui sont à la recherche d’un vrai défi tant les obstacles deviennent plus tortueux et exigeants selon la difficulté choisie. C’est d’ailleurs l’un des seuls modes de jeu qui aura un réel intérêt en solo, tant il poussera à perfectionner sa maîtrise des trajectoires et des effets de lancer.
Du côté du chambara, deux nouvelles lames viennent corser les échanges. La lame d’énergie se charge quand on bloque pour ensuite décrocher une frappe dévastatrice, et les lames jumelles quant à elles se jouent avec les deux Joy-Cons et qui servent surtout à bourriner et figurent parmi les plus plaisantes . Ici, les échanges sont plus vicieux, plus rapides et il sera nécessaire de maîtriser aussi bien l’offensive que la défensive. Inutile de gesticuler dans tous les sens, car c’est l’un des sports qui demande le plus de skill, de réflexes et de précision.
Et le multijoueur de Nintendo Switch Sports dans tout ça ?
Pour une dose de challenge et de fun supplémentaire, il faudra se rendre dans la grosse nouveauté de Nintendo Switch Sports : son mode multijoueur. Globalement, tous les sports peuvent être joués en solo, en coop locale, en multi mondial ou en ligne avec des amis. On l’a testé pour vous : jouer seul c’est rasoir. On essaye chaque discipline une fois et on a envie de passer à autre chose. C’est d’un ennui consternant. Tous les sports proposent bien plusieurs modes de difficultés (qui ne sont là que pour perfectionner notre skill), mais rien ne vaut des soirées entre amis, ou l’affrontement face aux joueurs du monde entier. Un semblant de mode solo aurait pu être appréciable, comme une petite carrière ou des défis pour débloquer des cosmétiques. Mais Switch Sports se joue avant tout à plusieurs et c’est bien là qu’est tout l’intérêt du titre.
Il y a en réalité deux composantes multijoueurs. L’une qui permet de jouer avec ses amis à distance en créant un salon privé pour faire quelques parties, puis le mode multijoueur : le vrai de vrai. D’ailleurs, s’il est possible d’affronter des joueurs du monde entier avec quelqu’un en local, il est regrettable de ne pas pouvoir en faire de même avec un ami à distance. Dans l’ensemble, le multi tient agréablement la route, même si quelques latences viennent ternir de jolis matchs. Il nous a été donné de voir des joueurs rater des balles qui revenaient dans les airs par on ne sait quelle magie, tandis qu’on a de notre côté loupé inexplicablement des coups en ayant fait les bons gestes.
Seul un mode de jeu est exclusif au multi : le bowling en survie. Une sorte de Battle Royale à 16 participants qui aurait gagné en intérêt avec une variante basée sur les fameux obstacles. En l’état, c’est assez lisse et on aura vite fait le tour, à moins d’un matchmaking qui permet de trouver des adversaires à son niveau. Petit plus, Nintendo a eu la bonne idée d’inclure une sélection aléatoire des sports ou la possibilité de choisir trois jeux pour trouver des joueurs plus rapidement. C’est surtout ici que l’on peut gagner de nouveaux cosmétiques pour améliorer le look de son avatar. A l’instar des jeux services, Switch Sports propose l’équivalent de pass de combats permettant de récupérer aléatoirement de nouvelles emotes, tenues, coupes de cheveux, accessoires etc. Tous les 100 points de jeu acquis, les joueurs pourront récupérer au hasard un élément dans l’une des cartes hebdomadaires.Un système qui donne clairement envie de s’investir, mais on aurait aimé pouvoir débloquer du contenu en jouant avec ses amis ou en solo. Parce qu’en l’état il est impossible de gagner quoique ce soit en mode hors ligne, et on est pas certain que ce sera au goût du grand public. Quelques tenues déblocables en local auraient également été de bon goût. On sait aussi que des ligues pro seront également au rendez-vous. Ceci devrait ajouter une petite dose de compétition bienvenue pour motiver les plus acharnés.