Si l'on met de côté une poignée de jeux cultes parus durant les ères 8 et 16-bit, les Tortues Ninja n'ont dans l'ensemble pas été gâtées en matière de jeux vidéo. Lorsqu'il a été révélé que des spécialistes des jeux d'action survitaminés comme PlatinumGames allaient s'occuper d'un jeu Tortues Ninja, les fans des fils de Splinter se sont mis à rêver d'un retour en forme de leurs héros sur le devant de la scène vidéoludique. Il faut malheureusement admettre qu'une fois de plus, ce n'est pas pour cette fois...
Cela fait des années que les fans des Tortues Ninja rêvent d'un jeu qui sera pour elles ce que Batman : Arkham Asylum a été pour le chevalier noir. Et même si le CV de PlatinumGames montre qu'il est capable du meilleur, ce n'est clairement pas pour exploiter les compétences et le savoir faire du studio japonais qu'Activision lui a confié Teenage Mutant Ninja Turtles : Des Mutants à Manhattan. Cette nouvelle adaptation des aventures des Chevaliers d'Écaille n'est rien d'autre qu'un jeu de commande destiné du côté d'Activision à surfer sur la publicité générée par la sortie prochaine au cinéma de Ninja Turtles 2, et de celui de PlatinumGames à remplir les caisses en attendant qu'une production maison arrive à se transformer en succès commercial.
Les gentils contre les méchants, acte 6826
Lorsqu'ils ont écrit Teenage Mutant Ninja Turtles : Des Mutants à Manhattan, les scénaristes ont fait le choix de la simplicité. Dans le jeu, les Tortues Ninja doivent mettre un terme aux envies de destruction de Shredder et de Krang. Mais avant de pouvoir y parvenir, ils doivent intervenir à divers points de New York et stopper plusieurs de sbires (Bebop, Rocksteady, Karai, etc.) de leurs ennemis de toujours. Même si l'histoire est loin d'être bouleversante, elle est servie par un doublage français relativement efficace (une fois encore, impossible de passer le jeu en Anglais depuis le menu du jeu). Puisqu'il est question du doublage, mention spéciale à Mark Lesser, qui double ici Leonardo, personnage à qui il a déjà prêté sa voix dans le dessin animé Tortues Ninja des années 80-90. À noter, et c'est un détail, que prendre une capture d'écran pendant une scène cinématique ne met pas cette dernière en pause. Les joueurs qui souhaitent capturer des souvenirs de leur partie sans rien manquer de l'histoire ont donc tout intérêt à activer le mode de capture rapide... ou visionner à nouveau les cinématiques une fois le jeu terminé une première fois.
La simplicité de l'histoire n'aurait pas été gênante si PlatinumGames avait mis le paquet du côté de la mise en scène, de l'action et du gameplay. Mais le jeu pèche malheureusement à ces trois niveaux. Oubliez l'action frénétique et la mise en scène spectaculaire que certains titres de PlatinumGames comme Bayonetta ou Metal Gear Rising : Revengeance ont pu proposer par le passé. Ici, il est question d'un gameplay extrêmement basique et répétitif. En plus d'enchaînements simples, chaque tortue peut déclencher quatre attaques spéciales (une fois leur jauge de chargement remplie). Et pour vaincre les ennemis et les boss, il suffit de "bourriner" jusqu'à ce que leur barre de vie soit vide. Mais avant d'avoir le droit d'affronter les boss, il faut d'abord se débarrasser de nombreux groupes de sbires et accomplir des missions à la fois répétitives et rébarbatives : désamorcer des bombes, protéger des distributeurs de billets, prendre d'assaut un repère ennemi (c'est bien moins épique que ça en a l'air), etc. Le tout, dans des niveaux dont les différentes zones semblent être le fruit d'un simple travail de "copier-coller." Très rapidement, le joueur a l'impression d'avoir fait le tour de la question. Et il s'ennuie. Ferme.
PlatinumGames, équipe F
Pour ce qui est de la réalisation, il est possible de dire que les développeurs ne se sont pas vraiment foulés non plus. Mis à part les personnages principaux, qui bénéficient d'une modélisation convenable, les missions du jeu se déroulent dans une succession d'environnements fades sans aucune âme. C'est un peu exagéré, mais certaines décors du titre font un peu penser à des versions couvertes de cel-shading des premiers environnements 3D ouverts vu sur PSOne. Malgré cette simplicité visuelle, le jeu se paie tout de même le luxe de souffrir d'aliasing par endroits. Autre situation incompréhensible : celle du framerate. Il y a quelques mois, les développeurs affirmaient avoir fait le choix de ne pas proposer de coopération en local pour garantir un framerate de 60 images par seconde stable. Sauf que dans les faits, le jeu tourne en 30 images par seconde avec, cerise sur le gâteau, quelques baisses de framerate. Les joueurs à la recherche d'un beat 'em all sophistiqué et nerveux peuvent donc passer leur chemin.
Lorsque la rumeur d'un jeu Tortues Ninja développé par PlatinumGames est apparue en ligne, votre serviteur s'est mis à espérer un titre reprenant l'esthétique de la série animée des années 80-90 (à la manière de ce qu'a fait le studio japonais dans Transformers Devastation). Lorsque le jeu a été officiellement dévoilé, le choix du style graphique proche de la série de comics actuellement éditée par IDW l'a déçu. Mais après avoir terminé Teenage Mutant Ninja Turtles : Des Mutants à Manhattan, il est possible de dire que ce n'est finalement pas plus mal qu'Activision et PlatinumGames aient laissé tranquille le célèbre dessin animé...