Après deux épisodes pas très glorieux, NFS Payback et NFS Heat, EA n’a pas hésité à remercier le studio Ghost Games pour refiler la licence à des vétérans de la course de bagnoles arcade : les petits gars de Criterion.
Si ce nom ne vous dit rien, c’est que vous êtes certainement passé à côté d’une des licences de courses arcade les plus explosives de sa génération, Burnout. Tôle froissée, vitesses folles et cascades en tout genre, l’ADN de Criterion fait-il du bien à Need for Speed ? Alerte spoiler : oui, carrément.
Ok, ça patine peut-être au démarrage...
Si les fans hardcore vous diront qu’ils ne jurent que par Underground ou encore Most Wanted, il se pourrait bien que vous les entendiez bientôt vous dire qu’Unbound est également un bon cru. Et pour le coup, ils auront raison.
En se retrouvant au volant d’une des licences les plus rentables, mais aussi l’une des plus critiquées du circuit, Criterion avait un boulot monstre pour rattraper une série en plein dérapage incontrôlé.
En reprenant pratiquement toute l’interface utilisateur de Heat, des pièces moteurs du garage, au menu tuning en passant par les défis du jour/de la nuit, Need for Speed Unbound commence pourtant très mal et sent d’entrée de jeu le réchauffé. Une odeur de gomme déjà usée qui aura du mal à se décoller de nos narines les premières heures, alors que l’on découvre une toute nouvelle map, Lakeshore City, qui ressemble un peu (trop) à Palm City de NFS Heat autant dans sa forme que dans sa conception.
Zone industrielle, ville parsemée d'immeubles, des travaux à chaque coin de rue… autant de secteurs urbains que l’on a déjà l’impression d’avoir foulé mille fois. Enfin, on parle des zones urbaines, mais les routes de montagne, les autoroutes au milieu des champs ou les fausses forêts ont elles aussi le droit à cette sensation de déjà-vu. Heureusement, le jeu s’appuie fort, très fort, sur une direction artistique relativement singulière. Bien que les environnements soient principalement réalistes, les traits sont forcés et épurés. C'est discret, mais on le sent.
Jour, nuit, jour…
Comme pour Heat, Unbound opte pour le cycle jour/nuit à la différence qu’ici votre niveau d’alerte vous suit de la journée au coucher du soleil et qu’il n’y a absolument aucune notion de réputation. Non, dans Unbound tout est une question d’argent et la nuit si tous les chats sont gris, les portefeuilles sont extrêmement bien remplis. Mais la police a aussi pris le pli, attention donc.
De leur côté, nos personnages sont tous modélisés comme s’ils sortaient d’une bande dessinée. D’ailleurs, nos voitures aussi auront le droit à quelques ajouts directement issus de l’esprit comics, avec des effets de fumée volontairement accentués et colorés, ou encore des sons et des effets de nitro qui partent dans tous les sens. Le tout fonctionne très bien, c’est stylé, réussi et en prime, c’est désactivable pour ceux qui n'aiment pas du tout. En somme, Criterion a gagné son pari. D'autant plus que le jeu tourne comme un charme que ce soit sur consoles (ici une PS5) ou sur PC. C’est beau, c’est fluide et je n’ai d’ailleurs pas eu le moindre bug en jeu, ce qui, notons le, est extrêmement rare de nos jours malheureusement. En revanche, bien que l’ensemble titille la rétine, on notera quelques textures un peu datées et une modélisation de certains éléments du décor un peu moyenne (oui, on chipote ici).
Mais bon, on ne va pas se mentir, de toute façon on n’aura pas vraiment le temps de mater le paysage étant donné que l’on va se contenter de rester bien assis derrière notre volant en fonçant à toute vitesse sur les routes. Et de ce côté là, Need For Speed Undbound assure.
... mais une fois lancé on ne s'arrête plus
Avec un garage de plus de 140 véhicules couvrant de grandes marques comme Chevrolet, Dodge, Ford, Ferrari ou encore les increvables Nissan, il y a de quoi faire. Comme d’habitude, on pourra améliorer ses bolides de A à Z pour booster leurs performances ou tout simplement frimer avec une belle carrosserie. Notez d’ailleurs que la partie tuning est ultra généreuse et permet de changer pratiquement tout. En plus des kits vendus en pack, vous pourrez modifier chaque pièce d’un simple passage au garage, jouer avec les matériaux pour modifier les textures et les couleurs. On oublie pas non plus la multitude de stickers offerts d’office, tout en sachant que d'autres seront à débloquer au fil de votre exploration.
Que ce soit en tunning ou en mécanique, Unbound fait d’ailleurs un copié/collé de ce que proposait Heat. Il est ainsi possible d’améliorer une voiture basique pour en faire une supercar en achetant des modifications pièce par pièce (moteur, turbo, nitro, pneus, freins, etc…). Une excellente chose pour ceux qui, comme moi, ont du mal à se séparer de leur première bagnole. Pour les besoins du test en revanche, j’ai bien été obligé de troquer ma Mustang contre quelques BMW coupées Sport et autre Lamborghini. Oui, la conduite native des véhicules est bel et bien différente, même si le tout reste évidemment très arcade. On enfonce plus l'accélérateur que l’on appuie franchement sur les freins, mais c’est pour ça qu’on aime Need for Speed non ? Dans Unbound, c’est pareil, les voitures font rapidement du 0 à 100 en moins de 4 secondes et tapent des pointes à plus de 300km/h sans trop broncher.
On glisse dans les virages à une vitesse défiant la physique, et notre voiture ne semble pas trop fâchée de se faire exploser contre un concurrent de temps en temps. D’ailleurs, des simili-takedown à la Burnout sont possibles, petite cinématique pour la victime de l’accident à l’appui, mais ceux-ci n’ont que peu d’impact puisque l’on respawn sur la route assez rapidement. On perdra évidemment toute notre vitesse et de nombreuses places dans la course, mais il sera quand même possible de continuer à courir sans avoir à souffrir de quelconque malus lié aux dégâts subis. De l’arcade pure essence à la conduite très plaisante pour le genre. D’ailleurs, tous les types de pilotages sont récompensés par un gain de nitro et des points d’xp.
Outre les habituelles aspirations, frôlements, contresens et autres prises de risques du genre, il sera possible de prendre ses virages de trois manières différentes et surtout, d’avoir le droit aux même récompenses. Que l’on drifte, fasse un dérapage au frein à main ou prenne le virage à la corde, nos coups de volant sont pris en compte. Résultat, vous pouvez littéralement courir comme bon vous semble, sans vous forcer à drifter si cela ne colle absolument pas avec votre style de jeu ( bien que parfois vous n'ayez pas trop le choix évidemment ). En revanche, ça ne sera viable que sur les statistiques pures et simples, difficile de dire si à niveau équivalent, en compétitif par exemple, toutes les conduites se valent. Et pour être honnête, ce n’est pas avec mon niveau désastreux en pilotage que je pourrais vous assurer le contraire. Mais c’est aussi pour ça que ce Need for Speed est bon, parce que, que l’on soit chevronné ou débutant, tout le monde pourra y trouver son compte.
Déjà, parce que le mode histoire et le mode en ligne sont désormais séparés, contrairement à avant et la structure en pâtissait d’ailleurs un peu. Dans NFS Unbound, on sera amené à avoir deux progressions distinctes qui ne partagent que votre avancée dans la collection des collectibles qui pullulent sur la carte (tags, panneaux, oursons gonflables…). Vous pourrez donc créer votre propre pilote via un éditeur de personnage assez avare en possibilités, puis suivre son ascension dans les rues de Lakeshore City. Une petite trame scénaristique est également mise en place, mais comme on aurait pu s’en douter, elle est totalement anecdotique.
Tut Tut c’est la police :
EA en avait fait des caisses en parlant de l’IA de ce Need for Speed Unbound qui ne casse pourtant pas trois joints de culasse à une Camaro. Soit les flics sont abusivement passifs, allant même jusqu’à déclarer notre position à leurs collègues sans pour autant nous prendre en chasse alors que l’on est garé devant eux, soit ils pètent littéralement les plombs dès que le niveau d’alerte passe à deux. Ici, la police vous collera les basques sans aucun répit, appellera des renforts de tous les côtés et n'hésitera pas à vous rentrer dedans avec des véhicules blindés. Ça finit rapidement en Fast and Furious (les derniers films hein) et ça peut vite rendre fou. Dommage, parce qu’en pleine course par contre, avoir la police sur la piste ajoute un sacré coup de pression plutôt amusant.
L’histoire ne sera finalement qu’un prétexte pour enchaîner les épreuves, se faire de l’argent et participer aux plus gros événements de courses clandestines de la ville. Attention par contre, le jeu est relativement difficile et perdre son argent est malheureusement chose courante, même pour les habitués au genre. Pas d’abus toutefois, l’IA se battra bien corps et âme pour vous vaincre, mais disposera surtout de voitures souvent plus performantes que les vôtres. Vous n'aurez donc pas la surprise de voir un adversaire en Mini Cooper s'énerver brutalement et être impossible à rattrapé, ici, c'est carrément excusé.
Alors, oui, les premières courses se résument souvent à se faire torcher dès les 100 premiers mètres ou, pour les plus forts, à regarder la plaque d’immatriculation du premier de la file en attendant une erreur de sa part (ce qui arrive parfois). Mais quelques courses plus tard, avec un bon coup de volant et les bonnes améliorations, ce sont eux qui finiront par avaler la fumée de votre pot d’échappement. En revanche, alors qu’il est désormais obligatoire de miser de l’argent pour participer aux courses, perdre une course peut être particulièrement frustrant. Mais surtout, le grind, capital pour améliorer son garage et se faire une belle collection de voitures customisées, peut prendre des plombes. Les pièces coûtent très cher tout comme les voitures et si l'on arrive parfois à se faire beaucoup de monnaie, il est également possible d’en perdre en masse. Un petit équilibrage ici ne serait pas de trop.
Néanmoins, lorsque l'on arrive à s’améliorer, la sensation de montée en puissance est réelle. Que l’on upgrade sa voiture petit à petit en y balançant plusieurs centaines de milliers de dollars où que l’on casse la tirelire pour faire le crack aux commandes d’une supercar flambant neuve, lorsqu’on monte d’échelon, ça se voit et ça se sent.
Need for Speed même en multi
Lorsque que vous en aurez fini avec l’IA, ou si vous voulez impérativement vous la jouer social, vous pourrez enfin vous tourner vers le multijoueur. Ce dernier propose à 16 joueurs de se partager une seule et même carte et d’y chauffer la gomme. Pas de matchmaking, pas de police et pas de leaderboard à l'heure où ses lignes sont écrites, mais une grosse dose de fun. On retrouve ici une progression relativement similaire au mode solo, avec un garage à améliorer, des voitures à acheter et une tonne de défis à faire. Pour le reste, les concurrents IA sont simplement remplacés par les joueurs du coin. Il y a tout de même quelques ombres au tableau. L’absence de matchmaking empêche bien souvent d’avoir des courses complètes puisque si les joueurs de la session n'acceptent pas, personne ne viendra jouer à vos côtés. De plus, on a eu la désagréable surprise de voir que certains joueurs commencent déjà à farmer bêtement.
C'est-à-dire qu’ils lancent une course, ou en rejoignent une, mais n’y participent pas. Juste pour rafler l’argent de la dernière place et faire monter les stats de certains défis. C’est moche, et bien que ça ne soit pas la faute du jeu en lui-même, les développeurs devraient peut-être se pencher sur le sujet avant que cela ne vienne entacher l’expérience définitivement.
Enfin, une note sur l’OST composée principalement de morceaux de rap auto-tune, ou de musiques abusant des basses et des sonorités électro. On aime ou non, c’est selon, il n’empêche que de beaux noms du genre sont présents et que les morceaux sont très nombreux. Un vrai plus pour les amateurs. Par contre les allergiques au genre seront déçus d’apprendre qu’il n’y aura rien d’autre à se mettre sous la dent.