Le studio indépendant Behaviour n’est pas un petit nouveau. Créée dans les années 90 au Canada, la popularité de la firme a littéralement explosé en 2016 avec la sortie de Dead by Daylight. La raison est simple, DbD (pour les intimes) est un soft d’horreur multijoueur atypique, l'un des pionniers d’un genre où presqu'aucun jeu n'a réussi à briller : le multi asymétrique. Ici, en l'occurrence, un tueur traque une équipe de quatre survivants. Depuis, le phénomène n’a presque jamais perdu de sa superbe, malgré de nombreux couacs, et le jeu continue de cartonner en multipliant les crossovers et les DLC gratuits comme payants.
Avec ses connaissances et sa volonté de faire des expériences multijoueurs toujours plus singulières, Behaviour revient aujourd’hui avec Meet your Maker. Un nouveau titre multi encore une fois, et également très original. Cerise sur le gâteau, il est offert à tous les abonnés sur PS Plus Essential (ou supérieur) d’avril 2023.
Dans Meet your Maker il n’est toutefois pas question de multijoueur compétitif classique ou asymétrique, mais plutôt asynchrone ou en coopération. Comprenez par là que vous évoluerez dans un univers connecté et en constante évolution sans jamais croiser d’autres joueurs. Sauf si vous invitez ces derniers à jouer avec vous en coopération. Alors, des jeux multi dans le genre il en existe des dizaines. Des centaines même. Mais Meet Your Maker tire son épingle du jeu grâce à une recette très addictive, qui n’est certes pas nouvelle, mais très rare et sous-exploitée. Il sera en effet demandé aux joueurs de participer activement et d’être créatifs au possible puisque ce sont eux qui créeront les niveaux.
Meet Your Maker, c'est notre jeu en fait
Meet your Maker propose en effet une expérience mélangeant le dungeon crawler, le tower defense et la création pure et simple de cartes communautaires. Le jeu place son univers dans un monde post-apocalyptique où l’humanité est au bord de l’extinction suite à un enchaînement de catastrophes (naturelles, guerres, virus, etc.). Résultat, la planète est dans le mal absolu, les forêts ont brûlé, les villes sont tombées en ruine et le désert est partout. Il ne reste presque plus rien, mais il existe tout de même un espoir. Une étrange entité coincée dans un bocal, la Chimère (une sorte de fœtus géant), nous informe dès le départ qu’elle a besoin de nos services pour récupérer du Matériel Génétique pur (MatGen), pour sauver l’humanité. Comment ? Bonne question, mais elle en a besoin. Et pour ce faire, il n’existe que deux solutions.
La première consiste donc à exploiter ce MatGen sur des sites spécifiques en allant y planter notre drapeau et en laissant un récolteur (un mutant fusionné avec un caisson) faire le travail. La seconde option est d’aller voler la précieuse ressource sur des sites d’ores et déjà conquis. D’autant que, d’après la Chimère, les autres survivants qui cherchent à avoir du MatGen ne sont pas dignes de confiance. En gros, il n’y a que vous et vous seul qui pouvez sauver le monde.
DOOM x Tomb Raider
Pour ça, vous ne pourrez compter que sur vos petits bras et éventuellement sur ceux de vos camarades que l’on invitera en coopération. Depuis le Sanctuaire, la base des opérations, vous pourrez alors faire évoluer votre avatar en choisissant des armes et armures améliorables, ou en faisant des recherches afin de parfaire clones mutants et autres pièges à déployer lors de la défense de vos avant-postes.Mais avant de jouer les Stéphane Plaza, vous devrez déjà commencer par récolter quelques ressources en allant piller vos concurrents, et là, c’est plutôt à DOOM et Tomb Raider que l’on joue.
L’objectif est simple, se rendre à un avant-poste, voler le MatGen, tout détruire pour ramasser des ressources, et repartir en souriant.
Meet Your Maker joue ici la carte du FPS die and retry. Le moindre coup reçu vous tuera sur-le-champ et vous renverra à la case départ. Qu’il provienne d’un piège vicelard ou d’un mutant armé jusqu’aux dents, pas de cadeau. Chaque avant-poste est catégorisé suivant son niveau de dangerosité : Normal, Dangereux, Brutal. Plus vous prendrez de risques, meilleures seront les récompenses. La difficulté est évaluée en fonction de plusieurs facteurs comme le nombre de pièges, la distance à parcourir pour atteindre le MatGen etc. Heureusement, vous pourrez vous défendre et vous équiper avant de partir en expédition.
À votre disposition, vous aurez ainsi accès à plusieurs armes. Deux sortes de fusils pouvant tirer quelques projectiles, deux armes au corps-à-corps et un bouclier portable pour encaisser les dégâts. Le hic, c’est que vous ne pourrez prendre que deux objets sur vous. À vous de faire un choix donc. À côté de ça, vous pourrez aussi embarquer deux consommables parmi une petite sélection de gadgets (grenade, balise de réapparition, etc.). Notez qu’il ne sera possible de changer d’équipement que depuis la plateforme de départ de chaque avant-poste. Soit au début d’un raid, soit après une mort. Et la mort, peut être partout.
Il faudra en effet faire attention à absolument tout lorsque vous partirez attaquer des bastions adverses puisque ces derniers peuvent être de véritables guêpiers. Mais il va être très difficile de parler de level design, puisque comme dit plus haut, ce sont les joueurs, et vous-même, qui créeront chaque niveau que vous serez amené à piller. chaque joueur peut revendiquer jusqu’à 200 avant-postes et en activer seulement 5 à la fois. Lorsqu’un bastion est actif, son propriétaire reçoit du MatGen continuellement. Cette ressource, vous permettra ainsi de perfectionner votre Chimère, de déverrouiller des récompenses pour devenir plus fort encore et ainsi de suite.
Les avant-postes deviendront d’ailleurs de plus en plus performants à mesure que vous en améliorerez le prestige, et pour ce faire, il faut tuer des pilleurs, les joueurs qui viendront tenter leur chance pour vous voler.
Soyez vicieux et créatifs !
C’est là que Meet your Maker vous demande d’être le plus inventif et vicieux possible. Il faudra en effet transformer votre avant-poste en véritable coupe-gorge. Pour y arriver, le jeu vous propose un large panel de blocs décoratifs aux thématiques différentes, pour donner du cachet à votre création. N’essayez pas de faire quelque chose de poétique ou de coloré, si les blocs sont différents (temple ancien, cathédrale, abattoir…), ils restent tous dans une thématique très sombre et post-apocalyptique. Vous trouverez d’ailleurs des thèmes liés à Dead by Daylight. Côté cosmétique, vous aurez donc de quoi faire, et vous pourrez vraiment donner du cachet à vos bastions. De plus, les blocs peuvent prendre plusieurs formes, être disposés comme bon vous semble, c’est à vous de voir.
Il en sera de même pour les pièges qui permettront tout un tas de choses. Pieux qui sortent du sol, lanceur de pics, lance-flammes, cracheur de bombes, blocs d’acide… à vous de choisir.
Vous pourrez aussi vous la jouer très vicelard en créant des embuscades avec des holocubes, des blocs qui prennent l’apparence d’un autre. Cela permet de faire des passages secrets ou des pièges élaborés. Et comme si les traquenards ne suffisaient pas, vous pourrez faire appel aux services de gardes mutants armés. Pour le moment, il n’en existe que quatre types. Des mutants basiques qui tirent des rivets incandescents, des créatures volantes, de gros monstres qui foncent au corps-à-corps et des artilleurs qui tirent des boulets explosifs. Mais pour se faire la main, et tuer des pilleurs à tour de bras, c’est suffisant pour le moment.
Globalement, l'éditeur d’avant-postes est complet, permet tout un tas de folie et nous offre même la possibilité de créer des patrouilles pour nos gardes. Vous serez libre de faire ce que vous voulez tant que vous respectez quelques règles. Par exemple, vous ne pouvez pas bloquer le passage qui mène au MatGen (déjà posé sur la carte lors de l’achat d’une place d’avant-poste). Il est impossible de dépasser la limite de la zone de jeu, particulièrement grande, ni de dépasser le nombre d’emplacements disponibles. Ce dernier est représenté par un nombre qui varie suivant la taille de la zone constructible. Il en existe de toute taille d’ailleurs et c’est aussi ce qui permet à la difficulté de s’auto-réguler. Chaque piège et chaque bloc coûtent un certain nombre d’emplacements, ce qui empêche donc les créations dont il serait impossible de venir à bout.
Une recette addictive, mais qui montre vite ses limites (pour l'instant)
Durant notre période de test, et malgré un nombre très limité de copies du jeu dans la nature, nous avons déjà pu voir un grand nombre d'avant-postes inventifs et parfois très difficiles. Il en existe également de plus petits, très accessibles pour celles et ceux qui ne souhaitent pas s’arracher les cheveux. Maintenant, après plus d’une trentaine d’heures de jeu, on constate tout de même que Meet Your Maker peut atteindre une certaine limite.
S’il est très addictif de piller les créations de la communauté et de fabriquer ses propres avant-postes, on a la sensation d’avoir fait le tour de tout ce que propose le jeu en quelques dizaines d’heures. On gagne des niveaux continuellement, on améliore nos équipements, mais il est difficile d’entrevoir une quelconque finalité dans tout ça. On pille et on crée tout un tas de trucs, mais pour quoi finalement ?
De même, le contenu de prime abord généreux finit par tourner en rond. On a finalement que peu d'armes (5), peu d’archétypes de personnages (2) et la direction artistique, plaisante au début, devient vite redondante puisqu’il n’existe qu’un seul et unique environnement pour le moment. À moins qu’après 35 heures de jeu nous ne l’ayons pas découvert et dans ce cas, le déblocage est bien trop long à venir.
De même, à mesure que l’on pillera les bastions d’autres joueurs, on gagnera de l’expérience dans ce qui semble être un système de classement saisonnier. Mais pour l’heure, nous n’avons vu aucune mention de ce dernier, ni même entr'aperçu de quelconques récompenses à déverrouiller.
Pour le moment, si Meet your Maker a une recette très intéressante et peut être rapidement addictif, il se repose un peu trop sur ses lauriers. Le potentiel évolutif du jeu est toutefois énorme. On imagine assez bien de nouveaux biomes, blocs, pièges et autres gardes arriver prochainement. Voire des crossovers ou des thèmes saisonniers. Une roadmap est d'ailleurs déjà organisée et les premiers contenus arriveront sous peu. Notez que tous les contenus annoncés seront déblocable en jouant ou en passant à la caisse pour les récupérer directement. Le jeu compte principalement se financer à l'aide de cosmétiques qui seront déployés petit à petit eux aussi. Reste maintenant à voir si cela suffira aux joueurs curieux ou non. Les abonnés au PlayStation Plus n’auront toutefois pas cette question à se poser puisque le jeu sera disponible dans les jeux PS Plus d’avril 2023. Notez par ailleurs que le jeu est disponible sur Xbox Series, PC, PS4 et Xbox One et qu'il prend en charge le jeu crossplateform (activable ou non dans les options).