Square Enix nous a convié en septembre dernier à prendre en main Marvel’s Guardians of the Galaxy. Nous étions sortis de cette session de jeu avec des impressions mêlant amusement et inquiétude. La sympathie générée par les Gardiens était en effet contrebalancée par un gameplay pas spécialement engageant. L’heure est désormais venue de découvrir la version complète du jeu. Il apparaît que dans cette dernière, les qualités permettent de fermer en partie les yeux sur les défauts.
L’inconvénient de réaliser une preview écrite à quelques semaines de la sortie de Marvel's Guardians of the Galaxy résidait dans le risque d’avoir à se répéter dans le test. Et ce risque s’est transformé en réalité. En effet, rien de ce que nous avions dit le mois dernier n’a été contredit par la découverte du jeu complet. Cela étant dit, ce dernier a logiquement répondu à nos interrogations et rassuré certaines de nos craintes.
Comme nous vous l’indiquions alors, la version preview nous plongeait directement dans le chapitre 5 du jeu. Et ne permettait de découvrir que ce chapitre. Si cela donnait une idée de l’ambiance du jeu, ce passage ne permettait pas de saisir véritablement ce que propose ici Eidos Montréal. Au début de l’aventure, le joueur rejoint une équipe Gardiens de la Galaxie déjà formée. Cela ne fait cependant pas très longtemps qu’elle travaille ensemble. La confiance entre les membres n’est donc pas encore totale et les chamailleries sont fréquentes.
Les choses commencent par ailleurs de manière banale avec des Gardiens sans le sou, à la recherche de missions lucratives. Pas de chance pour eux, ils vont rapidement se mettre à dos le Nova Corps, une sorte de police galactique. Contraints de payer une amende salée, Star-Lord est compagnie vont imaginer une combine relativement risquée pour récupérer la somme demandée.
Malheureusement pour eux, ces problèmes d’argent ne sont finalement que le cadet de leurs soucis. Une dangereuse secte va mettre en danger toute la galaxie et les Gardiens vont devoir ruser pour la sauver. Derrière le Space Opera se trouve également une histoire touchante sur la famille et le deuil qui pourrait bien émouvoir plus d’un joueur.
De la punchline à foison
En lisant ces premiers paragraphes, l’absence de références à l’humour peut surprendre. Mais que les fans des Gardiens de la Galaxie se rassurent. Les jeux est véritablement drôle et l’ambiance à laquelle il est possible de s’attendre dans leurs aventures est parfaitement respectée. Les répliques hilarantes fusent et votre serviteur s’est même surpris à s'esclaffer à voix haute à plusieurs reprises. Ce qui ne lui arrive pas souvent dans des jeux vidéo.
Dans notre preview du mois dernier, nous évoquions le numéro d’équilibriste réalisé par les développeurs pour faire penser aux Gardiens de la Galaxie des films tout en proposant quelque chose d’inédit. Si cette remarque concernait l’apparence in-game des héros, elle s’applique aussi à la narration. Rien que la composition initiale de l’équipe montre que Eidos Montréal souhaitait mettre en avant des Gardiens connus du plus grand nombre. Le studio ne s’est cependant pas contenté de ça. Et il a bien fait.
Si des éléments font clairement penser aux films, la mythologie des Gardiens est ici réécrite. Et les lecteurs des comics devraient eux aussi être surpris par certains choix faits par les scénaristes. Sans entrer dans les détails pour laisser le plaisir de la découverte aux joueurs, certains personnages ne sont pas nécessairement là où on les attend.
Le choix de Peter
De plus, les histoires individuelles des personnages ont été réécrites pour l’occasion. Et le plaisir de la découverte est ici bien réel. En parallèle aux dialogues "obligatoires" entendus pendant l’aventure, des dialogues facultatifs obtenus sous certaines conditions sont aussi présents. Ces derniers sont habiles au sens où ils permettent aux joueurs d’en apprendre plus sur les Gardiens tandis que les héros apprennent à mieux se connaître.
En plus de tout ça, Eidos Montréal a intégré un système de choix dans Marvel’s Guardians of the Galaxy. Le joueur est amené à choisir ce que Peter Quill doit dire à de nombreuses reprises. Et il doit également prendre position lors de désaccord entre les membres de son équipe. Cela a une incidence sur les rapports qu’il entretient avec les différents protagonistes.
Et cela influe également sur le déroulement des événements. Si Star-Lord parvient par exemple à nouer une bonne relation avec certains PNJ, sa tâche se verra simplifiée plus tard dans l’aventure. Ces choix n’ont pas de réel impact sur le dénouement de l’aventure. Ils influent cependant sur la manière d’y arriver. Il est ici tout à fait possible que deux joueurs qui terminent le titre n’aient pas vu les mêmes séquences avant d’y arriver.
We are Groot
Un autre détail sympathique lié à la narration réside dans l’évolution discrète du rapport entre Star-Lord et les autres Gardiens. Plus leur périple progresse plus la confiance augmente au sein de l’équipe. À la fin, même plus besoin de demander aux Gardiens de faire certaines actions, ils le font d’eux-mêmes. Les pouvoirs de Groot lui donnent par exemple la possibilité de créer des passerelles en bois. S’il faut initialement lui demander de le faire, il s’en occupera tout seul comme un grand à l’approche de la fin du jeu. Et cela s’applique à tous les héros. Les idées de ce genre contribuent à rendre le jeu à la fois vivant et naturel.
Impossible par ailleurs de parler de l’histoire du jeu et de sa narration sans évoquer sa réalisation audio. Eidos Montréal a abattu ici un travail titanesque. En effet, Marvel’s Guardians of the Galaxy contient une quantité plus que considérable de dialogues. C’est très simple, les héros du jeu n’arrêtent pas de parler tout au long de l’aventure. Et ce n’est absolument pas un reproche. Afin de rendre les échanges le plus naturel possible, un nombre astronomique de répliques a été enregistré. Y compris pour des situations qui n’ont généralement pas droit à des dialogues dans les jeux.
That '80s game
Lorsque le joueur décide par exemple de quitter le chemin qui fait avancer l’intrigue, des membres des Gardiens vont demander à Star-Lord pourquoi il part dans une autre direction. Autre exemple, si Star-Lord se met à tirer pour rien, Gamora va lui demander s’il a vu quelque chose. Ce dernier va alors lui répondre quelque chose comme "non, j’essaie juste de rester prêt." Cela peut paraître un détail, mais cela contribue vraiment à l’authenticité de l’ensemble.
Dans notre preview, nous avions joué en français et parlé de la qualité tout à fait respectable du doublage. Pour les besoins de ce test, nous avons écouté le doublage original en anglais. Et ce dernier se révèle très bon. Tous les comédiens sont convaincants et collent parfaitement aux personnages. Mention spéciale à Drax, dont le premier degré fait mouche à de nombreuses reprises tout au long de l’aventure.
Impossible également de parler de la réalisation sonore du jeu sans évoquer sa bande-son. Les développeurs ont visiblement été inspiré par les soundtracks des deux films Gardiens de la Galaxie. Et ils ont été encore plus loin. En effet, Marvel’s Guardians of the Galaxy inclut une grosse playlist de tubes des années 80 (accompagnée de titres écrits spécialement pour le jeu). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces chansons sont variées. Pop, Metal, New Wave peuvent ici être entendus. Même les Boys Band sont représentés…
Du pain béni pour les doubleurs
Ces morceaux peuvent être écoutés à loisir lors des séquences dans le Milano. De prime abord, il peut donc être possible de penser que toutes ces chansons ont été incluses pour faire "comme dans les films." Il apparaît cependant à différentes reprises que des choix sont habilement liés à la narration. Pour qui apprécie la musique commerciale des années 80, Marvel’s Guardians of the Galaxy fait clairement plaisir.
Au fond, le seul reproche pouvant être fait à la narration et à la réalisation sonore de Marvel’s Guardians of the Galaxy se situe au niveau des rassemblements. Lorsqu’une jauge spéciale est remplie, Star-Lord peut réunir son équipe en cours de combat pour la motiver. Le héros doit écouter les impressions de ses coéquipiers et répondre de manière à les galvaniser. S’il y parvient, tout le monde retourne au combat avec des stats boostées temporairement.
Le hic, c’est que le choix de répliques proposées ici n’est jamais très clair. Et votre serviteur a majoritairement raté ses speechs effectués tout au long de l’aventure. Ce qui fait que seul Peter Quill revenait au combat boosté. Cela n’a pas d’incidence néfaste sur l’impression laissée par le jeu. Mais vu que le retour au combat est accompagné du déclenchement d’une des chansons de la bande-son, le côté potentiellement épique de la situation n’est pas exploité comme il pourrait l’être.
Marvel’s Guardians of the PS3
Si la narration et la réalisation audio de Marvel’s Guardians of the Galaxy nous ont fait forte impression, impossible d’en dire autant du reste. Visuellement, le jeu s’en sort convenablement sur PS5. Les environnements sont variés et les personnages convenablement modélisés. De plus, un travail réussi a été effectué sur les couleurs et l’éclairage des décors. Le jeu transporte sur différentes planètes bien connues des fans de Gardiens de la Galaxie et c’est un plaisir de les découvrir.
Il apparaît en revanche évident que le jeu est un titre sortant à la fois sur la nouvelle et l’ancienne génération de consoles. À aucun moment le jeu n’impressionne véritablement par ses graphismes. Lorsqu’il tourne sur PS5, le jeu d’Eidos Montréal a cependant l’avantage d’être propre et net.
Pour ce qui est de l’action, le gros du jeu réside dans les combats. Contrairement à ce que la preview nous avait fait craindre, le bestiaire proposé ici est varié. En fonction des situations et des lieux, les Gardiens n’affronteront pas toujours les mêmes ennemis. Ces derniers n’ont pas les mêmes capacités et les mêmes faiblesses.
Une créativité bridée ?
Ce que le jeu complet a confirmé en revanche, c’est que les combats sont l’ensemble vraiment basiques. Star-Lord peut utiliser ses pistolets, frapper au corps à corps, sauter, esquiver et utiliser diverses capacités. Ses coéquipiers ont eux aussi des aptitudes qui leur sont propres. Et tout ceci peut être combiné pour plus d’efficacité. Logiquement, de nouvelles capacités sont débloquées au fil du temps. Le héros peut de plus crafter des équipements et compétences à l’aide des objets glanés en cours de mission.
Malheureusement, et même si le bestiaire change d’un monde à l’autre, les combats se suivent et se ressemblent. De par le nombre d’alliés et d’ennemis présents à l’écran simultanément, l’action est assez fréquemment brouillon. Il est possible de se perdre dans ce qui se passe. Et des transitions entre les animations plutôt grossières n’arrangent rien. Lors des affrontements, on a parfois l’impression d’être face à un jeu d’une autre époque. Ou à un titre dont le développement n’est pas encore tout à fait fini.
Le trop est l'ennemi du bien
Histoire d’accentuer cette impression désagréable, certains affrontements paraissent inutilement longs. Des ennemis qui ne sont même pas des boss demandent un temps fou pour être éliminés. Étant donné la fréquence des combats, ce n’est pas une sensation agréable. Tout ceci est d’autant plus dommage que le reste du jeu méritait vraiment d’être accompagné d’un système de combat plus sophistiqué.
Hors combat, Marvel’s Guardians of the Galaxy propose globalement de la progression en ligne droite avec des petites touches de jeu de plates-formes. Bugs qui font que Peter Quill se retrouve parfois coincé contre des éléments du décor mis à part, ces phases "d’exploration" sont tout à fait correctes.
Sans entrer dans les détails, le jeu demande également à plusieurs reprises de bien réfléchir à la situation pour pouvoir progresser. Un joueur qui ne serait pas assez attentif pourrait se retrouver à tourner en rond sans s’en rendre compte initialement. Quelques gimmicks/twists qu’il convient de ne pas poiler viennent aussi pimenter un peu la progression. Les développeurs ont voulu s’amuser, et cela se ressent.
On r'met ça ?
À noter également que les développeurs ont eu la bonne idée d’intégrer des phases de dogfight. Les voyages dans l’espace faisant partie du quotidien des Gardiens, ces séquences ont toute leur place ici. Bien qu’elles soient relativement courtes et simples, elles ajoutent elles aussi un peu de variété bienvenue au déroulement de l’aventure. Au fond, votre serviteur aurait préféré que l’équipe du jeu aille encore plus loin dans ses différents délires. Et qu’il lève le pied sur les phases de combat trop longues et fréquentes.
À la toute fin de notre preview, nous affirmions que la narration du jeu « va devoir être particulièrement solide sur la durée pour nous faire fermer les yeux sur les limitations » présentes par ailleurs. Bonne nouvelle pour les fans de héros Marvel, c’est bien le cas. Avec Marvel’s Guardians of the Galaxy, Eidos Montréal propose une histoire qui fait honneur à la licence. Et votre serviteur est d’ores et déjà partant pour retrouver ces héros à la fois drôles, attachants et touchants dans une nouvelle aventure. Si suite il y a, il faudra simplement se montrer plus ambitieux et innovant du côté du gameplay.