Maneater est un jeu d'action-RPG sous-marin (oui vous avez bien lu) dans lequel on incarne un requin ayant subi des sévices lors de son enfance, avec la mort prématurée de sa mère. Il va ensuite se lancer dans une vengeance sanguinaire inarrêtable. Si le synopsis paraît déjà assez déjanté, ce n'est rien en comparaison du reste du jeu.
Maneater nous avait déjà marqué lors de notre première prise en mains il y a quelques mois, et c'est donc avec un certain plaisir que l'on retourne visiter les fonds marins dans la peau de notre requin bouledogue - cette même espèce qui est souvent à tort accusée de faire le plus de victimes humaines chaque année sur le globe. Notre squale a eu des débuts difficiles. Il n'était qu'une minuscule créature lorsqu'il a été extirpé du ventre de sa mère par un pêcheur peu scrupuleux, ne se souciant guère des souffrances animales, et totalement aveuglé par sa haine anti-requin. C'est là qu'on rencontre notre premier véritable boss et ils sont nombreux par la suite un peu comme des barons de la pègre mais version pèche à la ligne.
La pêche au gros
La carte est découpée en différentes zones qu'il est possible d'explorer librement (ou presque) et chacune d'elles comporte un nombre de missions à réaliser pour remplir son pourcentage de progression. Évidemment, vous n'êtes pas le seul prédateur, et il existe une multitudes d'autres espèces que l'on va rencontrer et qui représentent une menace. Si les divers quêtes vous demanderont d'en tuer quelques unes, l'humain reste la cible prioritaire : bateau de plaisance, jet-ski, baigneurs... Tout est prétexte à faire couler le sang à flot (c'est le cas de le dire), car vous êtes un superprédateur. Du moins, c'est ce que vous allez devenir. RPG oblige, Maneater propose un système d'évolution et de progression. On débute l'aventure de taille très modeste pour finir par devenir un géant des mers au fil des niveaux. Le système d'évolution permet même de mesurer la taille de son requin.
Un documentaire animalier qui tourne mal
Toujours dans l'optique de se définir comme un RPG, il est possible de trouver des "loots" lors de notre exploration. Soit via des coffres qui reposent dans les abysses soit en tuant des créatures spécifiques. Ainsi, nous avons pu équiper dès le début de l'aventure notre requin d'un sonar amélioré puis plus tard d'une mâchoire à choc électrique. Celle-ci permet d'immobiliser quelque temps une cible et d'infliger quelques points de dégâts supplémentaires. Ne cherchez pas du réalisme la-dedans, il n'y en a pas. Il y a de l'humour, et cette touche est apportée, entre autres, par la très grande qualité de la voix-off (l'acteur américain Chris Parnell) qui narre ce qui se déroule à l'écran à la manière d'un documentaire National Geographic, mais toujours avec les mots qui font rire. Notons d'ailleurs que tout dans le jeu repose sur un humour noir et grinçant avec des pointes de grotesque. Par exemple, très souvent, nos victimes humaines sont des personnes obèses se déplaçant lentement dans l'eau. Mention spéciale pour le titre des quêtes. C'est un style spécial, et il faut accrocher. Si vous n'y êtes pas sensible, l'aventure sera évidemment un peu moins fun.
Croquer la vie à pleines dents
Nous avons testé le jeu sur PC et nous n'avons souffert d'aucun bug spécifique (ce qui semble bien différent sur la version PS4 qui semble accuser des problèmes d'optimisation). Le jeu de Tripwire Interactive se montre même assez joli et d'une bonne fluidité (sur un laptop avec une GTX 1060 Ti notamment, pourtant loin d'être une carte haut de gamme). La direction artistique a le mérite de proposer des environnements bien différents, de la haute mer au bayou en passant par la zone industrielle immergée. Pour autant, et malgré la diversité des lieux, le jeu souffre d'une grosse redondance. On se contente bien souvent de spammer le clique gauche pour dévorer sa proie pour regagner de la vie puis faire des attaques en aller-retour sur les prédateurs pour ne pas se faire attraper. Il y a bien des superprédateurs très dangereux comme le cachalot, mais il suffit finalement d'attendre de monter en niveau pour l'attaquer ou alors tout simplement de le fuir.
En abusant des sauts hors de l'eau et en allant directement sur la plage en gigotant (oui c'est délirant) il est possible de manger à la chaîne les humains directement sur la plage ce qui va évidemment simplifier beaucoup les choses.
Toujours un peu la même chose
Si les trois premières heures sont plaisantes et même parfois grisantes, force est de constater que le jeu tourne assez vite en rond avec des objectifs qui se répètent encore et encore, et cela peu importe la zone de la carte. Le seul changement notable concerne les proies et prédateurs selon que l'on se situe en haute mer ou dans les terres. Pour le reste, les missions se ressemblent toutes et il suffit généralement de tuer un prédateur ou dévorer un nombre défini d'humains pour accomplir un objectif. Pourtant, il y a de bonnes idées et le milieu sous-marin donne des envies d'exploration poussée. Mais on sent que les développeurs ne sont pas allés au bout des choses. Le jeu insiste sur son coté "expérience délirante" et de fait se sert un peu de cet argument pour ne pas avoir à proposer un gameplay plus profond et complexe.
C'est la mer qui prend l'homme...
L'activité d'infamie qui consiste par exemple à devoir éradiquer un à un des personnages humains importants est une occasion ratée de proposer justement du contenu un peu différent quitte, pourquoi pas, à aller plus en avant dans le coté délirant décomplexé. D'autant que Maneater est rarement assez riche pour proposer suffisamment de challenge sur la durée. La montée en puissance, intéressante au demeurant, permet au bout d'un moment d'être une véritable machine à tuer (pas très PETA friendly) et toute la faune marine y passe sans trop de difficulté. On devient tout simplement inarrêtable et cela rend l'expérience encore plus répétitive.