Le second chapitre, captivant, a prouvé que les parisiens de Dontnod avaient bel et bien les bonnes cartes en main pour faire de Life is Strange un des grands bonheurs de 2015. Avec Chaos Theory, l'aventure de Maxine Caulfield, entre drame adolescent et science-fiction, peut-elle encore nous éblouir et nous surprendre ?
Comme toujours, si vous n'avez pas joué aux épisodes précédents, lire ce test est une mauvaise idée. Spoilers, tout ça...
Max a le pouvoir de remonter le temps. On ne sait pas pourquoi. Ni comment. Mais cela lui a permis de se dépatouiller de nombre de situations, de sauver la mise de certaines personnes, d'en énerver d'autres et de jouer les petites souris ou les savantes. Il lui reste tant à découvrir. Comment aider Chloe, sa meilleure amie d'enfance au tempérament difficile, prise dans des histoires sordides ? Comment retrouver Rachel Amber, disparue mystérieusement depuis des mois ? Comment comprendre les anomalies climatiques qui touchent Arcadia Bay ? En continuant d'enquêter. L'héroïne va s'y atteler.
L'aventure intérieure
Il s'agira d'abord de fouiller des lieux où se cacheraient des indices permettant de trouver la piste de la jeune femme femme évaporée. Quitte à faire le mur, opérer la nuit et se retrouver à devoir user de son "rewind" pour échapper aux lampes torches de surveillants ; à devoir jouer les mères la morale dès lors qu'on trouve de quoi résoudre facilement les problèmes de l'amie aux cheveux bleutés ; à devenir le témoin de scènes embarrassantes. Chaos Theory met aussi l'exploration des personnages en avant. Quelques discussions bien amenées mettent à mal nombre d'a priori, là où des prises de position vont se révéler souvent plus douloureuses qu'escomptées. Les choix déterminés auparavant ont définitivement eu une portée. Sans aucun doute, on sent la trame principale avancer. Avec cette envie de rendre la vie de ceux qu'on aime, et avec qui on va partager de beaux moments, plus douce. Jusqu'à user des manipulations temporelles avec tellement d'application que cela pourrait bouleverser à peu près... tout.
Et si Max...
Le cliffhanger final est juste éblouissant. A s'en pincer et à s'en frotter les yeux pour y croire. Il résulte de la découverte d'une nouvelle capacité aux effets dévastateurs. Il vient ponctuer un travail très réussi sur les émotions, toujours fantastiquement portées par une atmosphère soignée, les rapports avec les autres et l'envie de trouver l'origine d'un mal pour l'éradiquer. Cela en vous mettant face à vos responsabilités. Il amène à réfléchir sur tout ce qu'on a accompli (ou non, comme peut le rappeler l'habituel tableau de comparaison des décisions qui suit les crédits). On se demande si on fait réellement ce qu'il faut, en restant comme deux ronds de flan et n'ayant plus de vision claire de l'avenir. Et ça, en dépit d'une routine "va chercher ces objets pour continuer" qui prend un peu trop de place et met l'aspect ludique en retrait, rend l'attente du prochain épisode, une fois de plus, insupportable.
Ce n'est pas avec cet troisième volet que le gameplay à proprement parler va se bouleverser. En revanche, en matière d'approfondissement du scénario principal et des relations entre une Max qui a l'air de plus en plus perdue et une Chloe cyclothymique, nul doute que vous allez passer deux bonnes heures à frémir. Encore une fois, une réussite.