La cavale des frères Diaz a débuté le 26 septembre 2018. Plus d'un an que les joueurs suivent cette aventure au long cours, évoluant dans un registre assez différent de celle de Max Caulfield mais tout aussi poignante. Voilà que s'achève, avec Wolves, un road trip qui aura su nous prendre aux tripes... jusqu'au bout ?
Rappel : si vous n'avez pas joué aux épisodes précédents, nous vous déconseillons la lecture de cet article qui pourrait vous gâcher la découverte de certains éléments de l'intrigue. Vous êtes prévenus.
Un peu de quiétude, de paix. Après le triste épisode du Nevada, Sean et Daniel en avaient bien besoin. Voilà quelques semaines qu'ils ont trouvé refuge en Arizona, près des canyons et du désert, aux côtés de cet être cher, trop longtemps absent de leur existence. Une nouvelle communauté en marge leur a ouvert les bras, les a adoptés. La planque est presque parfaite. Tout pourrait en rester là. Mais les autorités américaines restent aux trousses des frangins. Et pas question de perdre l'objectif de vue : rejoindre le Mexique. Pour ne plus avoir à se cacher.
Parenthèse enchantée
Une fois de plus, avec une amorce d'une immense douceur, les conteurs de Dontnod parviennent, en une poignées de minutes, quelques échanges, quelques observations - et quelques interactions avec des objets des plus éloquents - à créer une situation crédible avant l'arrivée de la dernière ligne droite. Malgré l'ellipse de plusieurs semaines qui pourrait nous déboussoler, on a l'impression d'avoir soi-même côtoyé les résidents des lieux, de les connaître, de comprendre les relations nouées. Prendre le temps de les aborder, de discuter, paraît naturel. On ne ressent pas le besoin de se ruer vers l'arrivée. Le shot d'humanité fait du bien. Tout comme la présence d'une figure que les fans reconnaîtront immédiatement et pour qui on ne peut avoir que la compassion la plus sincère. Le voyage doit cependant continuer. Pas question de mettre qui que ce soit en danger. Et, comme on pouvait s'en douter, passer la frontière ne sera pas une formalité pour le duo.
L'adieu en larmes
Quitter ce paradis était-il nécessaire ? Sean a-t-il bien éduqué Daniel ? Doit-il réellement porter le poids de leur cavale ? N'y a-t-il pas pour le grand frère et son enano aux pouvoirs inexpliqués d'autres solutions ? Sont-ils réellement préparés à ce qui peut les attendre dans un pays étranger dont beaucoup cherchent à s'échapper ? Et si les États-Unis n'étaient, finalement, pas si mal. La certitude de l'espoir laisse place aux doutes, aux interrogations. Et la beauté du monde rapidement, rattrapée par ce qu'il a de plus grotesque, de plus fou, se retrouve prisonnière de nos choix. Pour ce final, le studio parisien aborde encore l'aspect politique des choses de manière efficace, sans ambages, tournant en ridicule les extrêmes, mais n'oubliant pas que l'on peut, dès lors que l'on a le pouvoir de déplacer des objets par la pensée et qu'on aimerait faire cesser l'injustice, y céder nous aussi. Ainsi, l'ultime choix nous fera ressasser les précédents événements, pour une conclusion qui, quoi qu'il arrive, ne nous laissera pas indemne. Les larmes qui pourraient couler sur les joues des plus émotifs n'auront simplement pas le même goût.
La saison qui confirme
Avec cette deuxième saison, Dontnod prenait forcément un risque. Succéder à Max et Chloe n'avait rien d'évident. Intégrer un autre pouvoir non plus. Mais l'on peut dire qu'accompagner Sean et Daniel, même si l'on n'aurait pas boudé profiter d'une formule de jeu narratif plus joueuse, aura été un plaisir, voire un bonheur. La musicalité des émotions, les ruptures nettes et brutales à des moments inattendus, comme autant de rappels à une réalité très dure, ainsi que le sentiment d'attachement ressenti très souvent confirment un vrai talent des scénaristes en termes d'écriture. La mise en scène globale, servie à merveille par des comédiens convaincants et les mélodies tendres et mélancoliques de Jonathan Morali, ne faillit jamais. Wolves conclut un arc scénaristique engageant, et engagé, dont on se souviendra. Et qui appelle volontiers à ce que l'univers soit encore exploré à l'avenir.