En mai dernier, la deuxième saison de Life is Strange montrait qu'elle pouvait vraiment nous surprendre en changeant de rythme, d'environnement, de thématiques. Presque une parenthèse enchantée, mais qui ne constituait qu'une étape dans la cavale des frères Diaz. Celle-ci continue inexorablement avec un quatrième volet au titre bien choisi : Faith.
Nous mettons en garde nos très chers lecteurs que cette critique peut contenir des spoilers concernant les épisodes précédents. Si vous ne les avez pas fait...FUYEZ !
Séparés. À son réveil, Sean n'est pas avec Daniel. Et plusieurs jours se sont écoulés depuis la dernière fois où il a fermé les yeux. Des semaines. Des mois, en fait. Et d'oeil il ne pourra plus parler qu'au singulier. Oh, il n'est pas malheureux. Il a même eu l'occasion de se faire un ami dans cet hôpital qui l'héberge et prends soin de ses blessures. Mais la situation ne peut définitivement pas lui convenir. Le FBI lui a mis le grappin dessus. Une fois déclaré remis sur pieds, c'est la prison qui attend le grand frère Diaz. Comme il l'a promis, il lui faut retrouver son enano. Déterminé et loin d'être freiné par son nouveau handicap, il peut reprendre la route du Mexique. Qui sait ce qui l'attend.
Un certain regard
La Foi. C'est sur ce thème, affiché en titre, que navigue ce pénultième épisode. Et Sean est bien obligé de l'avoir. Seul, prisonnier, handicapé, ne pouvant compter que sur lui, il n'hésite pas une seconde à se mettre toujours plus en danger, à franchir les obstacles les plus dangereux pour retrouver un petit frère qu'il a juré de protéger. Va-t-il y parvenir ? La question est plutôt comment. Que d'épreuves. Que de coups. Que d'humiliations. Le Nevada, et l'Amérique de manière générale, n'est pas peuplé que de gens bien intentionnés. Il devient alors très difficile de savoir comment réagir en vue d'avancer. S'affirmer ou plier ? Les quelques décisions importantes qu'il faudra prendre pour continuer à façonner le caractère de Sean laisseront des traces. Pas uniquement sur le corps du courageux bonhomme. Également dans son esprit. Et celui du joueur.
Bravo dévots
Dontnod sait toujours y faire en matière d'écriture, de personnages, et d'émotions à faire passer par leur biais. Il y a les figures amicales, voire apaisantes, dont une qui semble sortie d'un chapeau et à laquelle il est bien difficile de résister tant elle est magnifiquement représentée et capable, si on le souhaite, de révéler sa complexité en quelques mots - sans parler de son doublage. D'autres, qui se prétendent bienveillantes ou légitimes dans une religion qu'elles ne manquent pas de bafouer, continuent de révéler une face très sombre de notre monde. Dans le nouveau chapitre de cette odyssée toujours aussi contemplative, soignée dans sa mise en scène, accompagnée de mélodies justes, mais encore pas très joueuse, on aime, on déteste, on craint pour sa vie, sa patrie, sa famille, ses amis, ses croyances. On ne cesse de s'interroger sur les choix adoptés et leurs conséquences, parfois directes ou à prévoir pour l'avenir. Et après trois heures, on n'attend plus qu'une chose : la suite, en décembre prochain, qui marquera aussi un dénouement face auquel on tremble d'avance.