Vous commencez à connaître la rengaine : dès qu'une oeuvre significative de la culture populaire s'apprête à revenir sur le devant de la scène avec un nouveau métrage, Traveller's Tales s'empare de l'occasion pour nous concocter une déclinaison vidéoludique à base de ces fameuses petites briques jaunes nées dans la patrie d'Andersen. Après s'être penchés sur le cas des super-héros tirés des deux écuries de comics principales, le studio ambitionne cette fois de faire montre de son expertise avec l'adaptation des Indestructibles du géant de l'animation Pixar.
Le joueur se voit propulsé au coeur de l'aventure dès l'introduction du jeu. En effet, celui-ci débute là où se termine le premier film (spoiler), avec l'assaut du Démolisseur contre la ville. Les membres de la famille Parr conjuguent alors leurs efforts et leurs pouvoirs afin de se défaire de cet ennemi aux aspirations pour le moins destructrices.
Sans vouloir trop en dévoiler, il s'agit donc d'une adaptation stricto sensu du deuxième volet des Indestructibles, sorti en salles au moment où je rédige ces lignes. Après s'être défaits du Démolisseur, les Parr sont abordés par un certain Winston Deavor, qui souhaite s'associer à eux afin de redorer l'image ternie des super-héros. Estimant qu'Elastigirl est la plus à même d'y parvenir, Deavor l'envoie en mission tandis que M. Indestructible se charge de tenir la maison et de s'occuper des enfants.
Modern Family
Six niveaux permettent de parcourir l'intégralité du scénario de ce second film, le tout pouvant s'accomplir en 3-4h. C'est peu. Fort heureusement, le joueur peut par la suite revivre les aventures du premier film, pour un nombre de niveaux et un temps consacré à peu près équivalent. Concernant l'humour inhérent aux adaptations LEGO, on reste dans une tonalité classique : amusant, sans être hilarant. Il est dommage de noter que la dimension parodique demeure sous-exploitée, notamment lorsque l'on sait que l'oeuvre originale apporte déjà avec elle ses propres moments d'humour. Ajoutée à cela, la portée comique de certaines scènes se retrouve parfois altérée par les défaillances de la synchro labiale.
Le rendu visuel du titre s'avère assez pauvre sur Switch (version testée), que ce soit en mode tablette ou en mode salon, certaines textures nous renvoyant même à une période vidéoludique proche de la sortie du premier film... (2004, pour mémoire). De plus, le framerate y est vacillant ; heureusement, cela n'empiète pas sur le plaisir de jeu, surtout que les saccades concernent le plus souvent des cutscenes. Concernant les temps de chargement, considérez que vous avez amplement le temps de vous couler un petit bain avant de reprendre le jeu en main.
Parr ici la castagne !
Le coeur du gameplay demeure le même dans cette nouvelle itération des jeux LEGO. Ainsi, le joueur passera le plus clair de son temps à détruire tout sur son passage, glaner des petites piécettes et tabasser du menu fretin. Les affrontements sont toujours aussi peu tactiques : il suffit au joueur de marteler la touche d'attaque pour se débarrasser des adversaires, sachant qu'à partir d'un certain nombre de taloches administrées, le personnage peut enclencher une super-attaque dévastatrice qui lui est propre.
Les personnages peuvent accéder à une multitude de capacités et de pouvoirs classés en une petite quarantaine de catégories, selon ceux qui sont contrôlés par le joueur : force brute, élasticité, pouvoir de glace, télékinésie, nage... Ces aptitudes peuvent trouver leur application au cours des affrontements, mais c'est davantage lors de l'exploration de la ville et lors de la progression de l'aventure principale qu'elles seront le plus exploitées : passer à travers un conduit pour activer un mécanisme, déplacer un obstacle lourd obstruant un passage... Certains de ces pouvoirs peuvent même se combiner, avec par exemple le fougueux Flèche qui pénètre dans le champ de force de sa soeur Violette afin de franchir rapidement certaines zones sans perdre de vie.
De façon générale, le jeu conserve l'accessibilité propre aux titres de Traveller's Tales. Que ce soit lors des missions de l'intrigue principale ou lors de l'exploration de la ville, tout reste assez dirigiste, voire automatisé. Ainsi, une flèche indique le chemin à suivre, les éléments comportant des items importants sont en surbrillance, les pouvoirs à utiliser pour déverrouiller telle ou telle situation sont signalés par un petit pictogramme... Bref, le titre s'adresse avant tout au grand public, celui qui se rue pour aller voir les films au cinéma. Dommage que le challenge en soit à ce point absent.
Un grand brique à brac
L'intérêt du titre réside dans la possibilité d'explorer librement les villes de Municiberg et de New Urbem, organisées toutes deux en quartiers. Ces derniers comportent un nombre conséquent de défis et d'objectifs à accomplir, pour peu que le joueur daigne en inspecter chaque recoin : étals à réparer, pickpockets à appréhender, civils à sauver de situations délicates... La routine d'un super-héros en somme. Parmi ces défis, l'un d'eux prend une place prépondérante dans le jeu : les vagues de crime. Un quartier de la ville se retrouve en proie à la menace d'olibrius aux intentions plus ou moins néfastes ; nos super-héros doivent alors intervenir à plusieurs endroits du quartier pour aider à neutraliser les criminels ou stopper les débuts d'incendie par exemple. Une fois les objectifs de la vague de crimes accomplis, le joueur peut dès lors consulter sur la carte l'ensemble des points d'intérêt du quartier sauvé.
Car ces derniers sont légion dans le titre : briques rouges et dorées disséminées dans la ville, dont certaines ne sont accessibles que par l'accomplissement d'objectifs divers, et une centaine d'indestructibriques (sic) à dénicher afin d'édifier des constructions rappelant l'univers des longs-métrages Pixar. De plus, le joueur a la possibilité de recommencer les missions de l'aventure principale en mode Jeu libre et ainsi récupérer des items inaccessibles avec les personnages imposés au départ, comme les fameux mini-kits.
Enfin, plus d'une centaine de personnages, tous avec leurs capacités ou pouvoirs spécifiques parmi ceux évoqués plus haut, sont à débloquer au cours de l'aventure principale ou lors de l'exploration de la ville. Si certaines acquisitions ne sont que des variantes des personnages principaux ou de simples figurants des films Indestructibles, d'autres nous mettent dans la peau de figures issues des autres longs-métrages Pixar, tels que Dory du Monde de Nemo ou encore Mérida de Rebelle. Ainsi, si l'aventure se conclut en 8h à peu près, vous pouvez bien tripler ce nombre d'heures si vous escomptez atteindre le 100% de complétion.