En plus d'objets plus ou moins utiles, les Épreuves Légendaires ont ajouté de sérieux défis à The Legend of Zelda : Breath of the Wild, qui viennent non seulement prolonger quelque peu l'aventure, mais encouragent même à la recommencer sous des cieux moins cléments. Cette première extension laisse pourtant un sentiment d'inachevé, en l'absence de sanctuaires et d'éléments narratifs supplémentaires. Des lacunes que L'Ode aux Prodiges promet justement de combler...
Breath of the Wild a réinventé la série tout en repoussant les frontières du jeu en monde ouvert, et l'Ode aux Prodiges débute précisément là où tout a commencé. Toutefois cette épreuve sur le Plateau Isolé nécessite d'avoir déjà libéré les quatre Créatures Divines de l'emprise de Ganon, autrement dit cela suppose une certaine connaissance, voire une connaissance certaine de cet épisode. Tout d'abord, L'arme dont Link prend possession a la caractéristique de tuer n'importe quel ennemi d'un seul coup, mais aussi de ne laisser qu'un quart de coeur de vie à son porteur. Et comme cette bien nommée "tétralame Mort-Subite" ne peut frapper que deux fois avant de devoir se recharger, la moindre escarmouche demande de l'habilité, sans quoi elle se solde par un Game-Over immédiat (avec un retour au dernier point de sauvegarde fort heureusement).
Ganon's Souls
Or l'assaut des campements établis sur place n'a rien d'une promenade de santé, les ennemis étant nombreux, malicieusement positionnés et souvent choisis parmi les plus redoutables. Ces affrontements s'apparentent donc à des casse-tête dans le sillage de l'Épreuve de l'Épée, nonobstant la conservation d'une grande partie de l'équipement de notre héros, en particulier l'arc. Il faut ainsi consciencieusement planifier les offensives et maîtriser parfaitement les techniques de combat une fois celui-ci déclenché, sachant que le déroulement en milieu ouvert complexifie les choses. Le surcroît d'espace autorise certes la fuite, cependant il entraîne également des situations moins prévisibles avec la multiplication des interactions potentielles. De quoi donner du "Link à retordre" aux plus aguerris, néanmoins c'est le prix à payer pour accéder aux nouveaux sanctuaires.
Spiritus Sanctum
Suivant la même approche, ces lieux font appel aux différents pouvoirs et à leurs fonctionnalités les plus avancées, qu'il s'agisse de batailles en environnement confiné ou d'énigmes, naturellement. L'imagination des développeurs en la matière mérite une fois de plus d'être saluée, de la même manière que les possibilités de ces aptitudes, qui se montrent décidément vertigineuses. Fondamentalement, ces épreuves mènent à utiliser des subtilités du gameplay à peine effleurées jusqu'alors. Car même après des centaines d'heures à arpenter ces contrées, on s'étonne d'essayer d'autres stratagèmes sous la contrainte de ce challenge impitoyable. Ce n'est pourtant qu'un préambule à l'expérience grandeur nature, puisque la perte de cet outil dévastateur marque le départ de son élargissement à toute la carte d'Hyrule, au son de l'accordéon d'Asarim.
Refrains d'antan
Ces régions résonnent encore des exploits des fameux Prodiges, de sorte que les ritournelles toujours très poétiques de notre barde aident à retrouver leurs traces, en sus d'une vue aérienne assez sommaire des endroits où se terrent d'autres sanctuaires. Autant de petits mystères, d'exercices d'adresse parfois ébouriffants ou d'affrontements dantesques en perspective, qui suscitent éventuellement la découverte de territoires auparavant connus presque uniquement chez les chasseurs de Korogus. Cette quête moins punitive pousse les mécaniques dans leurs derniers retranchements, notamment pour les puzzles, démoniaques. Dommage qu'ils ne soient pas tous neufs, à l'instar des redites de Boss soumises à des restrictions d'arsenal, tandis que le donjon final ressemble à un amalgame des précédents, jusqu'à l'ultime adversaire, surprenant et familier à la fois.
Devoir de mémoire
Au delà de capacités renforcées, l'intérêt réside dans les bribes d'histoires rassemblées chemin faisant. Les quelques séquences cinématiques s'avèrent d'ailleurs plus touchantes qu'instructives quant au passé des Prodiges, leurs journaux respectifs contenant davantage d'informations. Cette légèreté scénaristique apparaît décevante si on attendait des révélations, ou à une réelle expansion géographique, mais elle s'inscrit dans la philosophie narrative laconique de cet épisode. La vraie récompense, telle que l'illustre la monture à deux roues un tantinet décalée reçue à l'issue de la campagne, et la collection d'objets plutôt pratiques glanés à travers les missions annexes initiées par les rumeurs, c'est l'opportunité de revenir explorer cet univers, afin de s'en imprégner plus profondément. Une belle façon de rendre cette oeuvre encore plus inoubliable, sans que ce dernier chapitre - en théorie - ne devienne absolument indispensable.