La nature, l'eau fraîche, un cristal descendu du ciel et un héros amnésique qui cisaille des monstres à tour de bras ça vous parle ? Oui ? Alors Harvestella devrait vous plaire.
Entre deux grosses licences, Square Enix dégaine Harvestella, une toute nouvelle IP qui fleure bon le printemps, même si le jeu sort en hiver. En mélangeant un zeste de Final Fantasy et beaucoup de Harvest Moon, l’éditeur japonais compte prendre d’assaut la petite Switch et le PC pour la fin d’année. Mais encore faudrait-il qu’il en ait les épaules.
Je n’ai plus de mémoire, mais j’ai une pelle et un râteau !
Haverstella est donc un mélange des genres, le popotin coincé entre deux chaises. Celui du JRPG classique que l’on retrouve très facilement dans le catalogue Square Enix, Final Fantasy en tête, et un peu (beaucoup) de simulation light à la Haverst Moon. On se retrouve donc dans la peau d’un personnage, que l’on pourra d’ailleurs genrer ou non. Notre héros se réveille alors en plein milieu d’un épais brouillard, guidé par une étrange entité aux courbes féminines, puis s'évanouit de nouveau.
Récupéré par les habitants du village voisin, on se retrouve donc alité et amnésique, jusqu’à ce qu’un étrange cristal tombe du ciel et menace toute la populace locale. Dès lors, on se lancera en quête de réponses en plongeant dans une trame cousue de fil blanc, qui essayera de remplir toutes les cases du parfait JRPG. Et il y arrive partiellement puisque la trame nous tiendra en haleine quelques dizaines d’heures. Mais ça se fera au prix d’un nombre incalculable de dialogues souvent cuculs, frôlant parfois l’absurde tant les personnages peuvent passer du coq à l’âne. Le tout est servi par une mise en scène simpliste au possible, et lorsque les dialogues ont du mal à nous tenir en haleine… on somnole.
Malgré ça, étonnamment, on tient le coup. Et si Harvestella arrive à nous garder derrière notre écran, c’est parce qu’il a d’autres outils dans sa manche : un gameplay accessible, une recette addictive et une fraîcheur qui fait beaucoup de bien.
Que c’est meugnon
Dans Harvestella, tout est mignon et coloré. La direction artistique, croisement entre Final Fantasy et un character design chibi adulé par beaucoup, fait vraiment un joli travail. Que ce soit sur Switch ou sur PC, le jeu est particulièrement séduisant à l'œil, bien qu’il ne faudra pas s'attarder sur sa technique. D’un côté, la petite Switch a bien du mal à tenir la cadence et accuse beaucoup d’aliasing, de clipping et d'autres textures pas très belles. Tandis que de l’autre, la version PC ne semble pas tout donner et l’on sent qu’elle pourrait bien mieux faire. On se passera d’ailleurs de faire un comparatif détaillé entre les deux versions puisqu’elles ne se battent pas dans la même catégorie. Quoi qu’il en soit, même avec une technique qui aurait mérité un coup de polish, Harvestella reste agréable à l'œil et particulièrement fluide, peu importe sa version.
Quelques défauts techniques qui n’arriveront toutefois pas à occulter la petite réussite artistique donc. Et c'est tant mieux puisque cette dernière nous accompagnera des heures durant à travers tout un tas d’environnements différents. Des champs verdoyants, au village rural du coin, en passant par la montagne et autres forêts. On regrettera d’ailleurs que l’exploration n’y soit pas plus libre. Cela ne nous empêchera toutefois pas de s’y promener en profitant dans le même temps de l’OST tout à fait charmante. Explorer est de toute façon l’une des meilleures façons (la seule parfois même) pour récolter tout un tas de matériaux. Que ce soit dans l’environnement lui-même ou en affrontant le bestiaire, plus que généreux, composé d’une grande quantité de créatures au design réussi.
Boulot, baston, dodo
Ce sont ici les deux autres forces de ce Harvestella, son fameux côté Harvest Moon ou Story of Season, et son gameplay aussi accessible qu’efficace et cohérent avec le reste de l’expérience.
Rapidement dans le jeu, on se retrouve avec une petite ferme et quelques bouts de terrain cultivables pour commencer à gagner notre croûte. Comme dans les jeux dont il s’inspire directement et sans se cacher, Harvestella divise son aventure en jours et en saisons. Le temps avance avec ou sans nous et l’on devra rapidement se faire un planning en jonglant entre nos quêtes et nos champs. Pour couronner le tout, il faudra garder un œil sur notre jauge d’endurance qui se consomme à chacune de nos actions. Mais c’est à l’horloge qu’il faudra faire le plus attention puisque les jours défilent à une vitesse folle, nos cultures poussent et mûrissent en fonction et à minuit, on doit obligatoirement se retrouver au lit sous peine de tomber dans les pommes.
Chaque jour donc, on labourera nos terres pour y planter des graines récupérées en exploration ou achetées au magasin du coin, et l’on récoltera les fruits de notre travail quelques jours plus tard. À chaque légume ses conditions, son temps de maturation et sa saison. Harvestella n’ira toutefois pas plus loin dans l’aspect gestion et se contentera du strict minimum. On pourra tout de même compter sur plusieurs dizaines de fruits, légumes et céréales à cultiver, pas mal d’outils à crafter et quelques terres supplémentaires à déverrouiller pour étendre sa ferme.
Bien qu’assurément répétitives, et pas spécialement généreuses en termes de gestion pure, les mécaniques qui entourent l’agriculture ont le mérite de nous offrir un sentiment d’évolution constante, et demeurent particulièrement addictives. On s’y plaît, et les amoureux du genre apprécieront assurément ce côté accessible.
Héros et agriculteur, des métiers ouvert à tous
Une accessibilité que l’on retrouve également du côté des combats. Ces derniers, nombreux dès que l’on s'aventure loin de notre nid douillet, sont plutôt dynamiques. En revanche, ils se résument bien souvent à marteler une seule et unique touche pour frapper comme un sauvage sur tout ce qui bouge. Et si du côté de l’agriculture on aura vite fait de s’améliorer, le ressentit ne sera pas le même du côté RPG. Ici, pas question de distribuer des points de statistiques ou de gérer un quelconque équipement. On aura bien accès à diverses classes et compétences (actives ou passives), mais la difficulté est tellement peu élevée qu’elles deviendront vite accessoires. On pourra donc ici simplement saluer leur présence. Pour les non-initiés au genre en revanche, c’est une excellente façon de se faire la main.
Accessibilité ou fainéantise ? C’est selon l’opinion de chacun puisque finalement, ce lissage des mécaniques RPG et de combat se marie parfaitement avec le ton de l’aventure et sa proposition globale. De notre point de vue, Harvestella se positionne comme un jeu particulièrement reposant qui cherche avant tout à mettre les joueurs à l'aise sans les agresser d’un déluge de mécaniques. Et vu comme ça, le soft réussi parfaitement son contrat, quitte à laisser les joueurs en quête de challenge et de JRPG sur le carreau.