Après plusieurs années de gestation via son accès anticipé sur PC, Gorn a fait son arrivée sur PlayStation VR. Réputé pour sa violence mais aussi pour son côté défouloir, est-ce cependant suffisant pour en faire un bon jeu ?
Commercialisé en accès anticipé depuis 2017 sur PC, Gorn a depuis lors relativement évolué. Nous y incarnons un gladiateur, obligé de combattre pour obtenir sa liberté. Aucun scénario à l'horizon, il ne s'agit à vrai dire que d'une suite de combats volontairement grotesques au cours de 9 niveaux répartis dans 3 arènes différentes.
GORN to be alive
Le schéma est le même à chaque fois, on combat quelques petites vagues de gladiateurs, seul contre tous, puis nous participons à un combat de mêlée, chacun pour soi donc, pour ensuite terminer sur un combat contre le boss du niveau. Chaque combat nous donne l'occasion d'essayer de nouvelles armes, certaines contondantes, d'autres tranchantes, mais également des armes à distance comme des arcs, arbalètes ou même des canons portatifs, ainsi que des armes moins conventionnelles telles que des griffes rétractables façon Wolverine ou encore des pinces de crabe. En frappant vos ennemis, vous pouvez les assommer et les finir au sol, mais attention à ne pas prendre de coups en retour. Un seul dégât et c'est la mort quelques secondes plus tard, à moins que vous ne tuiez l'un d'entre eux, seul moyen de récupérer votre santé.
Si l'on n'atteint pas le degré de réalisme du récent The Walking Dead : Saints & Sinners pour l'inertie des armes, il existe cependant une différence entre le mouvement effectué et le résultat en jeu. Une arme lourde, qu'il faut obligatoirement tenir à deux mains, aura donc tendance à être en retard par rapport à notre mouvement. Le retard se traduit alors par un effet élastique et rebondissant des armes, mais vu l'aspect loufoque du jeu, ce n'est pas un défaut en soi.
GORN Hub
Comme dit précédemment, Gorn a relativement évolué depuis 3 ans, mais cela ne l'empêche pourtant pas d'être à la ramasse sur certains points, la réalité virtuelle ayant malheureusement évolué plus vite qu'il n'a lui-même progressé. Son principal défaut vient du fait qu'aucun système de déplacement standard ne soit proposé dans cette version PSVR. Nous sommes ainsi condamnés à utiliser un moyen de déplacement archaïque qui consiste à « agripper » le monde, ou plutôt l'air autour de soi, et le tirer pour se mouvoir dans l'arène de combats, un peu comme si nous étions sur un fauteuil roulant. Si ce principe fonctionne très bien sur les jeux point'n and click tels que Down the Rabbit Hole ou The Curious Tale of the Stolen Pets, ce n'est absolument pas le cas d'un jeu d'action en vue à la première personne. Le comble, c'est qu'un système de déplacement «"traditionnel" est disponible officiellement sur la version PC. L'absence de joysticks sur les PlayStation Move n'est pas une excuse puisque nombreux sont les développeurs à avoir trouvé comment s'en passer, depuis bien longtemps, utilisant le Sixaxis et la manette entière comme un joystick géant. Cela fonctionne très bien, mais pas de ça ici !
L'autre problème majeur de Gorn est l'absence d'aide à la saisie. Si votre zone de jeu est trop proche de la caméra PlayStation, il vous sera impossible d'approcher vos mains du sol pour ramasser les armes, les PS Move sortant du champ de vision de celle-ci. Les développeurs n'ont même pas daigné ajouter ce qu'on appelle un "grab helper", pourtant très courant dans les jeux VR, qui permet d'attraper les objets de loin en les pointant. Son absence rend souvent le jeu injouable à moins de régler le sol virtuel plus haut, vous donnant tout à coup l'impression d'être un très petit enfant. Autant vous dire que tout ça couplé au système de déplacement désastreux, le jeu n'amuse même pas.
Nothing's fine, I'm Gorn
Et c'est dommage, car le jeu est conçu pour faire rire. Découper des gladiateurs dans tous les sens, les écraser au sol, leur arracher le coeur ou encore les empaler sur des pieux, le tout dans un torrent d'hémoglobine et avec le public qui rit de vos actes, c'est plutôt amusant si l'on n'est pas en train de pester contre les déplacements. Notez par ailleurs qu'un mode piñata permet aux âmes sensibles de profiter du jeu en transformant les ennemis en personnages de papier.
Gorn se termine en 3 petites heures, à condition d'avoir le courage et la patience de surmonter les problèmes de conception et sa répétitivité. Hormis un boss particulièrement original et un peu plus difficile (le crabe), ainsi qu'un boss final plutôt surprenant, tous les autres ne semblent être que du remplissage, c'est à dire des gladiateurs un peu plus armés ou parfois un tout petit peu plus grand, qui peuvent le plus souvent être vaincus en moins de 20 secondes dès le premier essai. Viennent s'ajouter un mode de jeu « personnalisable » à souhait ainsi qu'un mode infini pour les plus téméraires des joueurs. Gorn n'est pas foncièrement un mauvais jeu (il y a bien pire), mais il aurait été plus acceptable s'il était sorti en 2017 et surtout, s'il n'essayait pas de faire différemment certaines choses que bien d'autres jeux PSVR ont accompli avant lui. En 2020, difficile de l'apprécier en l'état...