Encore une remasterisation. Eh oui. Ni la première, ni la dernière, cette version PS4 du dernier volet de la quête de vengeance de Kratos n'en demeure pas une bonne occasion de découvrir l'un des jeux qui ont marqué l'année 2010. Mais si on a déjà eu l'occasion de partir en guerre aux côtés du fantôme de Sparte sur PS3, à l'époque de ce test, cette version affinée en vaut-elle la peine ?
Kratos est énervé. Il est né énervé. Il en veut à la terre entière et surtout à Zeus. Lorsque débute ce troisième volet, il ne reste que peu d'obstacles entre lui et le patron de l'Olympe. Sur le dos du Titan Gaïa, il semble impossible à arrêter. La première séquence donne, comme toujours dans la série, le ton : du spectaculaire, du colossal, du brutal, du dégueulasse. Tournant à plein régime, Kratos se charge des différentes formes de Poséidon sans trembler. Le joueur de se voir minuscule et pourtant tout puissant, capable d'atomiser une divinité devenue cheval d'eau de plusieurs dizaines de mètres en faisant tournoyer ses lames avant de multiplier les pains - dans une scène absolument mémorable. Mais l'objectif final devra attendre. Le Grexit selon le fossoyeur d'Arès sera pour plus tard. Un incident de dernière seconde va, comme de bien entendu, faire perdre ses pouvoirs au Fantôme de Sparte, alors qu'il était à deux doigts du bol de sangria.
Zeus m'habite
C'est donc reparti pour une nouvelle montée en puissance dont le musculeux chauve a le secret. Déjà bien vaillant lorsqu'il part à l'assaut avec ses simples biscoteaux et deux lames liées à des chaînes, Kratos va peu à peu récupérer de quoi débloquer des situations pas toujours très simples. De nouvelles lames, un arc, des gants très spéciaux, des bottes permettant d'escalader les murs, une lampe un peu particulière pour aveugler les ennemis et j'en passe : récupérer ce qui fait office d'arsenal et de clé pour certains mécanismes demandera des sacrifices. De la part de ceux qui croiseront votre chemin. Outre le bestiaire fait de cyclopes, gorgones, squelettes, minotaures, sirènes ou centaures que l'on achève à coups de QTE enragés, ce beat them all énergique nous met face à des figures emblématiques d'une mythologie grecque réinterprétée avec beaucoup d'irrévérence et un certain sens de la démesure. Chaque combat, déluge de combos pas toujours exigeant qui peut s'achever de manière ultragore et soutenu par une bande son fort à propos, paraît épique. Chaque puzzle, intéressant. La rythmique est soutenue, haletante. Quand bien même on pourrait voir moins de pays qu'avec les deux volets précédents, la douzaine d'heures d'escapades guerrières, ponctuée par un peu d'amour, déçoit rarement. C'est maîtrisé de bout en bout, tant dans le jeu que la mise en scène.
Ne connaît pas la crise
Toujours aussi fonctionnel, donc. Mais note-t-on des signes de vieillesse au passage à la version PS4 ? Hormis quelques textures ici et là et des modélisations qui accusent le poids des années, on peut dire que le boulot n'a pas été bâclé. Upgradé en 1080p/60fps pour un confort visuel certain, ce Remaster HD fait le job qu'il faut pour qu'aucun sentiment de répulsion ne vienne interrompre la petite sauterie du guerrier blafard et tatoué. Les éclairages retravaillés ainsi que quelques effets supplémentaires donnent un peu de densité à un ensemble déjà, de base, fort ravissant. Donc, on ne peut qu'acquiescer. Maintenant, si l'on connaît déjà la mouture PS3, peut-on raisonnablement se plonger dans celle-ci ? Vous faites ce que vous voulez, je ne suis pas votre Maman. Néanmoins, le lissage si plaisant pour nos yeux ne justifie peut-être pas pas un nouveau passage à la caisse. Il n'y a vraiment rien de neuf à découvrir en dehors d'un mode photo assez limité - caméra fixe oblige. En revanche, les gamers possédant une PlayStation 4 et qui seraient passés à côté de l'original peuvent se lancer sans hésiter dans cette conclusion sanglante de la saga. Ça peut valoir le coup de réviser avant, qui sait, un jour, l'annonce d'un nouveau chapitre...
J'avoue que, pour ma mémoire, j'ai fini à nouveau God of War III avec cette édition Remastered. Et que je n'y ai pas trouvé grand-chose à redire. Preuve que, pour moi, le charme agit toujours. S'il n'est pas rare d'apercevoir quelques rides, l'ensemble a été suffisamment bien retravaillé pour que l'on n'ait pas à crier au scandale. De fait, les personnes en quête d'un jeu à grand spectacle efficace et défoulant pour un peu plus d'une dizaines d'heures et qui n'ont jamais eu l'occasion de grimper l'Olympe avec Kratos pourront foncer tête baissée.