La Switch est une console qu'il est difficile de classer. Tantôt de salon lorsqu'elle est sur son dock, tantôt nomade lorsque vous décidez de l'emporter partout, il est assez logique d'y voir arriver des jeux au départ taillés pour les tablettes et smartphones. C'est le cas de Gear.Club Unlimited, qui apporte à la Switch son premier "vrai" jeu de courses de voitures.
Il faut l'avouer, savoir que Gear.Club est un jeu importé et adapté des smartphones et tablettes a plutôt de quoi refroidir le joueur classique, même si la Switch n'a pas l'image du hardcore gaming que peuvent porter PS4 et Xbox. Dissipons de suite ce doute, sur tablettes déjà Gear.Club est un jeu de course très complet qui, certes, possède un modèle free to play avec micropaiements pour accélérer les choses, mais affiche également des bases très solides pour qu'un portage sur une véritable console se passe bien. Avec Gear.Club Unlimited, vous en aurez pour l'argent que vous décidez d'investir (entre 40 et 50€ selon le fournisseur).
Sous les auspices de l'arcade
L'oeil de l'amateur exercé en matière de courses automobiles l'aura de suite noté, Gear.Club ne joue pas dans la cour des simulateurs de conduite. C'est une chose qu'il ne revendique absolument pas et son gameplay est évidement prévu en conséquence.
La conduite se veut très arcade, mais quelques principes fondamentaux sont respectés, lui conférant suffisamment d'intérêt pour qu'il soit nécessaire de s'entraîner et de s'adapter aux tracés qui sont proposés. Ainsi, il faut toujours être dans le bon timing pour plonger dans les virages et perdre le moins de temps possible. Pour les premières parties, vous pouvez bénéficier de toute une panoplie d'aides allant de la simple trajectoire suggérée, jusqu'au freinage et à l'accélération automatique. Cela permet au titre d'être accessible aussi bien pour les plus jeunes que pour les adultes, en notant que pour récompenser les plus indépendants, les performances sont évidement meilleures sans aucune aide.
La Switch ne propose pas de contrôles très adaptés aux jeux de voitures. Aussi l'accélération est binaire (à fond ou rien), ainsi que le freinage. La course de direction du joystick gauche est si faible qu'il est compliqué d'obtenir un dosage correct du rayon de braquage. Après une période d'accoutumance, on parvient à s'en sortir. Si vous avez envie d'être plus précis, la reconnaissance de mouvements vous propose de contrôler les bolides de la même façon que sur tablette ou smartphone, c'est à dire en inclinant plus ou moins la machine. On perd en lisibilité, mais on gagne en précision.
A propos de lisibilité et précision, deux vues vous offrent de donner la priorité à l'un ou l'autre. La vue capot est parfaite pour mieux sentir la voiture (notamment lorsqu'elle commence à déraper), celle qui se trouve en arrière du bolide pour mieux anticiper les courbes et les virages, le plan qui se trouve sur la gauche de l'écran étant trop éloigné du point d'horizon. Il faut donc éviter de le regarder pour anticiper, sous peine de se trouver rapidement dans le mur. Encore un peu trop proche pour vraiment bien anticiper, cette vue sera complétée en janvier prochaine par une position de caméra encore plus élevée. Les conséquences d'une erreur sont négligeables, un "rollback" façon Forza vous permet de remonter de quelques secondes dans le temps, et il n'y a pas de gestion des dégâts. De l'arcade et du plaisir, on vous dit.
Un contenu énorme
Gear.Club propose un contenu impressionnant. Le Hub du jeu affiche une carte voilée par des nuages, les différentes zones de courses se découvrent au fur et à mesure que le pilote gagne des étoiles en compétition. Trois en cas de victoire et évidement une de moins par place perdue. Tout comme la conduite, la difficulté est adaptable, celle qui est choisie par défaut convient au joueur moyen qui améliore correctement sa voiture (nous y reviendrons plus tard). La zone qui demande le plus d'étoiles en est à 455. Grosso modo, ce sont plus de 400 courses que proposent les quelques 200 tracés dans 3 principaux environnements : une plaine verdoyante, un désert brûlant et des montagnes rocheuses. En outre, certains tracés sont estampillés "Rallye" car ils se déroulent sur la terre, la principale différence étant la tendance à survirer à la moindre tentative d'accélération. Les virages se négocient donc tout en glisse.
Il est intéressant de noter que les tracés n'hésitent pas à jouer du relief, ce qui influe grandement sur la conduite. On peut se contenter par exemple de juste relâcher l'accélérateur pour aborder un virage en montée et il faut anticiper le freinage si une courbe serrée se présente en descente. De la même façon, les quelques sauts qui se retrouvent principalement sur les pistes typées Rallye doivent être prévus pour ne pas terminer dans un mur et perdre du temps.
Quel que soit le décor, on peut être déçu par ce qui défile dans les campagnes. Les graphismes sont même un cran en dessous de ceux que l'on peut trouver sur les smartphones les plus récents si on veut effectuer un comparatif. L'aliasing est bien présent et si l'animation procure une bonne impression de vitesse, il y a quelques saccades très brèves notables lorsque la machine est placée sur son dock. Ces dernières se font pardonner avec de jolis effets de lumière, que ce soit en lens flare, de nuit ou au crépuscule.
Quelques bugs sonores sont également à noter sur la version testée (disparition du son moteur), et il a même fallu redémarrer un jeu planté à quelques reprises. Il faut cependant modérer l'impact de ces ennuis qui restent anecdotiques et qui doivent être réglés par un patch disponible à la sortie du jeu.
Pimp ma caisse
Une bonne partie de la gestion de la flotte de véhicules s'effectue via le Performance Shop qui n'est autre qu'un joli garage personnel, alimenté par les gains acquis pendant les courses. Une fois un véhicule acquis dans l'une des quatre classes principales, son indice de performance peut se voir amélioré sur différents postes mécaniques. Ces derniers sont mis à disposition au fur et à mesure de l'évolution du pilote en niveaux via un traditionnel système d'expérience.
La voiture s'améliore ainsi sur ses aspects mécaniques comme les freins, la puissance moteur, la boîte de vitesse ou l'adhérence des pneus. La soufflerie est également présente pour travailler sur la tenue de route. Globalement vous améliorez l'accélération, la vitesse de pointe et la tenue de route. Les aspects cosmétiques sont également présents avec bon nombre d'éléments à changer sur les voitures comme les jantes, les entrées d'air, les sorties d'échappement ou les ailerons.
On termine ce tour d'horizon esthétique avec l'atelier de peinture, qui propos des teintes en fonction du modèle de véhicule à traiter. D'ailleurs on ne fait pas n'importe quoi avec ces couleurs, car ce sont de véritables marques qui sont présentes dans Gear.Club. Ici, pas question d'inventer des marques, les gens d'Eden Games sont des amoureux de sports mécaniques de longue date (V-Rally et Test Drive Unlimited, c'était eux). Vous pourrez ainsi conduire des Mercedes, des Lotus, des McLaren, Nissan, Alpha Romeo ou des Porsche, via le truchement du préparateur RUF.
Plaisir partagé
Rien qu'avec les qualités déjà importées de la version Smartphones et tablettes, Gear.Club a de quoi séduire. Le travail des Lyonnais d'Eden Games ne s'est cependant pas focalisé seulement sur le portage vers la plateforme Switch. Cette version bénéficie de modes de jeu qui collent aux objectifs de convivialité de la machine de Nintendo.
Outre le mode Ligue qui n'est autre qu'un contre la montre en ligne, ce sont surtout les modes deux et quatre joueurs qui font leur apparition dans le jeu. C'est un mode tellement spécifique, qu'il fait l'objet d'un choix à réaliser au lancement du jeu. Quelle que soit la configuration de la console (nomade ou salon), ce sont jusqu'à quatre joueurs qui peuvent se tirer la bourre en local.
Bien entendu, l'affichage souffre surtout lorsque l'écran est séparé en quatre et il vaut mieux dans ce cas se placer devant un véritable écran de TV, mais cela reste étonnamment jouable, même si la vue plus reculée attendue pour le début de l'année devrait améliorer grandement les choses. Le choix des voitures est dans ce cas libre et celui des circuits ajoute une fonction inversée pour découvrir les tracés du solo sous un autre angle. Si le jeu solo n'est peut être pas aussi beau qu'on aurait pu le vouloir, c'est sans doute à cause du temps consacré à développer les modes multijoueur. Cet effort est assez rare de nos jours pour être souligné. Pour le moment cantonné à des courses simples, il sera également possible de créer des championnats en mode multi local avec le patch de janvier.
Gear.Club est le premier jeu de courses de voitures de la Switch et il ne profite pas du champ libre pour faire une proposition au rabais. Il colle parfaitement à la philosophie de la Switch qui consiste dans ce cas, à pouvoir faire une partie de temps en temps. Les sessions trop longues de jeu risquent de mettre en avant un aspect par trop répétitif des courses, malgré une certaine variété dans les environnements. Il sera alors temps de défier des amis ou de la famille avec le mode en local compétitif.