Le prolifique studio nDreams, créateur de nombreux jeux en réalité virtuelle dont Phantom : Covert Ops sur les casques Oculus, livre cette fois une exclusivité PS VR annoncée il y a tout juste quelques mois via le PlayStation Blog. Après une démo jouable qui a largement convaincu, il est temps de parler de tout le reste. Alors, Fracked a-t-il l'âme d'un grand jeu VR ?
On ne peut pas dire que Fracked est passé inaperçu. Depuis son annonce, la communication autour du titre de nDreams a été quasi continue, soit via le PlayStation Blog, soit par l'intermédiaire d'une démo jouable et des précommandes lancés un mois avant sa sortie. Le jeu débute en altitude avec le héros que nous incarnons, fraichement déposé par un hélicoptère. Notre mission consiste à rejoindre une usine isolée dans la montagne afin d'y combattre une légion d'ennemis venant d'une autre dimension, avant que ceux-ci n'envahissent la planète entière. On enfile un casque, on chausse nos skis mais heureusement ici, pas de risque de se frack-turer une jambe.
Ça frack-asse !
Le ski est le premier type de gameplay auquel nous sommes confrontés et c'est aussi ce qui va être le plus amusant au cours de cette aventure. En se penchant légèrement sur les côtés, nous pouvons contrôler la direction lors de la descente, tandis qu'il est toujours possible de tourner la tête pour profiter du décor tout autour. Pas d'arme en main pour cette première fois, juste l'occasion d'apprendre les contrôles, tandis que la vitesse augmente peu à peu et qu'une avalanche, déclenchée par une explosion ennemie, dévale sur notre flanc. Plusieurs sauts vertigineux plus tard, nous voilà à l'abris dans un chalet en ruine, et c'est sans nos skis que nous nous déplaçons désormais.
A pieds, les contrôles sont tout à fait standards pour le PlayStation VR. Les deux PlayStation Move en mains, on presse la touche « Move » tout en pointant dans la direction souhaitée, tandis que les boutons « X » et « O » de l'autre manette permettent de tourner (choix de rotation angulaire ou libre dans les options). Une des forces de Fracked réside dans son concept de cover shooting à l'aide du motion gaming. Ça fait beaucoup de mots anglais dans une même phrase, mais comprenez par là que l'on peut agripper la plupart des rebords dans l'environnement de jeu (barrières, caisses, murs etc...) et s'abaisser virtuellement pour se cacher derrière divers obstacles, tandis que l'autre main peut canarder les ennemis tout en restant à couvert. Que ce soit le pistolet ou la mitraillette, le rechargement se fait aussi en motion gaming, toutefois simplifié par rapport à d'autres jeux d'action en VR. Pas besoin d'attraper un quelconque chargeur ici, il suffit de mimer son insertion et de remettre en place la culasse, c'est tout !
Did you frack my wife ?
Techniquement, Fracked va de l'excellent au plutôt mauvais. Tout d'abord le positif : les graphismes en cel shading rendent extrêmement bien en réalité virtuelle, et même si ce choix artistique ne peut pas rivaliser avec des jeux PS VR plus « réalistes » tels que Resident Evil 7 ou Blood & Truth, on peut dire qu'on tient là un jeu qui fait plaisir aux yeux, encore plus sur PS5, console sur laquelle il profite d'une résolution maximisée. Que ce soit pendant les descentes à ski, dans les arènes de combats en extérieur ou dans une grotte et même pendant les phases d'escalade, on peut apprécier les jolis jeux d'ombres et de lumière, ainsi que les effets de particule qui renforcent l'immersion.
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du sound design, qui malgré des musiques sympathiques et un doublage anglais tout à fait correct (sous-titres français disponibles), se perd dans une bouillie audio lors des combats. Il est alors impossible de situer les ennemis autour de nous, et il n'est pas rare d'échouer à cause d'un vilain monsieur qui est apparu dans notre dos et nous a canardé à mort avant qu'on ne puisse s'en rendre compte. A vrai dire, à part à de rares occasions, je n'ai pas eu le sentiment d'avoir un son véritablement directionnel. Les sons se cumulent et on ne sait plus si les ennemis sont en face, sur les côtés ou derrière nous. D'ailleurs, il est vraisemblable que les développeurs aient connaissance de ce problème puisqu'ils ont pris la peine d'ajouter un contour coloré autour des ennemis qui font du bruit, pour qu'on puisse voir leur position à travers le décor...
En une frack-tion de seconde
Fracked compte 8 chapitres alternant petites séquences d'escalade à la Nathan Drake, courtes marches à pieds, combats en arènes ou à ski. C'est bien entendu lors des descentes qu'on prend le plus son pied, dégommant les jet skis ennemis qui explosent et éjectent littéralement ses occupants à l'autre bout de la piste, esquivant les arbres et divers obstacles tout en récupérant éventuellement les pièces cachées (seul élément facultatif à collecter durant tout le jeu). Le tout se termine en moins de 3 heures après un combat de boss, ce qui débloque un mode « mort permanente » pour les plus acharnés. C'est court...
Mais tout est relatif, Batman Arkham VR se terminait en deux fois moins de temps, Blood & Truth deux fois plus pour des prix plus ou moins identiques proportionnellement. Sauf que Fracked, contrairement aux autres jeux cités, ne propose pas de séquences narratives avec des personnages présents à nos côtés et les ennemis sont aussi peu variés que les environnements. Concrètement, il y a les vilains standards, les kamikazes et les gros qu'il faut faire surchauffer en tirant sur l'équipement qu'ils portent sur leur dos. Et c'est tout ! Côté arsenal, on trouve régulièrement des armes plus puissantes mais à usage limité, à savoir le revolver 6-coups, un lance-grenade et un fusil à pompe qui disparaissent de notre main lorsque le chargeur est vide. Après le boss final, de nombreux joueurs resteront sur leur faim, c'est certain, mais Fracked délivre tout de même un plaisir de jeu avec une aventure bien fun à faire au moins une fois dans notre vie de passionnés de mondes virtuels.