Après un premier opus sur consoles nouvelle génération plutôt mitigé, FIFA revient avec une nouvelle édition censée, cette fois, nous faire basculer dans une autre dimension sur les nouvelles plateformes à notre disposition. FIFA 22 maitrise-t-il son sujet aussi bien que Thierry Henry enroulait ses frappes dans le petit filet adverse opposé ? C’est l’heure du ver-ver-ver-verdict.
L’automne est bientôt là (oui, on vous plombe l’ambiance d’entrée et dès la première ligne du TEST par ici). Et pour accompagner nos soirées, rien de mieux, surtout et avant tout lorsqu’on est un fan inconditionnel du ballon rond, qu’une bonne vieille partie de FIFA pour passer le temps ? Tout dépend de quelle itération de la simulation de football chère à EA Sports dont on parle. L’année dernière, FIFA devait nous faire franchir une nouvelle étape vers le réalisme, fort d’une version next-gen à présenter, là où son concurrent de toujours, PES ou plutôt, pardon, eFootball, avait fait le choix d’une mise à jour annuelle, pour mieux travailler la suite, qui se définit désormais comme une expérience free-to-play. Devait oui, car après plusieurs mois de matches acharnés manette en main, le seul constat exempté de débat était que FIFA 21 était beau, très beau et très bien animé mais souffrait des mêmes maux que la version current-gen, à savoir un déséquilibre profond entre l’attaque et la défense, la parole étant largement donnée à la première.
Un an après et après plusieurs patches sur la mouture précédente pour rectifier le tir, FIFA 22 était forcément attendu au tournant. Et les premières minutes passées sur la version définitive confirment ce que nous avait laissé présager au cœur de l’été la bêta fermée : chez EA Sports, la révolution est un peu en marche. Nouvel habillage, nouvelles couleurs, l’interface générale a changé et se veut plus dynamique, avec à chaque lancement de partie ou retour dans le menu principal, la présence d’un joueur ou d’une joueuse, de façon complètement aléatoire, qui vient nous faire un petit coucou. Dit comme cela, la feature a tout du gadget inutile mais cela nous donne quand l’impression de jouer à quelque chose de neuf, de nouveau et il est toujours agréable de voir une de ses stars préférées nous saluer.
Du mal à contenir mon HyperMotion...
D’ailleurs, dans un souci de nouveauté, on a également apprécié l’introduction scénarisée de FIFA 22, très centrée autour du PSG et de Kylian Mbappé, le tout sous l’oeil neuf et ébahi d’un jeune talent du ballon rond, qui va rencontrer la star parisienne, mais aussi David Beckham, Lewis Hamilton, DJ Snake ou encore Thierry Henry. Si l’idée est bonne et sert surtout de prétexte pour se familiariser avec certaines fonctionnalités du jeu, elle a malheureusement droit à quelques petits écueils, comme le doublage français de l’ancienne star d’Arsenal et celle, encore plus gênante, de l’attaquant vedette actuel de l’équipe de France, qui ne disposent pas de leurs propres voix dans le jeu. Le temps de lancer une finale de Ligue des champions là aussi scénarisée puisqu’elle oppose le PSG à Chelsea (tiens, tiens) et hop, nous voilà de plein pied dans l’aventure.
Avant d’évoquer le contenu et évidemment, l’incontournable mode Ultimate Team, parlons de ce qui sera scruté tout au long de la saison de football virtuel : le gameplay de ce FIFA 22. Les premières sensations sont marquantes : le rythme des matches a été sensiblement revu à la baisse. Et cela est d’autant plus vrai que les mouvements des joueurs sont, eux aussi, beaucoup plus lents, car désormais bien plus décomposés, le tout dans un souci d’authenticité. Cette nouveauté porte un nom : l’HyperMotion, qui n’est autre qu’une technique de capture à grande échelle, qui a permis aux équipes d’EA Sports de prendre en considération tous les mouvements non pas d’un joueur mais d’une équipe entière, apportant quelques milliers d’animations supplémentaires à un jeu qui n’en manquait pas déjà. Le ressenti est réel et le constat formel : tout ce petit monde bouge bien sur le terrain, avec des vrais mouvements de blocs, des déplacements fréquents, des appels de balle variés et avec une gestuelle qui rend le tout très, très agréable à l’œil. C’est beau et c’est aussi très déroutant, car le tempo de mouvement des joueurs n’est pas du tout celui de FIFA 21. Il va donc falloir s’armer de patience avant de comprendre comment reproduire les schémas qui étaient les vôtres sur le jeu précédent, tout en considérant que toutes ces techniques de jeu ne trouveront pas bonheur ici.
En clair, si le dribble reste toujours une arme de destruction particulièrement efficace dans les 20 derniers mètres, en placer un sera beaucoup moins aisé, avec une IA adverse très rugueuse au contact (tant mieux), des défenseurs prêts à sacrifier toutes les parties de leur corps pour repousser un tir et des gardiens absolument… prodigieux. Oui vous avez bien lu, FIFA 22 dispose probablement des meilleurs portiers jamais vus dans la saga depuis un lustre, avec des arrêts réflexes aussi écœurants que spectaculaires sur leur ligne. Enfin, on va pouvoir s’en remettre à son gardien et enfin, presser la touche triangle pour sortir ce dernier en dernier recours aura un intérêt. Attention tout de même, le tableau n’est pas parfait et les portiers ont tendance à ne plus savoir quoi faire sur les frappes lointaines, parfois venues tout droit de l’espace. Mais on revient trop de loin dans ce domaine pour faire la fine bouche.
Volta, ça stagne sec
Même constat pour une défense dans laquelle les joueurs vont pouvoir y aller du coude (un peu) de l’épaule et de leur physique pour se faire respecter, sans craindre systématiquement un coup de sifflet de l’arbitre. Mais ce joli constat a des limites : prendre en main la défense n’est vraiment pas simple - surtout pour un novice de la saga - et la tentation de défendre bas, très bas, avec des milieux défensifs très compacts sera vite pressante, tant jouer haut se révèle toujours aussi dangereux et rédhibitoire. Quant aux tirs, force est de constater qu’il faudra revoir sa copie, tant les gardiens sont capables d’annihiler parfois et sans même relâcher le ballon, des actions promises au but… quand ce n’est pas votre joueur lui-même qui en a vendangé une, son contrôle étant trop long ou sa frappe pas assez spontanée. Bref, un petit travail devra être effectué, aussi bien dans les tirs, les passes, certains dribbles aussi, avant de maitriser le gameplay de ce nouveau FIFA. Et c’est évidemment dans quelques semaines/mois que l’on éprouvera vraiment ce dernier.
Ce que l’on peut éprouver tout de suite, c’est le contenu de ce FIFA 22, qui comme ses frères et soeurs avant lui, n’est pas avare dans ce registre. Volta, Carrière, Ultimate Team, Clubs Pro, sans oublier les modes Coup d’Envoi et les Divisions en Ligne, il y a de quoi faire et de quoi jouer d’ici l’automne prochain, même si d’une version sur l’autre, l’offre reste sensiblement la même. En ce qui concerne Volta, la page d’une aventure scénarisée est belle et bien tournée pour un jeu résolument multijoueur, avec des petits jeux (tennis ballon, football volley) en local ou en ligne, des matches contre d’autres équipes de joueurs et des rencontres contre l’IA (Clashes d’Equipes) afin d’améliorer votre skill et votre look. On apprécie l’aspect RPG du mode, avec un arbre de compétences à débloquer pour son joueur (plus clair, plus simple) et un nouveau système de bonus pour un des trois talents particuliers (vitesse, puissance ou physique) que vous aurez choisi en début de partie et que l’on pourra déclencher pendant un match selon une jauge prévue à cet effet. On apprécie moins l'égoïsme (ou la bêtise) des joueurs en ligne - dès lors que vous ne jouez pas avec vos amis - plus soucieux de faire monter leurs stats que de jouer collectif et, accessoirement, de gagner des matches. À leur décharge, monter la barre de skill permet aussi de débloquer des capacités spéciales, comme doubler ou tripler le score sur une frappe par exemple. Forcément, c’est tentant, surtout quand on n’a plus de solo pour briller par ses propres moyens.
Touche pas à mon FUT (enfin, juste un peu)
Le mode Carrière continue à s’étoffer de son côté, avec la possibilité de créer son propre équipe et le tout avec le maximum de détails possibles, allant du budget, à la jeunesse ou non de votre effectif, à la politique sportive de votre club et… évidemment à son équipement, avec les maillots et l’écusson à personnaliser. Complet, ce mode continue à être le plus constant en termes d’évolution dans la série actuelle des FIFA. Quant aux Clubs Pro, deux nouveautés sont à l’honneur. La première est que désormais on peut créer non pas un joueur mais une joueuse et former des équipes mixtes (ce qui nous promet des événements dans ce sens logiquement dans les mois à venir). Un ajout dans l’air du temps. La deuxième concerne des atouts à déterminer avant les matches et qui sont débloquables une fois passé un niveau dans l’arbre de compétences du joueur (un simili de celui que l’on retrouve dans Volta). Cet atout sera jouable ingame et s’apparente à une super capacité jouée dans un temps limitée, de quoi mettre du piment ou pas dans les parties de Clubs Pro.
Reste Ultimate Team. Inutile de faire un pamphlet ici sur la monétisation du jeu, le nombre de cartes incalculable à venir dans les prochaines semaines et la capacité du titre à nous pousser soit à jouer toujours plus soit à passer moins de temps devant l’écran et à faire parler sa carte bancaire. Inutile car cela constitue évidemment un bémol toujours aussi important pour la licence. Mais les éléments de jeu ont été revus dans ce mode, avec des week-end de FUT Champions beaucoup moins contraignants qu’avant. Désormais, la compétition entre les joueurs passera par le mode Rivals, qui avait trop tendance ces dernières années à servir les intérêts d’objectifs à remplir pour obtenir telle ou telle carte ou telle ou telle récompense. L’ancienneté ne compte plus et tous les joueurs démarrent leur aventure en Divisions 10, ce qui n’est pas forcément une bonne chose, vu qu’au moment de ce test, les meilleurs joueurs grimpent gentiment de niveau… et le matchmaking parfois douteux peut vous opposer à une équipe déjà bien fournie, alors que la vôtre n’a pas encore réellement de figure ou de projet. Le maintien dans une division est assurée par un système de checkpoints, garanti après un certain nombre de victoires. Les saisons débarquent dans Rivals, avec des récompenses par Divisions (hebdomadaires) et par mois, à l’issue de telle ou telle saison.
Des licences en moins, Pierre Ménès aussi
Plus on joue, plus on peut améliorer ces récompenses à venir et en lorgner d’autres. La fidélité paie puisque c’est elle qui va vous permettre de viser une place en Ligue Week-end. Pour cela, il faudra atteindre un certain nombre de points et accéder ensuite à des Play-Offs, que l’on pourra jouer quand on le veut… durant les six semaines de la saison en cours. Idem pour la Finale, qui sera donc le week-end et avec un certain nombre de matches à jouer, que l’on pourra “réserver” pour plus tard. EA a entendu les joueurs avec moins de matches (une vingtaine, donc 5 pour les Play-Offs) à disputer et plus de souplesse dans la façon pour eux d’aborder cette compétition. Enfin, sachez qu’une nouvelle Division dite Elite apparait dans Rivals. Elle est réservée aux joueurs professionnels (et à tous ceux ayant le niveau pour l’atteindre hein), ne connait pas la relégation et vous permettra de vous qualifier pour le circuit esportif officiel des Global Series.
Nul doute, FUT sera encore au centre des attentions sur FIFA cette saison. L’occasion de faire un peu oublier la perte de certaines licences, comme en Serie A (Atalanta, Juventus, Lazio et AS Rome, qui perdent juste leurs écussons et leurs noms) ou en équipes nationales. Ou encore l’absence évidente de Pierre Ménès, laissant seul Hervé Mathoux aux commandes des commentaires cette saison. A l’heure du bilan, c’est un verdict satisfaisant qui ressort de ce FIFA 22. Loin d’être parfait, il a le mérite d’être meilleur que son prédécesseur, de lui donner cette coloration et ce goût de next-gen que ce dernier n’avait pas ou pas assez, sans, malheureusement, totalement bousculer le genre et la saga en profondeur. Il y a du mieux, du moins bon et l’analyse va perdurer encore quelques semaines, au moment de l’arrivée des premiers (gros) patches de fin d’année.