Entre les pompiers et la police il y a aussi des grands classiques des passions infantiles, comme la ferme et ses tracteurs. Qui n'a pas déjà pu constater la fascination que pouvaient engendrer les machines agricoles auprès de nos petites têtes blondes ? C'est sur ces souvenirs d'enfant ancrés en nous comme les racines d'un vieux chêne que Farming Simulator fait pousser son succès depuis des années. La terre sera-t-elle toujours fertile en 2019 ?
Dix ans que la série Farming Simulator hante nos PC et maintenant nos consoles. Dix ans que la terre virtuelle est retournée et que ça marche. Dans un de ses territoires de prédilection (à la Gamescom), le stand Farming Simulator est passé d'un espace de 50m² à un gigantesque showfloor avec tracteur et remorque. Pas étonnant, lorsque le dernier numéro s'est vendu à plus de trois millions d'exemplaires et que la série ne cesse de progresser.
Fermier du monde
Deux principaux sites sont proposés d'emblée pour débuter une exploitation. Ils se trouvent respectivement aux USA et en Allemagne. Un autre sur le territoire sud-américain est déjà disponible gratuitement en téléchargement. Les téléchargements seront d'ailleurs un aspect primordial de ce Farming Simulator 19. Si la série a autant de succès, c'est aussi en partie grâce à l'implication d'une communauté qui crée des mods pour ajouter tout ce qui manque de contenu au jeu. Mais cela ne sera pas pour des DLC hors de prix. Du moins on l'espère.
Ainsi, si le territoire allemand se rapproche déjà pas mal des paysages français, il sera sans doute possible très rapidement de pouvoir jouer à Farming Simulator 2019 en France. On peut se dire que s'occuper d'un champ c'est toujours la même chose quel que soit le pays, mais il ne s'agit pas juste de retourner la terre dans Farming Simulator. Il y a pléthore de choses à faire. La carte comporte une bonne trentaine de champs et tous ne vous appartiennent pas. Au début, les rudiments du boulot sont expliqués par des tutoriels plutôt légers (nous y reviendrons) sur les deux ou trois arpents qui vous appartiennent.
La carte comporte également plusieurs autre éléments importants. Des points de vente pour les diverses céréales, le magasin pour acheter des consommables et du nouveau matériel, des restaurants à livrer, des points de collecte pour le train qui tourne généralement en circuit fermé, des silos de stockage, des granges... Une vraie petite région que vous allez apprendre à connaître en développant votre exploitation.
Débrouille-toi, bouseux !
Les premières heures sont difficiles et mettent au grand jour les principaux défauts du jeu. S'il y a bien un petit didacticiel, il se limite strictement aux actions basiques de la culture céréalière : récolter, vendre, labourer la terre, semer. Rien ne permet de savoir comment varier correctement les cultures, stocker les céréales, ni quoi faire par exemple de la paille qui reste sur place après qu'on ait récolté le blé.
Ces principes sont valables pour absolument tout le reste du jeu. Il y a bien une aide textuelle qui est consultable dans les menus, mais elle aussi est très légère et absolument pas didactique. Or, dans un jeu de simulation, connaître les contraintes et apprendre à utiliser correctement le matériel sont des choses qui font partie du plaisir de jeu et du réalisme. Sans aides à glaner, ici encore grâce à la communauté, vous risquez de patauger dans la boue quelques heures à vous demander si l'achat de ce nouveau tracteur ou de cette nouvelle remorque est judicieux.
Il y a deux façons de jouer à Farming Simulator 19 : s'occuper uniquement de ses champs et de son exploitation (en sachant que les cultures sont semées et récoltées en deux journées) ou remplir des missions données par les autres agriculteurs. Ces missions vont du simple transport d'objets entre deux points à des livraisons complexes qui nécessitent plusieurs étapes. Ici encore, c'est la découverte par l'erreur qui prime et vous passerez de longues minutes à vous demander comment transporter ces palettes de valises à destination (il faut à la fois disposer des engins pour les installer dans une benne et de quoi transporter la dite benne...).
C'est dommage, d'autant qu'il y a vraiment plein de choses à faire. Entre le possible élevage de chevaux, la sylviculture, les bovins, les poules et les cochons... Il faut des dizaines de types de machines différentes et d'actions pour s'en sortir. Ces dernières sont d'ailleurs un des principaux intérêts de Farming Simulator 2019.
La solution ultime, qui compte encore une fois sur la communauté, c'est de rejoindre l'un des serveurs en multjoueurs. C'est de cette façon que vous pourrez apprendre de façon conviviale comment gérer au mieux votre ferme. L'interface est limpide pour rencontrer d'autres fermiers virtuels et gérer en communauté plusieurs exploitations.
Qu'il est beau ton tracteur !
Avec une centaine de marques d'outils/véhicules, le magasin du jeu est impressionnant. Vous y trouverez bien entendu des tracteurs de toutes tailles, des moissonneuses, des ensileuses, des barres de coupe, des faucheuses, des voitures, des camions et divers bâtiments... Il y a des centaines de références et des dizaines de véhicules dans chaque catégorie, tous calqués sur la réalité. C'est très impressionnant et cela met encore plus en avant l'absence totale d'accompagnement de la part de Giant Software.
Graphiquement, les environnements sont inégaux. Les maisons et les bâtiments sont grossiers et manquent de variété, les paysages également. Cela jure avec la modélisation de tous les éléments que vous pouvez conduire qui sont d'une étonnante précision grâce au nouveau moteur graphique. Tout est reproduit avec finesse et fidélité jusqu'au moindre boulon. On se plait à observer le fonctionnement de toutes ces machines et l'impression de puissance qui s'en dégage est appuyé par des sonorisations efficaces. On a réellement l'impression de conduire des monstres mécaniques avec plusieurs centaines de chevaux qui ploient sous l'effort. Lors de l'extinction d'un moteur par exemple, l'inertie de ce dernier est parfaitement rendue avant que le silence ne se fasse.
Ce réalisme s'estompe lorsque les déplacements se font à plus haute vitesse, notamment pendant les phases de transport. Le comportement devient alors erratique et les (rares) voitures des quidam que l'on croise font n'importe quoi. En revanche, c'est du tout bon dès qu'il faut travailler dans les champs. Ceci dit, vous aurez tôt fait de confier la conduite de vos engins à une IA pour faire des allers retours sur vos terrains. Cela permet de vider une moissonneuse de son grain, ou de semer directement derrière un engin qui retourne la terre. Cela vous donne également un côté gestionnaire, car si vous vous débrouillez bien, vous aurez bientôt plusieurs ouvriers à l'oeuvre (il n'y a pas de limites) qui rapportent bien plus avec leur labeur que la somme que vous devrez les payer.
C'est dommage, le terreau de Farming Simulator 2019 pouvait laisser augurer d'une récolte bien plus intéressante que ce qu'elle est à ce jour. Au lieu de cela on se retrouve avec un titre moyen qui aurait pu être excellent avec un peu de travail sur sa mise en scène et une évolution progressive.