Lorsqu'on prend le volant d'un DIRT, il faut bien lire toutes les mentions sur titre. Avec DIRT 5 on est pas dans un DiRT Rally, même s'il y a beaucoup de terre soulevée sur l'image de la jaquette. On espère aussi ne pas être dans DiRT 4 et renouer avec tout ce qui faisait le sel et le fun de la série, notamment de son second épisode. L'objectif est atteint, mais la route reste sinueuse.
Codemasters a le luxe de pouvoir potentialiser ses ressources. Synonyme de jeux de caisses depuis des décennies, l'éditeur/développeur réinvente sans cesse la roue. Avec la licence DIRT, il faut clairement définir le terrain sur lequel on va jouer. Ici, c'est fun et arcade, même si on se lie à un certain réalisme.
The real voitures
Ce mélange de réalisme et d'arcade n'est pas nouveau et il fonctionne plutôt bien. Depuis nos regrettées salles sombres, on peut conduire de véritables bolides sans se prendre la tête avec des dizaines de variables et des sanctions punitives.
DIRT 5 propose de conduire toutes sortes de caisses. Des voitures de Rallye récentes jusqu'aux sprint cars en passant par les catégories les plus extrêmes. Le choix est très large (12 catégories) et le comportement généralement homogène ; ça glisse dans tous les sens. Ce qui est intéressant, c'est qu'on retrouve de véritables modèles dont quelques belles gloires historiques à l'image des Lancia Stratos par exemple. Les machines sont plus ou moins performantes et la difficulté s'en trouvera d'ailleurs modulée en conséquence. Lorsque les courses se corsent, il devient difficile de rester aux avant-postes sans mettre la main au portefeuille pour trouver plus rapide. Ceci, toutefois, si vous montez un peu le niveau de difficulté trop bas de base.
Pas de réglages, on met le contact et en avant. Pas de dégâts non plus, même si les carrosseries souffrent (d'assez belle manière d'ailleurs), c'est juste pour le spectacle. Et enfin, pas d'améliorations ou de changements de pièces non plus. Du fun et du direct qu'on vous dit.
Restez sur la route
Ou plutôt sur les sentiers, puisque s'il y a un peu de Rallycross, c'est très majoritairement sur la terre et en circuit fermé que tout se passe. L'absence étonnante de mode Flashback ou de retour sur image en cas de sortie de piste ou de gros crash tranche avec l'orientation arcade du titre. Est-ce un choix de design, ou une facilité technique ? L'absence concomitante de rétroviseur pourrait laisser penser que c'est plus par limitation technique.
D'ailleurs pour appuyer encore plus cette sensation, on peut noter également l'absence remarquable d'un replay de la course, alors qu'il est tout à fait possible de prendre de très jolis clichés en mettant en pause pour activer le mode photo. Ce défaut est cependant gommé par la durée des courses assez courte. Si vous vous plantez, vous ne perdez pas non plus une demi-heure à recommencer.
Vous en aurez d'autant plus envie que graphiquement le jeu est très réussi. Si les tracés sont fantaisistes, ils s'inspirent des ambiances et des cultures de différents pays avec de très jolis effets de lumière et des variations dynamiques, aussi bien pour les cycles jour/nuit, que pour les événements météorologiques. De nuit et sous la pluie, le bain de boue n'en est que plus agréable. Vous pourrez ainsi profiter d'une dizaine d'environnements. Sur PS5, cela décolle encore plus la rétine.
Ca glisse ou ça colle
Sur ces tracés variés, on peut expérimenter divers types de surfaces. Terre, gravier, sable et bitume. Les sensations sont globalement très bonnes et on prend un certain plaisir à chercher l'équilibre entre glisse et motricité tout en essayant de coller aux objectifs spécifiques fixés en début de chaque course. Il peut s'agir de faire un saut assez long, de se maintenir un certain temps à une vitesse donnée... Tout cela ajoute un peu de sel et d'argent dans votre besace.
Mais cela n'efface pas l'étrange sensation d'être collé à la route dès que l'on passe sur du bitume. Le moindre virage demande alors de gros coups de frein à main pour être enroulé correctement, alors qu'il suffit presque de jouer en appel, contre appel pour toutes les autres surfaces. On s'y fait, mais c'est un peu comme si le designer pour le grip était parti en vacance avant de définir les paramètres du bitume.
La meilleure manière de vous habituer à cette prise en mains un peu particulière, c'est le retour du mode Gymkhana. Relevé en challenge et plutôt sympa, il colle très bien à l'ambiance décontractée campée par les commentaires façon radio détendu ou podcast déjanté. On apprécie le jeu d'acteurs, mais l'écriture manque de maturité (en même temps on ne demande pas un chef d'oeuvre littéraire dans un jeu de bagnoles).
Convivial et créatif
Nous l'avons vu, il y a quelques manques dans ce DIRT 5. Mais il y a aussi des éléments qui laissent à penser que le développement ne se moque pas des joueurs. L'éditeur de circuits fonctionne en effet pour proposer des épreuves dans trois modes de jeu (Gymkhana, Gate Crasher et Smash Attack). Il n'y a pas des dizaines d'environnements, mais déjà de quoi proposer des choses assez originales à la communauté.
Une communauté qui peut aussi être locale avec un étonnant mode quatre joueurs sur le même écran afin de jouer entre potes sur le même canapé. Ce genre de prestation était plutôt un argument de vente dans les années 80 et 90 alors qu'Internet n'était pas une chose aussi facilement acquise qu'aujourd'hui.
Ce DIRT 5 est une belle surprise qui remet la série sur les bonnes routes. Fun, accessible et proposant également de quoi varier les plaisirs, il est parfait pour rouler sans trop se prendre la tête. Attendu ses quelques carences, il n'est pas impossible qu'il bénéficie de mises à jour et de contenu supplémentaire dans les mois à venir.