Les amateurs de dézingage de zombies par palettes de trente-six, à grand coups de masse-tronçonneuse et habillé en tenue d'écolière japonaise, vont être ravis ! Le 6 décembre sera disponible le nouvel opus d'une série adulée par bon nombre de joueurs : Dead Rising 4. Que vaut-il vraiment ? Celui qui nous propose de revenir dans le centre commercial de Willamette plusieurs années après la catastrophe, avec le retour de son héros emblématique Frank West, sera-t-il à la hauteur de son illustre aîné ? C'est ce que nous allons voir dans ce test...
Dead Rising premier du nom m'a laissé un souvenir impérissable. La mention sur la jaquette "Ce jeu n'est ni approuvé ni développé par les créateurs de Zombie de Georges A.Romero" annonçait d'entrée la couleur : des zombies, un centre commercial, des tonnes de possibilités ! Il a fait partie, avec Gears of War et Lost Planet, de mes toutes premières claques "next gen" sur la septième génération de consoles. Je ne compte pas le nombre d'heures à déambuler des les galeries de boutiques à tester chaque arme, goûter chaque plat, essayer chaque tenue, combattre des psychopathes, ni même les longs moments passés à rouler dans le parking sous-terrain avec tous les véhicules possibles pour arriver à faucher les 53594 âmes nécessaires à l'obtention du succès correspondant... Si fou qu'il en est devenu viral ! Mais le but ultime restait malgré tout de tenter de sauver un max de monde tout en déjouant un complot démentiel et en débloquant la meilleure fin dans le temps imparti.
Résolument moderne dans sa réalisation, tout en proposant un côté arcade hardcore avec une maniabilité rigide au possible, ainsi qu'un chronomètre qui mettait une pression folle sur les épaules du joueur, la série avait su continuer sur sa lancée et améliorer sa formule dans un Dead Rising 2 encore plus fou, encore plus barré, avec notamment sa démo payante "Case Zero" et, surtout, la confection d'armes complètement délirantes en associant plusieurs objets. Et après une version 2.5 "Off The Record" plus qu'anecdotique, Dead Rising 3 avait fait évoluer son concept vers plus de liberté dans un monde ouvert plus vaste, une difficulté inférieure et la quasi disparition du chrono qui faisait tout le charme des deux premiers opus, ce qui n'a pas forcément plu à tout le monde.
Nonobstant une petite incartade sur Wii et le récent Remake PS4/Xbox One, le premier jeu reste historiquement lié aux consoles Microsoft. Et si le 2 et sa version "plus plus turbo prime alpha" étaient sortis sur tous les supports, le 3 est resté (et restera probablement encore bien longtemps) une exclusivité console Xbox One, ce qui devrait peut-être être le cas de ce quatrième épisode, à moins qu'il subisse lui aussi un destin similaire à Rise of the Tomb Raider. Mais alors, ce Dead Rising 4, dont l'intrigue prend place en pleine période de Noël, le jour du Black Friday, sera-t-il un bon "system seller" pour les fêtes de la fin d'année 2016 et la nouvelle Xbox One S de Microsoft ? Réponse !
Bienvenue à Willamette
L'histoire commence donc bien des années après le premier épisode, en nous présentant le nouveau duo d'enquêteurs journalistiques de l'extrême composé du mythique Frank West et de sa nouvelle petite étudiante paparazzi Vick, enquêtant tous deux sur une sombre conspiration dans une base militaire de Willamette. Mais les choses tournent mal et nos deux tourtereaux, qui sont bien loin de partager les mêmes idéaux et le même sens moral, sont séparés. Et West, accusé d'avoir d'avoir pénétré illégalement dans le complexe, est obligé de fuir et de se cacher. Très vite rattrapé par l'organisation gouvernementale en charge de la protection Anti-Zombie, on lui propose alors d'aller enquêter sur ce qui se passe dans la petite bourgade de Willamette, qui semble avoir été encore une fois victime d'une invasion Zombie... S'il va d'abord refuser, c'est bel et bien la vue de photos confirmant la présence de son élève sur place qui va motiver notre héros à aller à son tour enquêter sur cette sordide invasion et les complots qui se cachent sous le boisseau...
Ce pitch de départ, bien qu'assez intéressant, ne cassera véritablement pas trois pattes à un canard, si vous me permettez l'expression. La faute à un rythme pas forcément super soutenu, à cause d'une histoire qui piétine un peu dans la résolution de conflits entre les principales factions armées possédant encore quelques âmes vivantes dans ces murs emplis de zombies... Les mercenaires à la solde du gouvernement, mais aussi des habitants forcé de combattre sous l'égide d'un tyran du type "Gouverneur" dans The Walking Dead. Le fil rouge est très intéressant à suivre, mais se perd assez souvent dans des considérations assez banales, voire même de la quête FedEx (même si les objectifs proposés sont bien moins rébarbatifs que dans le troisième opus).
28 heures plus tard
Et c'est donc dans ces conditions que Frank West, appareil photo à la main, va écumer les rues de Willamette pour faire la lumière sur cette nouvelle invasion zombie. Et si les joueurs ayant découvert le troisième épisode avec l'achat de leur Xbox One ne seront pas dépaysés, les fans de la première heure, qui viennent d'acquérir une Xbox One S, vont quand à eux pas mal déchanter sur un point. Oui, entre autres, c'est bien cette info que vous êtes venus chercher : le chronomètre a disparu ! Ce qui était un élément essentiel de gameplay de Dead Rising n'est plus. Mais alors, que cela implique-t-il ? Est-ce vraiment si dérangeant que ça ?
Du coup, le jeu se déroule de façon très linéaire, à la manière de n'importe quel "open world". On vous lâche dans une map plutôt vaste, avec plusieurs zones différentes et le centre commercial au milieu, et ce sera à vous de décider dans quel ordre vous allez agir entre missions secondaires et principales. Si vous les désirez, vous pouvez très bien rusher le jeu en ligne droite, et la seule condition qui vous fera échouer dans la résolution d'une mission secondaire sera de faire avancer l'histoire principale au chapitre suivant. Mais en attendant, vous êtes libres de faire ce que bon vous semble ! Aucune limite de temps ne vous sera imposée. Si cela implique une progression bien plus "zen", sans pression particulière, ce qui nous laisse moult moments propices à faire de ce bac à sable géant un défouloir de l'extrême, le concept de base et sa "replay value" en prennent un fort coup dans l'aile : combien de fois avez-vous recommencé Dead Rising avant de parvenir à obtenir la vraie fin ? Deux fois ? Trois ? Quatre ? Cinq ? Ici, un seul run vous suffira probablement, et l'absence de challenge chronométré ne vous poussera pas à revenir sur le titre, hormis peut être pour jouer sur le mode multijoueur dont nous parlerons plus tard. De plus, pour les "complétionites" et chasseurs de succès, une option permettant d'accéder directement à un chapitre est disponible, ce qui ne vous forcera pas à recommencer une nouvelle partie...
C'est donc un choix fort qu'ont effectué les équipes des studios Nord Américains de Capcom. Ce qui plaira probablement à une frange de joueurs plus habitués à des jeux "classiques" et sans grande prise de tête, et décevra les fans hardcore de la première heure. Nonobstant ce constat, il faut bien le dire, l'ensemble passe tout de même assez bien malgré la linéarité et on prend plaisir à suivre les aventures de West avachi au fond de son canapé.
Frank of the Dead
Avec ce choix fort de game design, Capcom se devait de proposer d'autres aspects de gameplay plus fidèles à l'esprit de la série. Et c'est chose faite avec tout le reste. Vos objectifs principaux sont tout simplement affichés en jaune sur votre carte après une cinématique, et pour les secondaires, les PNJ vont vous en filer pas mal par radio et d'autres se déclencheront en passant à côté d'une zone bien précise. Au programme, les classiques sauvetages de civils, même si ces derniers se rendront seuls aux zones sécurisées (plus de chapelets de survivants qui vous suivent à la trace !), mais aussi les géniaux psychopathes qui pullulent dans ce monde apocalyptique. Ces derniers bénéficient en revanche d'un traitement bien inférieur à ce qui à pu être fait au préalable : très rares sont ceux qui ont droit à une cinématique d'introduction, et parfois il ne s'agira même que de simples renégats portant un masque ! La difficulté de ces affrontements à aussi spectaculairement chuté. Comme toute le challenge global du titre, et l'absence de chronomètre.
Ajoutez à cela d'autre objectifs tels que la libération de salles de repos, ou le sabotage d'équipements de la milice, et vous obtenez un tout qui se montre très fun. Surtout que les autres aspects de jouabilité vont venir renforcer cette impression. À commencer par la confection d'armes aussi folles qu'un marteau couvert de grenades, une épée enflammée, une arbalète à feux d'artifices ou de gants-cloches assourdissants. Cet aspect est peut être un des plus délirant du soft, puisque chaque arme possède sa propre jouabilité et sa propre efficacité au combat, ce qui permet de grandement varier les plaisirs. Et pourquoi pas aussi ne pas se la jouer "role play" et dézinguer les psychopathes en armure près du château en revêtant son plus beau casque de fer et sa plus grosse épée ?
Les véhicules ne sont pas en reste, et vont souvent vos proposer des combinaisons complètement folles elles aussi pour obtenir un résultats dévastateur vous permettant régulièrement de défourailler 400 zombies à la minute en écumant les rues de Willamette. Mais ce n'est pas tout : une nouvelle fonctionnalité propre à cet épisode va elle aussi faire son apparition : l'exosquelette. Ce dernier vous permet de porter des armes lourdes, mais peut lui aussi être modifié et vous transformer en véritable dieu de la glace, si vous le mélanger avec un... distributeur de Smoothies glacés ! Et bien sur, les changements de tenue à gogo sont toujours de la partie, car défourailler du zombie avec un masque de Blanka sur la tête, ça n'a pas de prix. Et toujours dans le même esprit, l'appareil photo de Frank West est toujours là, avec même la possibilité de prendre des selfies !
Nobraindead
Le fun, on ne le retrouve pas que dans le gameplay, son aspect bac à sable et ses moult possibilités, mais aussi dans l'ambiance générale du titre, des dialogues en passant par les nombreuses références à d'autres produits culturels. Ainsi, Capcom est en première place, avec des costumes Street Fighter, Megaman ou Ghost'n'Goblins, mais bizarrement, rien de l'autre série phare de zombie de la boite, Resident Evil. D'ailleurs, si le jeu possède une VF d'une qualité variable, mention spéciale aux commentaires du perso féminin du mode multijoueur, doublée par Pacale Chemin et qui fait une allusion sans détour aux relations avec Liara T'Soni dans Mass Effect !
Et parlons-en, tiens, de ce mode multi. Il propose à quatre joueurs de "coopérer" à la réalisation d'objectifs... en temps limité ! Et si j'ai bien mis des guillemets à la coopération, c'est tout simplement car cette dernière se résume bien souvent à peau de chagrin, chaque joueur se contentant de faire son marché de son côté. Et il faudra bien entendu survivre plusieurs jours d'affilée, dans des épreuves de plus en plus dures. Un mode certes assez limité, mais qui le mérite d'exister.