Plus vraiment vivante, mais pas tout à fait morte non plus, la série vampirique de Konami quitte encore un temps son cercueil pour revivre des aventures passées. Encore une compilation Castlevania, certes, mais tout à fait admissible.
Pour les 35 ans d'une licence qui compte des dizaines de titres, c'est donc la période Game Boy Advance que Konami a souhaité mettre en lumière avec le bien nommé Castlevania Advance Collection. Entre mars 2001 et juin 2003, l'éditeur a fourni à la portable de Nintendo trois jeux marchant dans les pas de Castlevania : Symphony of the Night. Plus question de s'en tenir à du jeu d'action linéaire - pour cela, il y avait le très confidentiel Castlevania : Chronicles. La formule dite "Metroidvania" était devenue le standard. Elle prospérera jusqu'en 2008. Et cette trilogie, portée par l'expérimenté studio M2, tient encore la dragée hautes à de nombreuses productions du genre.
Un jeu Nathan
À part dans la saga, car venu de Kobe sans supervision de Koji "IGA" Igarashi, Castlevania : Circle of the Moon a inauguré l'ère GBA avec panache. Qualifié par un magazine français de meilleur jeu de la console à son lancement en 2001, il a toujours de beaux restes. Surtout avec un affichage beaucoup plus lumineux qu'à l'origine. Mettant en scène Nathan Graves, et non un Belmont, il n'offre que le fouet à manier, contrairement aux pérégrinations d'Alucard. Il propose cependant de nombreux objets à équiper pour gonfler ses stats. Mais surtout, en plus de capacités habituelles comme le double saut ou le dash, une mécanique intéressante. Le Dual Set-System, ou DSS, vous laisse combiner des cartes lâchées par certaines créatures pour jouir de pouvoirs très utiles. Frapper plus fort, être cerclé de satellites, geler vos ennemis... Un impact sur les affrontements, mais aussi sur l'exploration. Dommage que la fréquence de distribution des cartes n'ait pas été revue à la hausse, cela aurait dynamisé l'expérience. Pour le reste, une réalisation honorable - même si les animations font vieillottes -, une bande-son réussie, et un challenge réel lui permettent de figurer comme un volet indispensable.
Juste fais-le
Souvent considéré comme une resucée peu inspirée de Symphony of The Night, Castlevania : Harmony of Dissonance ne démérite pourtant pas. Beaucoup plus abouti visuellement que son prédécesseur, quoiqu'un peu trop flashy, le périple de Juste Belmont présente lui aussi une foule d'éléments à ramasser et équiper. Et une surface très importante à explorer. Le système introduit est celui des livres de sorts se mariant aux armes secondaires. Peu profond, orienté action, mais fonctionnel. Probablement un peu trop : on pourra en effet reprocher à cet épisode un bestiaire pour le moins passif et une grande facilité - sans oublier des musiques gravement moyennes. Néanmoins, le plaisir d'explorer et une trame plutôt intéressante nous font toujours passer un bon moment.
Un air de victoire
Mais la véritable star du trio, c'est sans conteste Castlevania : Aria of Sorrow. Situé chronologiquement en 2035 et nous laissant prendre le contrôle de Soma Cruz, qui semble avoir un rôle à jouer dans la résurrection de Dracula, il demeure aujourd'hui l'un des jeux les plus beaux, les plus créatifs et les mieux équilibrés de la série. L'apport du Tactical Soul, absorption d'une âme ennemie pour en tirer un nouveau pouvoir dans quatre slots différents, confère une profondeur phénoménal. Ce n'est pas pour rien qu'il a été repris dans la suite directe, Dawn of Sorrow, puis de différentes façons, notamment par Order of Ecclesia et, plus récemment, par Bloodstained Ritual of the Night. La quête du 100% prendra du temps, mais elle sera bien récompensée. Enfin, le scénario a quelques belles surprises en réserve jusqu'à son final mémorable...
Allez, au pieu ! (Dracula, 1476)
Outre des dizaines d'heures à (re)découvrir trois volets dans leur jus et sans problèmes, la compilation propose quelques bonus et aménagements. Les versions japonaise, américaine et européenne de chaque titre, mais seul Aria of Sorrow dispose de la lanque de Molière. Le choix d'un affichage occupant plus ou moins l'écran - avec six wallpapers possibles - qui pourra repousser certains sur un gros téléviseur. Le droit de sauvegarder et charger à tout moment (dix emplacements). Celui de réarranger les touches (indispensables). Une encyclopédie. Mais aussi, toujours en jeu, l'utilisation ou non de gadgets pour savoir quel monstre détient une carte ou une âme, et si un item important traîne dans la zone. À ces options de confort s'ajoutent la Galerie et un juke-box. Reste le cas du jeu bonus, plus que surprenant. C'est en effet Castlevania : Vampire's Kiss qui a été choisi. Loin d'être une purge, il demeure une version light, amputée, redessinée et plutôt pataude du cultissime Rondo of Blood. Pas désagréable en soi, mais plutôt dispensable. Le remake du Castlevania X68000 sur PlayStation, cité plus haut et sorti dans les mêmes temps que Circle of the Moon aurait sûrement eu plus de sens. Et donné plus de valeur à l'ensemble.