Californium, véritable OVNI du jeu vidéo, fait partie d'un projet transmédia en hommage à la vie et l'oeuvre de Philip K. Dick, l'un des piliers de la littérature de science-fiction (Blade Runner, Total Recall, L'homme dans le haut château). Transmedia car le jeu sera accompagné d'un documentaire qui sera diffusé sur Arte au début du mois de mars. Mais voyons tout de suite de quoi il retourne.
Machine de Test
- Système d'exploitation : Windows 8.1 64 bit
- Processeur : Intel Core I5 4690 3,50 GHz
- Carte mère : ASrock H97 Pro4
- Mémoire : 8Go DDR3
- Carte Graphique : GeForce GTX 970 4 Go
Configuration Recommandée
- Système d'exploitation : Windows 7
- Processeur : Intel Core i3 2.00 GHz
- Mémoire vive : 4 GB de
- mémoire Graphiques : DX9 (shader model 2.0)
- Espace disque : 2 GB d'espace disque disponible
Tout d'abord il est important de savoir que pour apprécier le jeu, il n'est pas nécessaire d'être connaisseur des oeuvres de Philip K. Dick. En fait le jeu s'adresse aussi bien aux néophytes en la matière qu'aux passionnés des romans de ce grand Monsieur. Evidemment, il vaut mieux ne pas être hermétique à la science-fiction, sinon l'expérience risque de ne pas vous marquer comme elle elle est censée le faire...
Un contexte hors du commun
Californium n'est pas qu'un jeu vidéo, c'est une expérience psychédélique intense. Celle-ci vous met dans la peau d'Elvin Green, un écrivain dont la carrière comme la vie sentimentale est au point mort. Le jeu commence à peine que les similitudes avec le vie de K.Dick apparaissent. Tout comme lui, votre femme et votre fille viennent de quitter votre maison, vous laissant désespérément seul. C'est d'ailleurs là que les choses sérieuses commencent. Vous vous retrouvez seul dans un appartement (le votre) de la belle ville californienne de Berkeley, cette même ville où travailla un temps K Dick dans sa jeunesse.
Aucune indication à l'écran n'est donnée, seule une voix off mystérieuse (interprétée par le formidable acteur français Michael Lonsdale) nous guide. On est donc là, dans ce grand appartement, avec cette musique envoûtante en fond sonore (celle que vous pouvez entendre dans le trailer) et vous devez vous débrouiller... Très vite, on comprend que le gameplay du jeu repose sur un système de recherche d'anomalies, qui se trouvent éparpillées et cachées dans le décor. À chaque fois que vous en découvrez une, une sorte de portail s'ouvre sur un univers parallèle, une thématique bien présente dans toute l'oeuvre de K.Dick. Au fur et à mesure que s'ouvrent les portails, on commence à comprendre ce qui se trame et on saisit les multiples sens du jeu, qui jongle avec les réalités.
Un jeu pop psychédélique
C'est l'occasion de pouvoir admirer la direction artistique du jeu, qui détonne particulièrement et qui offre une atmosphère vraiment particulière au titre. En jouant, on a l'impression de voyager dans une peinture de Magritte pour les formes et d'Andy Warhol pour les couleurs. Le jeu est très psychédélique et sonne "pop", comme si on était en face de la couverture d'un album de Pink Floyd.
Californium aborde aussi un coté bande dessiné revendiqué, les personnages que l'on rencontre tout au long du jeu sont par exemples tous en 2D, ce qui donne sans cesse l'impression de se retrouver dans une case de BD. La contrepartie, c'est qu'on se sent seul, et que rien ne semble vraiment très vivant autour de nous. Est-ce un indice pour nous permettre de mieux cerner la réalité dans laquelle évolue le personnage ? C'est à nous de faire vire le jeu, c'est à nous d'évoluer dans l'histoire.
Des références à tire-larigot
Outre sa patte graphique unique, qui rend le jeu si spécial, c'est son sujet qui marque. En effet, l'histoire se situe en 1969, alors on se retrouve dans un entre-d'eux aussi bien en termes de design que de références. Des Chroniques Martiennes de Ray Bradbury à Paul Valerry, en passant par la série Les Envahisseurs, tout est prétexte pour parler de littérature et de science-fiction, beaucoup de science-fiction.
En fait, l'histoire elle-même est une oeuvre de SF qui puise presque sans limite dans l'oeuvre de K.Dick. Les références au Maître du Haut Château sont visibles dès le début, alors que d'autres sont plus discrètes. On retrouve aussi des allusions à l'époque, que ça soit dans les événements (la guerre du Vietnam) ou les moeurs (le mouvement hippie, dont l'auteur fut d'ailleurs assez proche pendant un moment de sa vie).
Une expérience unique
Californium est une expérience unique et presque indescriptible. C'est un voyage qui nous emmène dans les confins de l'esprit humain et qui pourrait presque nous faire comprendre comment naissent certains chef d'oeuvres littéraires. C'est une ode à Philip K.Dick et plus encore par son biais au genre de la science fiction tout entier. Quand on sort d'une session de Californium, dont on regrette d'ailleurs presque qu'il soit trop court, on n'a qu'une seule envie : se jeter sur et dévorer l'une des oeuvres de K.Dick.
Le jeu laisse une marque indélébile en nous, qui pousse à chercher plus loin, ce qui n'est sûrement pas dû au hasard quand on sait que le tout est pensé pour fonctionner avec un documentaire. Attention toutefois il s'agit surtout d'une aventure narrative, certains regretteront donc le peu d'interactions. Ici tout est question de ressenti. Si vous êtes totalement fermé à ce type de jeu à la Dear Esther, seule votre passion pour la SF vous rendra l'expérience agréable.
Coté technique, rien à redire, c'est propre, même si certaines textures auraient pu être un peu plus développées. Des dires des développeurs, le jeu n'aurait pu avoir aucune textures, alors on suppose que ce n'est pas trop gênant... Pas vraiment de bugs handicapants à signaler, ceux qu'on a rencontrés (clipping) sont notamment dûs au fait que nous avons eu accès à une version pre-release. Le jeu tournera aisément sur la plupart des configurations et ne réclamera d'ailleurs que 4GO de RAM et un I3 pour le faire tourner. L'expérience se veut accessible et ne pèse que 2 Go. A noter enfin que les 4 épisodes du jeux seront accessibles gratuitement jusqu'au 15 mars 2016 sur le site d'Arte.