Cru, tel est le mot que l'on pourrait attribuer au manga Berserk. Cru aussi bien dans ses propos que dans les images qu'il utilise pour les illustrer, Berserk nous conte la descente aux enfers de Guts et Griffith, dans un univers médiéval fantastique aussi gore que les fantaisies les plus folles de Ramsey dans Game of Thrones. Berserk, c'est également la bataille sans fin d'un homme et de son épée surdimensionnée contre le reste du monde. Alors quoi de mieux qu'un Musô pour retranscrire l'essence du manga sur consoles ? Développé par Omega Force, édité par Tecmo Koei, que vaut cette adaptation vidéoludique ?
Republication de notre Test import du 7 décembre 2016.
Nous nous sommes replongés dans la version française du jeu. Désolé pour les anglophobes, mais les textes ne sont qu'en anglais, avec les doubleges qui restent en japonais. Si vous connaissez déjà l'intrigue du titre, ce ne sera pas un problème... Sinon, vous risquez de passer à côté du mode scénario, le seul aspect intéressant du titre. À noter que cette version européenne, contrairement à ce qui était annoncé, est la même version censurée qui était déjà sortie au Japon. Dommage... |
Ci-dessous notre test import originel réalisé à l'époque à partir d'une version import japonaise PS4 fournie par notre partenaire nin-nin-game.com.
Si Berserk and the Band of the Hawk était un gâteau, ce serait une charlotte aux fraises, magnifiquement présentée, avec de belles fraises bien juteuses et juste ce qu'il faut de crème fouettée pour mettre l'eau à la bouche du premier quidam venu. La première bouchée serait simplement délicieuse, parfaite. On sentirait les biscuits croquer sous la dent alors que le sirop de citron viendrait sublimer le tout afin d'offrir une prestation unique à notre palais. On en veut plus, on a envie de plus. Mais voilà, le gâteau a disparu et, sans que l'on ne s'en aperçoive, il s'est transformé en un biscuit sec et fade que l'on tenterait de nous faire ingurgiter jusqu'à l'overdose. Alors, toujours faim ?
Le récapitulatif ultime et 500g de fraises
Pour l'instant, mettons de côté les gâteaux et intéressons-nous au jeu en lui-même. Berserk and the Band of the Hawk retrace l'histoire des 30 premiers tomes du manga. On y suit le jeune Guts, un mercenaire surpuissant équipé d'une épée aussi grande que lui, et ses aventures au sein de la Troupe du Faucon menée par le sublime mais non moins effrayant Griffith. Le titre suit fidèlement le scénario du manga. Que ce soit par le biais de scènes cinématiques en CGI somptueuses ou en incorporant directement des passages du film sorti en 2012, vous pouvez être assuré de (re)découvrir les moments marquants de Berserk dans les meilleures conditions.
On se désolera tout de même de voir que quelques passages scénaristiques n'ont pas profité de cette même attention. En effet, certaines scènes importantes, pour des raisons inconnues, ne profitent pas du même traitement. On y aperçoit uniquement deux personnages discutant face à face dans un décor vide. Certes, tous les dialogues de ce Berserk Musou profitent d'un doublage de qualité, mais on reste tout de même étonné de trouver quelques (rares) passages contés d'une façon aussi paresseuse au vu de la qualité du reste des cinématiques.
Un jeu beau comme 300g de biscuit à la cuillère
Ils sont révolus, les jours où jouer à un Musou sur console était synonyme de textures fades et de ralentissements incessants. Que vous connaissiez ou non l'univers de Berserk, vous ne pourrez qu'apprécier l'effort esthétique et technique apporté au titre : le sang gicle partout à l'écran et votre héros s'en retrouve couvert un peu plus à chaque coup porté, pendant que les ennemis hurlent de douleur sous chacun de vos coups. Que vous vous battiez dans une forêt abandonnée, un château assiégé ou dans un donjon organique des moins ragoûtant, on en prend toujours pleins les yeux dans Berserk and the Band of the Hawk. Tout cela sans ralentissements majeurs ni bugs pouvant dégrader l'expérience de jeu malgré la quantité impressionnante d'ennemis à l'écran. Belle performance réalisée ici par Omega Force.
Chacun des héros que vous pourrez contrôler a également bénéficié de ce même souci du détail. Que vous incarniez Guts, Casca ou Griffith, les fans de la série seront aux anges face à la qualité de la modélisation des personnages emblématiques de la série.
Des sensations pures comme 75g de sucre en poudre
Les efforts apportés par Omega Force ne se retranscrivent pas uniquement sur l'aspect esthétique du titre, mais également dans le gameplay de celui-ci. Lorsque l'on contrôle Guts et son épée géante, on ressent la lourdeur de l'épée mais surtout la puissance qui émane de chaque coup. Parce que l'épée est massive, les attaques ne s'enchaînent pas à une vitesse folle, mais voir les gerbes de sang et les cadavres ennemis éclatés sous chacun de ses coups à quelque chose de grisant.
A l'inverse, Griffith se bat avec cette grâce et cette détermination qui lui sont propres. Son épée à une main, plus légère et plus maniable, lui permet de faire pleuvoir des attaques fatales et dévastatrices sur ses ennemis à un rythme plus effréné. Chaque personnage a été pensé et réalisé avec cette même attention, afin de mettre en lumière leurs qualités propres lors de la prise en main.
Musô un jour, Musô toujours, malgré 25 cl de crème fraîche
L'univers de Berserk est bien retranscrit dans ce titre, mais celui-ci souffre des mêmes problèmes inhérents au genre de jeu si particulier qu'est le Musou. En occident, ils sont plus connus à travers la série emblématique des Dynasty Warriors. Dans ces jeux, s'affrontent sur une carte gigantesque deux armées (ou plus) dirigées par des officiers. Le but est simple : taper tout ce qui bouge et abattre les officiers adverses pour prendre le contrôle d'un maximum de terrain et remporter la victoire. Bien souvent, vous vous retrouvez à affronter seul plusieurs milliers de personnages contrôlés par l'ordinateur que vous décimerez en tapotant sur les deux mêmes boutons de votre manette. Bien que répétitif, le genre a ses adeptes et certains titres, comme Samurai Warriors 4 par exemple, réussissent à apporter suffisamment de variété à la recette pour que l'on ne voit pas les heures passer. Malheureusement, Berserk and the Band of the Hawk ne fait pas parti de ces titres-là...
En effet, seuls deux boutons suffisent pour terminer l'intégralité du jeu. Appuyez sur carré autant de fois que nécessaire afin d'attaquer et achever votre combo d'une attaque chargée avec la touche triangle. De temps en temps vous pouvez appuyer sur rond pour effectuer une super attaque et... c'est tout. Même pour un Musou, les possibilités offertes aux joueurs sont très limitées.
Il est vrai que les personnages disponibles ont des mécaniques suffisamment différentes pour que les premières batailles à leurs côtés soient un régal, mais le plaisir de la découverte s'estompe rapidement pour laisser place au goût amer de redondance et de lassitude, d'autant plus quand on découvre qu'il n'existe que huit personnages jouables ! On enchaîne les mêmes sempiternels combos sans réellement faire attention à ce qui se trouve à l'écran, le compteur augmente à une vitesse folle, l'écran est recouvert de sang et les parties se suivent et se ressemblent. Visuellement c'est beau, c'est très beau même. Mais c'est d'un ennui sans nom !
Déception rime avec 4 cuillères à soupe de sirop de citron
Cet ennui est également dû à l'absence de variété des objectifs à atteindre lors des parties qui mettra votre patience à rude épreuve. A l'exception de cinq combats de boss majeurs, les parties se déroulent toujours de la même manière : tuer tel officier, décimer tant d'ennemis ou détruire telle structure dans le temps imparti. Répétition, quand tu nous tiens ! Il faudra supporter ces affrontements redondants pendant une vingtaine d'heures. À croire que le jeu a été pensé comme une métaphore complètement tordue par les développeurs pour nous faire souffrir autant que Guts. Nous ne sommes pas témoins de sa souffrance, nous la subissons !
Enfin, le titre nous donne le coup de grâce par l'absence de mode de jeu supplémentaire et de mode multijoueur. Vous allez souffrir, et vous allez souffrir seul ! Une fois le mode histoire terminé, il est toujours possible de le refaire dans un mode de difficulté avancée, de vous attaquer au mode éclipse et tenter de terminer une centaine de quêtes annexes plus inintéressantes les unes que les autres, ou de vous rendre dans le mode Galerie qui permet de revivre les seules parties intéressantes du titre : ses cinématiques.