Nourris aux jeux de rôle papier depuis leur adolescence, Ray Muzyka et Greg Zeschuk fondent BioWare au milieu des années 90, avec l'ambition, très vite, d'élaborer un titre baignant dans l'univers des Royaumes Oubliés de Donjons et Dragons et inspiré par les mécaniques de ce dernier. Ainsi paraît en 1998 Baldur's Gate, rejoint deux ans plus tard par Baldur's Gate II : Shadows of Amn ; tous deux devenant instantanément des jalons majeurs dans l'histoire des Computer-RPG. Les voilà qui débarquent pour la première fois sur toutes les consoles du marché, y compris l'itinérante Switch, prenant le pari risqué de délaisser souris et clavier pour le pad. Une bonne idée ?
Poussé par votre mentor et père adoptif hors des murs de Château-Suif entre lesquels vous avez grandi, vous vous retrouvez sur les routes, poursuivi par des mercenaires qui cherchent à vous faire la peau. Vous serez bientôt rejoint par Imoen, votre amie d'enfance, ainsi que par d'autres compagnons qui vous aideront à mettre à jour une conspiration à grande échelle sur la contrée de la Côte de l'Epée. L'occasion également pour vous de faire la lumière sur vos véritables origines...
Au Bhaal masqué
Dans ces jeux de rôle mâtinés de hack'n slash - on rappelle que l'autre phénomène du moment s'appelle Diablo -, on vous propose d'emblée de créer la fiche de votre personnage (sa race, sa classe, son nom, sa répartition d'aptitudes...) comme, évidemment, en préambule d'une nouvelle session de D&D. L'aventure se déroule en vue isométrique avec des environnements pré-calculés, ce que permet le moteur-maison créé pour l'occasion : l'Infinity Engine. On retrouvera ce dernier à l'oeuvre sur d'autres titres inspirés de D&D tels que Planescape: Torment et Icewind Dale, développés par Black Isle Studios. Le joueur contrôle un ensemble de six personnages maximum qu'il déplace individuellement ou de façon groupée à travers la map, en partie masquée par un brouillard tant que la zone n'est pas explorée. Lorsque survient un ennemi, le jeu se fige selon la volonté du joueur afin qu'il puisse attribuer une action (attaquer, lancer un sort, détecter un piège...) à chacun de ses personnages.
Pour rappel, le studio Beamdog s'était déjà chargé de retaper les deux épisodes en 2012 et 2013, pour un résultat considéré à l'époque comme un poil paresseux. Il ne s'agit ici que du portage de ces versions, restées (trop) fidèles à leurs modèles. Ainsi, l'interface accuse vraiment le coup aujourd'hui et s'agissant de la gestion de l'inventaire, c'est carrément la plaie : le tout fait un peu fouillis, on aurait aimé davantage de compartimentation entre les armes et le reste du butin par exemple. Concernant le déplacement des personnages, pas de mystère : on ne fait pas mieux que le combo clavier/souris. Ici (dans la version Switch), pour effectuer une action ou se déplacer, le joueur désigne l'ensemble des personnages jouables ou bien en sélectionne un en particulier en faisant défiler la liste de ceux qui font partie du groupe, plutôt que de cliquer directement dessus comme c'était le cas auparavant. Car un curseur est bien présent, mais il est figé au centre de l'écran et il faut donc déplacer l'ensemble pour désigner un personnage, un objet ou un ennemi, tout ceci uniquement à l'aide de vos sticks... Le pathfinding est également d'époque avec des personnages qui empruntent parfois des détours assez étranges.
Pour tout bagage, on a vingt ans
Artistiquement, les jeux conservent leurs belles couleurs, avec leurs forteresses, forêts et donjons pré-calculés, mais force est de constater que l'ensemble donne un peu l'impression d'une bouillie de pixels, surtout quand on regarde ça sur son téléviseur 42 ou 55 pouces. Privilégiez plutôt le mode portable donc. Au niveau de la fluidité, rien à signaler, hormis lorsqu'on scrolle un peu trop rapidement sur la map.
Grâce à un patch disponible day one (d'où les captures en anglais), on nous a confirmé que les jeux bénéficient bien d'une version intégralement française, celle d'époque, ce qui ne manquera pas de faire prendre un sacré coup de vieux aux plus vétérans d'entre vous. Et ne sera pas de refus tant la quantité de texte est assez phénoménale, pour un contenu véritablement gargantuesque puisque cette compilation comprend les deux jeux d'origine (avec l'aventure Tales of the Sword Coast intégrée au premier), les deux extensions The Black Pits (sortes d'arènes franchement dispensables), l'extension Siege of Dragonspear parue en 2016 qui fait office de pont entre les deux épisodes majeurs et enfin Throne of Bhaal, qui vient conclure la saga. Pas de réelles nouveautés donc mais déjà une bonne tripotée d'heures de jeu en perspective.
Notons enfin que le mode multi permettant de parcourir l'aventure en coop n'était pas disponible à la rédaction de ce test mais qu'il devrait l'être dans un avenir proche. Coming soon, qu'ils disent.