Qu’il a été difficile d’écrire sur Atomic Heart compte tenu des tristes événements qui se déroulent en Ukraine et des polémiques qui entourent le studio Mundfish. Ce dernier est en effet accusé d’être un peu trop proche du gouvernement de Russie et de faire de la propagande pro-russe avec son jeu. Mais ici, on va éviter la politique et nous allons prendre le jeu pour ce qu’il semble être : un Bioshock dans une Russie rétro futuriste alternative, le tout servi avec un emballage graphique et technique alléchant. Est-ce que le pari est tenu ?
Atomic Heart a fait sensation lors de sa toute première présentation. Il faut dire que le jeu nous avait dévoilé des séquences particulièrement explosives et vendait un univers atypique doté d’une direction artistique particulièrement sexy. Après cinq années de développement, le studio Mundfish, visiblement éparpillé aux quatre coins de la planète, nous sort donc son bébé en version finale. Un premier jeu ambitieux qui va tenter pendant plus d’une vingtaine d’heures (jusqu'à quarante pour les complétistes) de nous plonger dans son univers. Chose qu’il va réussir à faire dès les premières secondes, soyez en sûr.
L’utopie vire au cauchemar
Atomic Heart a fait sensation lors de sa toute première présentation. Il faut dire que le jeu nous avait dévoilé des séquences particulièrement explosives et vendait un univers atypique doté d’une direction artistique particulièrement sexy. Après cinq années de développement, le studio Mundfish, visiblement éparpillé aux quatre coins de la planète, nous sort donc son bébé en version finale. Un premier jeu ambitieux qui va tenter pendant plus d’une vingtaine d’heures (jusqu'à quarante pour les complétistes) de nous plonger dans son univers. Chose qu’il va réussir à faire dès les premières secondes, soyez en sûr.
Direction la Russie dans les années 50, ou plutôt, dans une réalité alternative où l’URSS de l'époque aurait découvert le Polymère dans les années 30. Une substance multitâche qui permettra au pays de faire un gigantesque bond technologique, scientifique et même culturel. Les années défilent suite à cette découverte et les prouesses s'enchaînent. Robotique, bio ingénierie, conquête spatiale… plus rien ne semble arrêter la Russie qui coiffe au poteau le monde entier et devient un véritable leader dans pratiquement tous les domaines.
De ces réussites naît alors une utopie, le Kollectiv, ou la polymérisation de tout le peuple russe, du monde entier même. Derrière ce nom à rallonge se cache en réalité une volonté d'interconnecter tous les humains dans une sorte d’esprit de ruche. L’objectif ? Rendre le monde heureux, partager les connaissances de tous, etc. En gros, faire passer la vie en version 2.0. Et à première vue, personne ne semble contre l'idée. Bien au contraire.
Perchées dans les nuages sur des cités volantes, les élites font les fières au-dessus de tout un réseau de complexes ultra high tech et se préparent au grand lancement du fameux Kollectiv. Sauf qu'évidemment, tout va dérailler et la technologie va rapidement se retourner contre ses créateurs, en tuant des centaines de civils au passage. Les festivités et les hommages aux prouesses de l’histoire russe laissent rapidement place au chaos.
Dans ce bazar sanglant, on incarne le major P-3, ex-agent des forces spéciales et héros de la Seconde Guerre Mondiale qui se retrouve coincé dans ce qu’il décrira comme étant un « beau merdier ». Notre héros, partiellement amnésique, aurait été sauvé de justesse des années plus tôt par un homme à qui il doit absolument tout. Un scientifique qui nous demandera rapidement de nous frayer un chemin à travers une région entièrement dédiée à la recherche pour lancer le fameux programme Kollectiv contre vents et marées. Le hic, c’est que « tout fout l’camp » (comme dirait notre héros) et les robots tueurs sont partout.
Le fameux Bioshock russe
Dans notre mésaventure, on est accompagné par CHARLES, une IA intégrée à notre gantelet qui ne manque pas de verve. D’ailleurs, les échanges entre nos deux acolytes donnent le ton. Atomic Heart sait être drôle, cynique et parfois même acide. Oui, le jeu met en avant la Russie (et la Chine aussi d’ailleurs), oui notre soldat est (dans un premier temps) très fier de sa Mère Patrie et de ses valeurs. Propagande ou non, le fait est que DANS LE JEU, ça fonctionne et c'est cohérent. CHARLES, l’IA est quant à elle programmée pour dire les choses telles qu’elles sont et parfois même mener à la réflexion. Si elle n'hésitera pas à chanter les louanges de la Russie elle aussi, elle ne se gênera pas toutefois à soulever de gros lièvres, questionnera notre héros et ira même jusqu’à s’opposer à lui parfois en remettant tout en question. Plus qu’une simple intelligence artificielle, CHARLES est un être à part entière. Finalement, nous ne contrôlons plus un simple porte-flingue qui tire aussi vite qu'il crache ses punchlines, mais bien un binôme indissociable.
Atomic Heart est un jeu très bavard, mais il a aussi beaucoup de choses à nous raconter. Et si ce n’est pas le cas, c’est parce que notre cher héros P-3 et son acolyte CHARLES n'hésitent pas à balancer quelques vannes parfois drôles, mais souvent très « beauf » et vulgaires. On aime ou non, à vous de voir. Contre toute attente, l’écriture et l'univers d’Atomic Heart sont plutôt solide et agréable.
On prend plaisir à découvrir tout ce monde surréaliste, les événements qui ont conduit au drame et les petites histoires ici et là. Même son de cloche avec notre duo qui fonctionne parfaitement tout au long du jeu. Atomic Heart est doté d’un véritable lore qui se dévoile non seulement avec la quête principale, mais aussi par le biais de rencontres fortuites (et morbides), de dossiers à dénicher ici et là ou de narration environnementale. C’est réussi et oui, ça rappelle effectivement un certain Bioshock.
On pouvait s’y attendre, et le studio ne s’en est jamais caché de toute façon, Atomic Heart a énormément de similitudes avec Bioshock, à la différence que l’idée cinglée et utopique de quelques nantis illuminés est ici transposée à l’échelle d’un pays tout entier. Pour le reste, c’est la même chose. On tente de survivre au beau milieu d’un patelin complètement délirant construit de toutes pièces par des élites qui semblent toutes avoir perdu pied, obnubilées par leur soif insatiable de richesses, de connaissance, de domination, etc… On est rapidement immergé dans cet univers, fou et dérangeant par moments.
Une baffe artistique et technique, malgré quelques couacs
D'ailleurs, la direction artistique y est pour beaucoup. À très forte dominante rouge (la couleur du pays, on ne vous apprend rien), l’architecture rétro futuriste est magnifique. C’est tout simplement superbe, les panoramas à s’en décrocher la mâchoire sont légion, les structures sont gigantesques et tout est très détaillé, que l’on soit en intérieur ou en extérieur. Techniquement, le jeu est également un maître dans son domaine.
Sur PS5, non seulement, c’est très beau, mais en prime c’est très fluide et sans aucun ralentissement, peu importe ce qu’il se passe à l’écran. Et parfois, croyez-nous sur parole, ça pète dans tous les sens. Si les effets de lumière sont réussis, la pyrotechnie, la volumétrie ou encore les reflets sont géniaux eux aussi. On notera quand même quelques soucis ici et là. Certaines textures en extérieur ne sont pas folichonnes et l’on a eu le droit à quelques petits bugs, de collision notamment, ou audio (un problème de script survenu une fois lors d’un combat de boss). Pas de gros plantages donc, mais des bugs résiduels qui seront certainement patchés rapidement. En tout cas en presque 38 heures de jeu, rien de grave de notre côté.
Mais là où Atomic Heart tire vraiment son épingle du jeu, c’est dans ses animations et dans son souci du détail. Les ennemis robotiques qui ont une apparence humaine par exemple, nous fixent sans jamais détacher le regard et nous foncent dessus en sprintant comme n’importe quel humain, en enjambant les obstacles, etc… C'est bizarrement mécanique et réaliste, le rendu est impeccable.
Même son de cloche durant les combats d’ailleurs où ils n'hésitent pas à frapper, faire des mouvements de folie (attaque sautée, prise de catch, etc.). Et c’est comme ça pour absolument tout, même pour les robots bien plus gros et mécanisés qui sont capables de se déplacer comme des malades. Notez d'ailleurs que les modèles ne sont pas de simples coquilles vides. Lorsqu'on tire dessus ou qu'on les frappe, les dégâts déchiquettent les corps (la localisation des dégâts et le rendu sont assez remarquables d'ailleurs). Les impacts creusent la peau synthétique ou organique et laissent apparaître ce qui se cache à l'intérieur, que ce soient les entrailles d'un mutant ou toute la connectique des robots. Les trailers et les présentations de gameplay ne mentaient pas, Atomic Heart peut être réellement bluffant.
En réalité, à bien des égards, le jeu l’est même très souvent. Puisque si les ennemis sont réussis, bien que le bestiaire soit finalement peu varié, le jeu entier regorge de détails et rend tout son univers cohérent en mélangeant ses éléments de gameplay au lore. Du scanner à l’ATH, en passant par les mécaniques de jeu, comme les puzzles sur les serrures par exemple, tout est excusé, expliqué et a un sens. Notre héros ne se gênera d'ailleurs pas pour les tacler de temps en temps.
Atomic Heart n'est pas toujours une bombe
Les seuls moments où Atomic Heart brille le moins, étrangement, c'est durant les cutscenes et autres cinématiques. Si le doublage est très propre (le jeu est entièrement doublé en français d’ailleurs), les animations sont ici beaucoup moins sympas et la mise en scène est la plupart du temps disgracieuse, voire même datée et un peu molle.
Cette mollesse, on la ressentira également avec l'utilisation de certaines armes qui manquent cruellement de patate, ou encore dans les mouvements de notre héros qui, bien qu’il puisse sauter et même faire des dashs, semble peser une tonne. Là où Atomic Heart se présentait presque comme un DOOM like, il est en réalité plus proche du fat FPS que du fast FPS. Un peu comme Bioshock d'ailleurs (sauf Infinite) qui se trimballait une certaine lourdeur lui aussi. Autre fait surprenant concernant notre héros, c'est qu’il ne peut même pas courir, ce qui nous a beaucoup étonné dans la mesure où l’on doit marcher, beaaaauuucouuup marcher.
On touche d’ailleurs ici aussi l’un des points les plus fragiles du jeu : son rythme. Si les affrontements sont dynamiques, même si notre personnage a du mal à se secouer, la narration elle, ne l’est pas et la mise en scène non plus.
Puisque contre toute attente, Atomic Heart se présente comme un petit open world. Entre deux missions, on pourra crapahuter pratiquement partout dans de très grands espaces où il sera même possible de se déplacer en voiture. On pourra, au gré de nos envies, aller fouiller des bâtiments, récolter des ressources, décimer des légions entières de robot en faisant grimper le niveau d’alerte, et même se rendre dans des laboratoires de test.
Ces derniers font en réalité office de « donjons » secondaires qui nous mettent au défi via plusieurs phases de puzzles, de combats et ou de plateformes dans le but de récupérer du matériel. Le problème, c’est que le rythme en prend un coup. À laisser le joueur gambader ici et là et à volontairement espacer ses objectifs principaux pour l’inviter à se promener, Atomic Heart nous fait parfois (souvent en fait) perdre le fil. L’autre problème majeur, c’est surtout qu’il n’y a pas grand-chose à faire dans l’open world. Il y a beau avoir un nombre incalculable de coins à fouiller et de petits trucs à trouver pour venir gonfler le lore, on a rien de tangible à se mettre sous la dent et les « missions » secondaires se comptent sur les doigts d’une main. Au moins, fouiller partout permettra de récolter tout un tas de matos et ça par contre, vous en aurez besoin.
Ça fait mal, mais on peut se défendre
Les ressources sont en effet plus que précieuses dans Atomic Heart. Le jeu est assez difficile et relativement brut de décoffrage. Bien qu’il donne toutes les informations nécessaires via un petit tutoriel, on est rapidement mis au défi et ça ne pardonne pas. C’est là que toute la dimension light RPG entre en jeu. On sera amené à déverrouiller plusieurs pouvoirs (télékinésie, lancer de cryogel, Elek, etc.) et il sera même possible de les améliorer. Rapidement d’ailleurs, notre P-3 deviendra une véritable arme humaine capable de soulever dans les airs des dizaines de robots simultanément (sans mentir, vraiment) et de les exploser au sol. Non seulement, c’est une fois de plus super beau, mais en plus, c’est extrêmement grisant et terriblement efficace.
Outre ces pouvoirs qui font très Bioshock (encore) soit dit en passant, on pourra aussi améliorer notre personnage via des bonus de statistiques lui permettant d’encaisser davantage de dégâts, de porter plus d’objets ou encore de faire plusieurs dashs à la chaîne.
L’arsenal sera également très important et pour combattre, heureusement, il est généreux. Armes au corps-à-corps, fusil, pistolet énergétiques, lance-roquettes… on a de quoi se défendre. De plus, il sera possible d’améliorer et de customiser chaque arme en trouvant des plans, dans les fameuses zones de test notamment.
Il sera ainsi possible de personnaliser son approche en créant des armes spécialement conçues pour dégommer les robots, pour faire de gros dommages aux ennemis organiques ou en se focalisant par exemple sur les dégâts élémentaires. C’est à vous de voir. Notez que votre inventaire n’est pas illimité et que chaque objet ou arme prend de la place. Vous devrez donc faire des choix pour éviter la surcharge. Dans le cas où vos poches seraient pleines, sachez toutefois que les objets ramassés iront directement dans votre coffre et seront récupérables depuis n'importe quel distributeur. Un peu old school, comme ce choix de faire l’impasse sur les sauvegardes automatiques au profit de sauvegardes manuelles uniquement disponibles dans des pièces de sécurité (heureusement très nombreuses), qui ne plaira peut-être pas à tout le monde. Mais durant le test, pas une seule fois nous n’avons eu de soucis avec la gestion de notre inventaire, ni de problème avec les checkpoints, malgré quelques morts répétées à certains passages du jeu.
Faites tout de même attention de ne pas faire la tête en l’air sous peine de vous retrouver à court de munitions en plein combat ou de devoir vous retaper 15 minutes de marche depuis la dernière sauvegarde. On l’a dit plus haut, Atomic Heart peut très vite vous punir. Ce n’est pas un die and retry pour autant, disons juste qu’il est un poil au-dessus des standards en termes de difficulté. D’ailleurs, vous aurez le choix entre plusieurs modes, de facile, pour ceux qui veulent profiter de l’univers, à hardcore pour les masochistes. Cette difficulté fait d’ailleurs particulièrement mal et demandera quant à elle de bien gérer ses ressources et surtout, d’impérativement sauvegarder dès que possible.
Une note sur l'OST de cet Atomic Heart tout de même
Enfin, impossible de conclure ce test sans parler de l’OST de cet Atomic Heart, parce qu'ici aussi le jeu surprend à tous les niveaux. Non seulement on a le droit à de nombreuses musiques typiquement russes et d’époque, mais aussi à des titres plus récents grâce à un tour de passe-passe narratif aussi rigolo que surréaliste. Ça, c’est pour la partie in-game, qui fait partie intégrante de l’univers. Pour ce qui est de l’OST purement présente pour la mise en scène, c’est un tout autre registre. Tantôt on aura le droit à des morceaux presque métal, tantôt à de la techno presque hardcore, ou encore à des remix de chants ou de musiques russes… Ça ratisse vraiment large et aussi surprenant que cela puisse être, ça fonctionne à merveille. D’ailleurs, derrière quelques-unes de ses pistes, on retrouve Mick Gordon, compositeur de renom ayant notamment assuré les OST de DOOM ou encore Wolfenstein. Vous voyez le tableau, ça envoie et c’est efficace.