Assassin's Creed Origins proposait déjà de base une aventure dantesque, pharaonique diront certains, mais nous ne sommes plus au temps des tombeaux titanesques et autres temples à la gloire d'un panthéon infini de divinités. Non, nous sommes en l'an de grâce 2018, et l'heure est au season pass et autres contenus additionnels. Après avoir remanié sa formule, Ubisoft réussira-t-il à transformer l'essai ?
Prenant place quatre ans après la sanglante vengeance d'Aya et Bayek, ce premier DLC intitulé The Hidden Ones nous laisse justement découvrir ce que donne la TPE lancée par nos ex-tourtereaux après quelques années de pratique. Spoiler alert : ça ne va malheureusement pas fort, puisque ces expansionnistes de Romains semblent bien décidés à couler ce business naissant en assassinant un à un "ceux qui se cachent", faute de pouvoir lancer une OPA.
Accord Tacito
Appelé à la rescousse comme un certain Steve Jobs par un beau matin de 1997, notre héros encapuchonné s'empresse donc de secourir les premiers franchisés ayant mordu à l'hameçon. Délaissant ainsi pour un temps sa contrée natale de Siwa et le Delta du Nil, Bayek embarque pour le très biblique Mont Sinaï, où il est accueilli par Tahira, celle-là même qui acceptait de se trancher l'annulaire comme son mentor à la fin d'Assassin's Creed Origins. Comme dans n'importe quel album d'Astérix, il va donc falloir défourailler du Romain pour faire revenir le clame dans la région.
À l'instar de l'aventure principale, vos cibles sont rapidement listées, et vous voici donc parti pour assassiner en l'espace de quelques heures les trois lieutenants du Général Rufio que sont Tacito, Ptahmose et Ampelius, avant de faire directement tomber la tête du réseau. Et la sensation de redondance arrive ainsi dès les premières minutes de jeu, puisque The Hidden Ones se contente malheureusement de réciter par coeur peu ou prou les mêmes phases d'infiltration proposées dans Origins, donnant ainsi la sensation de repartir pour accomplir une fois de plus les mêmes missions. Une certaine idée du fordisme avant l'heure, même si les dernières heures parviennent finalement à proposer une aventure digne de ce nom.
Mise en quarantaine forcée
Et si ce premier DLC ne s'interdit pas quelques sympathiques situations, c'est avant tout la redondance et la facilité qui priment. En effet, les équipes d'Ubisoft Montréal ont très clairement profité du système de niveaux emprunté au RPG pour créer une sorte de difficulté artificielle dont les ficelles restent trop visibles. Si le jeu de base vous demandait d'atteindre le niveau 35 pour voir défiler son générique de fin, The Hidden Ones conseille (ou oblige, tout dépend du point de vue) à atteindre la quarantaine pour espérer faire le tour du Mont Sinaï sans pour autant rencontrer Dieu.
Et pour les pauvres paumés du désert qui se seraient contentés du strict minimum pour assouvir la pharaonique soif de vengeance d'Aya et Bayek, l'addition est d'entrée très salée. Le levelling obligatoire pour se lancer aux trousses de Rufio pourra prendre des airs de punition gratuite, surtout que les paliers nécessitent rapidement de boucler quantité de quêtes avant de pouvoir profiter de sa nouvelle acquisition. Cet allongement, aussi artificiel que l'île d'Odaiba pour booster la durée de vie, ne passera pas forcément bien aux yeux de tous, qu'on se le dise. Heureusement, une sympathique chasse au trésor parviendra quand même à insuffler quelque dimension épique, avec une sympathique récompense à la clef...
Strength in Numbers
Heureusement, les alentours du Mont Sinaï restent, à l'instar d'Origins, un ravissement de tous les instants pour les yeux, même si les nombreuses sessions de grimpette trahiront bien vite le relatif degré de finition de ce premier DLC, puisqu'elles ouvriront avec maestria une foire aux bugs qu'on aurait préféré éviter. Entre les disparitions en pleine montagne ou les suppressions pures et simples des voix même lors des cinématiques, The Hidden Ones fait passer le reste de la franchise pour un modèle de stabilité et de finition, c'est vous dire. Et comment passer sous silence cette phase où vos ennemis iront jusqu'à cramer un fusible en... assassinant ma propre cible. Non ?! Si.
Enfin, les quatre missions principales jouent bien trop la carte de la difficulté par le nombre pour s'avérer suffisamment différenciées et inintéressantes : les quelques forts/bases à infiltrer débordent littéralement de gardes bien équipés, histoire de calmer les hardeurs des assassins low level. Si les approches pour mener à bien vos méfaits restent multiples et variés, la prolifération vraiment démesurée des ennemis à abattre ou à esquiver semble témoigner d'une précipitation un brin opportuniste qui pourra lasser jusqu'aux plus mordus de la série. À moins d'avoir retourné jusqu'au dernier grain de sable l'épisode original, vous pouvez tranquillement attendre la suite qui s'annonce, elle, plus conséquente.