Il y a des jeux qu'on a envie d'aimer. Des jeux qui comme des enfants trop ordinaires, font beaucoup d'efforts pour capter l'attention, mais auxquels on sourit poliment sans attendre d'eux qu'ils nous surprennent un jour. Dark Void entre dans cette catégorie : un titre soigné, parfois même inventif, mais encore pataud, encore emprunt de maladresses qui l'empêchent de s'épanouir... et nous obligent à détourner le regard vers d'autres enfants bien plus intéressants.
Les deux versions étant similaires, les tests le sont aussi.
Dark Void m'a beaucoup fait penser à Uncharted premier du nom. Pas seulement parce que son héros, Will, est interprété par le même doubleur que celui de Nathan Drake (l'acteur Nolan North en V.O.), mais aussi car il a tenté d'en reproduire la narration. Petites cutscenes ici et là rythmant l'histoire de ce pilote échoué dans une dimension parallèle après un passage par le triangle des Bermudes, communications régulières avec un personnage ami géré par la machine, gameplay très (trop) TPS... malheureusement, il en a récupéré également les quelques défauts (une partie shooting trop présente, par exemple), tout en y ajoutant les siens (et notamment un rythme, des dialogues, et des personnages considérablement moins maîtrisés).
Sur terre, on s'ennuie
Si l'univers années 30 incorporant ce côté SF - avec cette espèce d'aliens engoncés dans des armures technologiques, et oppressant une population d'indigènes facilement impressionnables - et le mélange remarquablement fluide entre fusillades à pieds et dogfights aériens jouent considérablement en faveur de Dark Void, malheureusement l'histoire de Will ne passionne pas. Même si le titre d'Air Tight Games (constitué de nombreux anciens de FASA qui avaient travaillé sur Crimson Skies) ne manque pas de scènes de bravoure et de très bonnes idées (je reviendrai dessus), la mayonnaise reste pauvre et fade. En grande partie sans doute car, tout comme le scénar, l'action, qu'elle soit menée à pieds ou dans les airs, manque cruellement de punch. Les ennemis assez génériques et le level design linéaire et classique, bien qu'intéressant pour ses passages verticaux mettant à profit une transposition habile du système de couverture, achèvent de rendre l'essentiel des affrontements à pied répétitifs et convenus.
Dans les airs, on s'élève
Passé une heure de jeu, on acquiert le fameux Jetpack qui fera de Will un héros sinon charismatique, du moins paré à affronter les "Watchers" pour libérer les indigènes. Et c'est bien dans les airs que Dark Void parvient le mieux à briser parfois sa terrible monotonie. Maniable, dotée de contrôles fluides permettant de passer très facilement et à tout moment d'un vol classique à un vol stationnaire, comme de la terre ferme à l'air, cette mécanique centrale du game design aurait clairement pu briller bien plus encore si elle avait eu pour l'accompagner un visuel, un scénario, des personnages, un level design et une composante shoot moins monotones. Certes, il y a quelques bastons contre des boss intéressantes, atterrir sur une navette alien pour s'en emparer (au travers d'un unique QTE) peut se révéler trippant la première fois, les dogfights sont globalement convaincants, et la musique brillante (merci Bear McCreary) sauve une bonne partie de l'atmosphère... Mais c'est loin de suffire à faire de Dark Void un titre qui décolle durablement.
À l'image d'une brocante remplie de déjà-vus ternes qu'il faudrait tolérer des heures pour trouver deux ou trois objets qui rendent le sourire, Dark Void ressemble à un océan de gris perturbé par quelques îlots de couleur. Il ne s'agit pas du tout d'un mauvais jeu, et il propose même des choses qu'on n'avait jamais vues avant, mais Dark Void n'est clairement pas assez compétitif à l'heure d'un planning 2010 qui malmène d'avance les portefeuilles.