Si sur PC les jeux de gestion et les city-builders sont légion, les représentants sur consoles se font rares. Il est en effet assez difficile de rendre agréable et ergonomique l’accessibilité des menus, onglets et autres sous-sections de certains titres. Tout comme parfois, les ressources des consoles sont insuffisantes pour encaisser le fourmillement de détails de certains jeux.
Mais au fil des années nous avons eu le droit à plusieurs réussites, comme Cities Skylines, Planet Coaster ou encore Jurassic World Evolution et les derniers volets de la franchise Tropico. Tout est donc possible et Ubisoft a décidé lui aussi de se lancer à l’assaut des consoles PS5 et Xbox Series avec ANNO 1800, dernier jeu de la célèbre licence éponyme. Une première après un quart de siècle d’existence pour la franchise. Alors, pari réussi pour Ubi ?
Une version rabotée
ANNO 1800 est sortie en 2019, à l’époque le jeu se présentait déjà comme un incontournable du genre. Non seulement il était vraiment très beau, mais en prime, il se payait le luxe d’être addictif à souhait, complet et généreux. Nous en avons déjà fait le tour lors de sa sortie, et lorsque nous l’avons lancé sur PS5 pour ce nouveau test, nous étions en terrain conquis. Globalement donc, ANNO 1800 reste le même avec ses grosses qualités et ses quelques défauts. On a le droit à une campagne solo qui nous tiendra déjà en haleine de nombreuses heures, ainsi que du multijoueur. Il y a clairement de quoi faire.
Seulement voilà, depuis 2019 l’eau à couler sous les ponts, et en grande quantité. ANNO 1800 sur PC propose maintenant plusieurs modes de jeux, du contenu saisonnier et plusieurs nouveautés. Aucun de ces contenus n’est malheureusement disponible sur consoles à l’heure actuelle. Les joueurs PS5 et Xbox Series devront se contenter du mode campagne, du mode bac-à-sable et du multijoueur à deux pour le moment. Il n’y a plus qu’à espérer qu’Ubisoft nous sorte le reste du contenu après la sortie du jeu. Pour le moment, les seuls DLC disponibles sont tous cosmétiques et ne servent qu’à embellir votre ville, sans avoir d’incidence sur le gameplay.
Mais alors ça donne quoi un ANNO à la manette ?
Les amateurs du genre le savent déjà, les jeux de gestion sont bien meilleurs sur PC, c’est un fait, mais comme on le disait en introduction, le fait est que plusieurs jeux nous ont déjà prouvé qu’ils pouvaient s’adapter à la manette, moyennant généralement un redesign complet de leur interface. C’est le cas ici avec ANNO 1800.
Toute l’interface a été repensée, et il y avait du boulot. On dispose désormais de plusieurs menus circulaires où se logent tout ce que l’on a besoin. On se retrouve donc avec trois gros menus. Un premier répertorie tout ce qui est lié de près ou de loin à la gestion pure (statistique, politique, commerce, graphiques, etc.), un autre nous permet d’avoir accès rapidement à des raccourcis pour la construction (démolition, pipette, copie, etc.) et enfin un dernier regroupe tous les bâtiments rangés par catégories. Ce menu est d’ailleurs customisable puisque vous pouvez décider de l’ordre de tri selon vos préférences.
Pour le reste, on se balade dans les onglets principaux avec les touches de la manette, on farfouille les sous-menus avec la croix directionnelle et le reste se gère grâce aux gâchettes. On notera également de nombreux raccourcis ici et là pour faciliter la navigation, notamment sur la carte du monde. Alors oui, c’est bien moins instinctif que sur PC, c’est certain, mais on est forcé d’admettre qu’après un petit temps d’adaptation, on s’y fait très bien à la manette. Mais il faudra bien entendu trouver ses marques. Heureusement, le jeu nous prend par la main et propose même tout un tas d'aides très détaillées immédiatement accessibles dans le menu option. Par ailleurs, au lancement d’une nouvelle partie, il est possible de choisir à tout moment d’avoir plus ou moins d’aide. Parfait pour les néophytes.
Là où ANNO 1800 fait moins bien que la concurrence du genre, c’est dans le déluge d'informations à l’écran qui ont parfois même tendance à gâcher la vue. Dès que les informations, objectifs de mission ou encore des descriptions s’enchaînent, on se retrouve bien souvent avec plusieurs onglets ouverts en permanence ce qui restreint la visibilité de l’espace de jeu. Peu pratique, parfois même franchement usant lorsque des pop-ups viennent s’ajouter au tout. Et ne cherchez pas à réduire la taille des onglets, ce n’est pas possible.
C’est joli, mais pas toujours clean
Visuellement enfin, ANNO 1800 s’en sort plutôt bien. C’est fin et détaillé, les textures sont honnêtes et la modélisation des bâtiments est impeccable. La physique de l’eau est également de bonne facture, et la direction artistique fait toujours un travail de maître. Non, vraiment, ANNO 1800 est agréable à l'œil. Toutefois, on est bien en dessous de ce que peut proposer un PC avec les paramètres au maximum. Il manque encore pas mal d’effet et l’on peut même voir une dissonance entre le jeu et les scènes cinématiques, là où il n’y a pratiquement aucune différence sur PC. Rien de bien méchant cela dit.
En tout cas c’est bien moins gênant que la technique du jeu qui elle a tendance à tousser.
Le framerate n’est pas toujours au top de sa forme, on ressent une espèce de ralentissement constant lors de nos déplacements et les textures ont du mal à se charger lorsque l’on zoome et dézoome. Nos consoles de salon ont beau avoir un SSD, visiblement, ce n’est pas suffisant. Mais on penche plutôt sur un petit souci d’optimisation, comme lorsque l’on charge une partie et que l’on doit parfois se coltiner des chargements à rallonge. Ce n’est pas une fatalité en soi, mais on est loin du sentiment « new gen » que l’on nous vend depuis des années sur PS5 et Xbox Series. Nous n'allons pas bouder notre plaisir pour autant, si votre PC n'est pas en mesure de faire tourner le jeu, ANNO 1800 sur consoles est une excellente alternative.