Les développeurs français d'Anarcute ne pouvaient rêver mieux que cette période de contestation sociale pour sortir leur jeu dans l'hexagone. Pourquoi ? Tout simplement parce que leur titre n'est ni plus ni moins qu'un simulateur de manifestation/émeute. Malgré cette thématique que les Français connaissent bien, Anarcute parvient tout de même à sortir les joueurs de la tristesse du quotidien.
Le concept derrière Anarcute est à la fois simple et original. Le joueur incarne ici un groupe de manifestants animaux (dont un shiba inu, un cheval, ou encore une moule) dont le but est de faire tomber un groupe de méchantes corporations ayant fait des policiers leurs esclaves et qui gèrent les populations d'une main de fer. Pour parvenir à renverser le pouvoir en place, le joueur doit faire grandir son groupe de contestataires (sauf dans de rares cas où il ne dirige qu'un animal), battre les forces ennemies, et détruire les points stratégiques du pouvoir en place (comme des tours radio par exemple). Le tout se déroule dans des versions cartoonesques de différentes villes comme Paris, Tokyo, ou encore Reykjavík.
Dans le jeu, cette lutte idéologique se traduit par des niveaux dans lesquels le joueur déplace un groupe d'animaux dans des rues à la recherche d'éléments à détruire et de policiers/soldats à mettre hors d'état de nuire. La caméra est placée au-dessus de l'action et libre au joueur de l'éloigner ou de l'approcher des héros. Pour une meilleure visibilité, il est préférable de la maintenir relativement éloignée (les immeubles disparaissent automatiquement lorsqu'ils sont cachent les personnages). Dans l'ensemble, la caméra est bien maniable et a pour unique défaut le fait de se rapprocher subitement et sans raison du groupe d'animaux à certains moments.
Tous ensemble, tous ensemble !
Pour ce qui est du gameplay, les personnages peuvent utiliser des coups au corps à corps mais leur fragilité fait qu'il ne faut pas se précipiter tête baissée et en abuser (les animaux peuvent être mis KO eux aussi et une fois le dernier animal mis hors service, il faut recommencer le niveau). En parallèle au combat rapproché, les armes constituent un autre moyen de défense. À la manière d'un Katamari Damacy, les protagonistes ramassent automatiquement tous les objets sur lesquels ils passent afin de s'en servir d'armes.
Dans l'ensemble, le concept est clair et aisé à prendre en main. Il est simplement regrettable de voir devenir brouillonnes certaines séquences où les personnages sont très nombreux à l'écran. De plus, les groupes composés d'une quarantaine ou une cinquantaine de manifestants ne sont pas toujours simples à diriger et il arrive que certains animaux en queue de peloton marchent sur des pièges et se retrouvent hors jeu bêtement. Malgré ces défauts, Anarcute permet clairement de passer un bon moment manette en main.
Old school is cool
Techniquement, et c'est peut-être curieux à dire cela à propos d'un jeu Xbox One sortant en 2016, mais Anarcute fait l'effet d'un retour à l'ère Dreamcast. Et ce n'est pas un reproche. Malgré des graphismes relativement simplistes et des personnages grossièrement modélisés, Anarcute bénéficie d'une atmosphère qui fait mouche. Les environnements sont mignons, colorés, et collent bien aux version caricaturales des villes dans lesquelles l'action se déroule. Mention très spéciale à la bande-originale très réussie qui parvient à la fois à être moderne et à avoir un petit côté rétro, ainsi qu'à avoir une cohérence d'ensemble tout en étant adaptée aux différentes villes du jeu (sans oublier les boss fights qui sont accompagnés de leur propre thème). Mon petit doigt me dit par ailleurs que la bande-originale du jeu a été réalisée par un célèbre artiste d'électro mais que son identité n'a pas été révélée afin de ne pas faire d'ombre au jeu (qui, soit dit en passant, aurait à l'inverse pu bénéficier d'un gros coup de pub)...