Distribué sous l'aile protectrice d'Humble Bundle, Aegis Defenders se sera fait attendre depuis le lancement de son financement participatif en 2014 et les quelques 145.000 dollars glanés grâce au succès de ce dernier. Celui qui, sur sa page Kickstarter, se présente comme un "jeu de plates-formes tactique en 16-bit" entend bien proposer une expérience hybride, résolument rétro, à mi-chemin entre le platformer, le puzzle-game et le tower-defense.
Le titre prend place dans un univers post-post-apocalyptique où, suite à une grande désolation survenue mille ans plus tôt, les humains se retranchent pour constituer plusieurs tribus éparpillées à travers le monde et n'ayant que peu d'interactions entre elles. Certaines de ces tribus prêtent alors allégeance à des divinités, les Deathless, qui règnent sur des nations de fidèles. Clu et son grand-père Bart tentent de survivre tant bien que mal dans cet univers hostile et menaçant en se mettant en quête de reliques antiques afin de les revendre au plus offrant. C'est lorsqu'ils tombent sur l'une d'elles, Aegis, capable d'annihiler toute forme de vie, qu'ils prennent conscience du rôle qui leur incombe : protéger coûte que coûte la puissante relique, au péril de leur vie.
Defenders Assemble
Vous l'aurez compris, ce n'est pas à travers son scénario qu'Aegis Defenders entend proposer quelque chose de véritablement neuf ; le background du titre n'étant là que pour introduire un univers crédible et cohérent dans lequel évoluent les différents personnages rencontrés et/ou contrôlés tout au long de l'aventure. À commencer par nos deux protagonistes, Clu et Bart, que l'on apprend petit à petit à connaître grâce à divers dialogues distillés entre et pendant les dix-huit missions que comporte le jeu. Nos deux chasseurs de reliques sont vite rejoints par un petit robot tout mignon tout rigolo du nom de Kobo, un alter-ego de BB8. Ses interventions décalées ne manqueront pas de faire sourire le joueur. Soyez prévenus néanmoins : le jeu demeure intégralement en anglais.
L'intérêt du titre réside donc dans sa formule alliant à la fois le platformer et le tower-defense, ces deux genres étant distinctement représentés dans le jeu. En effet, chaque mission ou presque se divise en deux parties. D'abord l'exploration du niveau, pendant laquelle le joueur est amené à contrôler plusieurs personnages à la fois afin d'avancer, la progression de l'un étant dépendante de celle des autres. Ainsi, si un personnage se retrouve séparé de son coéquipier et ne peut plus progresser, ce sera à ce dernier de trouver la solution pour débloquer la situation : un bouton à appuyer, une pierre à faire rouler etc. Pour ce faire, chaque personnage dispose d'une palette de coups et d'outils qui leur sont propres : Clu peut tirer au laser sur les ennemis (à noter par ailleurs la visée plus qu'imprécise de celui-ci) et fabriquer des petites bombes libérant des passages, Bart tape avec son marteau tout en construisant et en réparant des tourelles etc.
Au fur et à mesure que le jeu avance et que l'on rencontre de nouveaux personnages, l'aventure se mue peu à peu en véritable puzzle-game, avec son lot de chemins tortueux et semés d'embûches. Il vous faudra alors faire preuve de perspicacité afin de progresser dans le niveau. À noter qu'entre chaque mission, il est possible de s'offrir de nouvelles armes ou améliorations en échange de cristaux ramassés au cours de l'exploration.
Aïe Solo
Mais c'est la phase de tower-defense qui constitue le coeur du titre de GUTS Department. Quand les personnages atteignent l'objectif d'un niveau, généralement matérialisé par une relique, ils doivent la protéger des ennemis surgissant de part et d'autre de l'écran. Entre chaque vague, le joueur dispose d'une minute pour dresser des pièges (tourelles, bombes, cracheurs de feu...), ces derniers étant limités aux ressources puisées dans le niveau. Par ailleurs, les personnages s'avèrent plus efficaces contre les ennemis de la couleur qui leur est associée (bleue pour Clu, jaune pour Bart, etc.).
Si une simple touche permet de switcher facilement entre les personnages contrôlés, l'intégralité de l'aventure peut également se faire en co-op à deux, grâce à un écran splitté ingénieux suivant les mouvements des personnages. Chaque joueur s'empare d'un Joy-Con (sur Switch, version testée) et le tour est joué. Le jeu gagne ainsi en intérêt puisqu'il faudra faire montre d'une collaboration sans faille pour faire face aux hordes d'ennemis qui en veulent à nos précieuses reliques. L'intransigeance des derniers chapitres d'Aegis Defenders impose même d'appeler systématiquement un ami à la rescousse tant la permutation entre tous les personnages se révèle un véritable calvaire face aux cohortes d'ennemis de plus en plus nombreux et coriaces.
Notons enfin que le titre peut se targuer de posséder une direction artistique rétro et soignée, offrant une poésie de couleurs et de pixels lorgnant du côté d'un Pyre ou d'un Hyper Light Drifter. La musique n'est pas en reste et accompagne avec poésie les pérégrinations de nos chasseurs de reliques tout au long de leur quête. Mention spéciale pour le morceau que l'on entend sur le feu de camp, à la fois onirique et reposant.
Petit point noir à signaler : sur la douzaine d'heures de jeu qu'il m'a fallue pour boucler l'aventure, mon personnage s'est retrouvé à deux reprises coincé dans les méandres d'un niveau... me contraignant à recharger ma partie pour le recommencer.