Si certaines séries restent historiquement attachées à leur support d'origine, d'autres semblent traverser le temps avec suffisamment d'aisance et de maestria pour se décliner encore et encore sur tous les supports. Créée sur Game Boy Advance puis portée et localisée sur Nintendo DS, voilà que la si japonaise série Ace Attorney se compile sur les consoles de "nouvelle génération". Sans objection ?
Conformément aux récents épisodes sortis sur 3DS (quand ils sortent), les européens devront se contenter pour cette trilogie liftée d'une version dématérialisée, les joueurs japonais étant encore les seuls à profiter des faveurs de Capcom en la matière, en espérant que reviennent des jours meilleurs. Mais au vu du prix que commencent à prendre certains titres ici présents, nous aurions tout de même bien tort de bouder notre plaisir.
On refait le parquet
Comme l'indique son sous-titre japonais "Naruhodō Selection", cette compilation propose de revisiter la première trilogie mettant en scène le jeune avocat Phoenix Wright, et les tribulations qui le conduiront à mettre au jour les sombres tractations entourant la famille de médiums, les Fay. Sortis à l'origine entre 2001 et 2004, Ace Attorney, Justice for All et le conclusif Trials and Tribulations avaient déjà subit un lifting lors de leur portage sur mobiles, mais cette version consoles et PC profite de quelques retouches supplémentaires, écrans larges obligent.
On retrouve donc en haute définition toutes les rocambolesques affaires étant entrées dans la légende - faites d'investigations sur le terrain, d'interrogatoires, d'analyses de preuves et de joutes verbales de haute volée à la cour -, bien que ces graphismes plus chatoyants ne s'accompagnent pas de quelques déconvenues, notamment du côté des plans larges, qui voient certaines subtilités gommées par le lissage, un vrai crève-coeur quand on se rappelle de la précision des pixels d'époque. Mais quel que soit le support de votre choix, l'expérience visuelle reste malgré tout très plaisante, grâce aux effets de mise en scène de Shu Takumi, qui fonctionnent toujours aussi bien.
Dupont-Moretti te salutant
En revanche, côté amélioration et nouveautés, les témoins ne se bousculent pas à la barre : mis à part une jauge de "vie" remaniée pour que le premier épisode ne fasse plus tache devant ses deux successeurs, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de travail de la part de Capcom, qui se contente à l'inverse de bon nombre de compilations du service quasi minimum. Pas de mode Museum, donc, pas de bonus à se mettre sous la dent, et pas de fleur accordée aux ténors du barreau non plus, puisqu'il faudra débloquer à l'ancienne chaque épisode, un par un. Pas question, donc, de zapper la troisième affaire de Justice for All, par exemple *tousse*. Et quitte à revoir certaines mécaniques, il faudrait franchement songer à se pencher sur le sort des déplacements, parfois à la limite de l'imbuvable en 2019. À bon entendeur.
Mais la pilule se digère bien vite, puisque la force d'Ace Attorney réside envers et contre tout dans sa narration et sa rocambolesque mise en scène, passant sans crier gare du burlesque au mindfuck parfois plusieurs fois par procès. De ce côté-là, rien ne semblerait vieillir, malgré la persistance ubuesque des versions occidentales qui s'évertuent envers et contre toute forme de logique de situer l'action aux États-Unis... Rappelons enfin aux curieux qui n'auraient pas suivi de près l'actualité de cette compilation qu'il faudra patienter jusqu'à cet été pour profiter de la mise à jour gratuite qui permettra donc de se la jouer dans la langue de Dupont-Moretti.