Prise de risque maximum pour Intelligent Systems, qui s'aventure dans le steampunk avec une approche très énergique de la stratégie au tour par tour. Cette tactique plutôt inhabituelle se solde-t-elle par une victoire étincelante, ou une cuisante défaite ?
Au sein de cet univers aux traits marqués de bande dessinée, Abraham Lincoln s'allie avec Tom Sawyer, le lion du Magicien d'Oz et Lily la tigresse de Peter Pan (entre autres) pour lutter contre une invasion d'extra-terrestres. De grands écarts dont le récit s'accommode tant bien que mal grâce à l'autodérision. Est-ce le résultat d'une pêche hasardeuse aux licences du domaine public, d'un suicide artistique ou d'une fantaisie débridée ? Pas certain en tout cas que tout le monde apprécie cette démarche audacieuse, de même que la présentation des combats à la troisième personne. Le studio à l'origine de Fire Emblem et Famicom/Advance Wars vise ainsi à rendre les batailles plus immersives, quitte à s'affranchir d'une vue aérienne, la caméra se manipulant par le biais de l'écran tactile (ou du stick C sur New 3DS).
Radar au sol
Mieux vaut donc surveiller les déplacements ennemis avec un minimum d'attention, malgré la lisibilité restreinte - voire nulle - qu'engendre la présence d'obstacles, et les moments d'attente longuets occasionnés par ces tergiversations. Une mise à jour ajoute toutefois une option pour les accélérer, sans que cela ne résolve totalement ce souci de rythme. La planification précautionneuse des opérations se révèle d'autant plus cruciale qu'il faut gérer savamment la réserve de vapeur de chacune des unités afin d'opter pour des manoeuvres tantôt offensives, tantôt défensives... un travail de dosage délicat. En effet, cette ressource utilisée pour l'ensemble des actions ne se régénère pas complètement d'une phase à l'autre, et contre-attaquer nécessite d'en garder suffisamment en stock.
L'art du traquenard
Car en plus de l'arsenal évolutif de nos "comics troupiers" - parmi lesquelles s'invitent d'illustres guerriers amiibo encore plus décalés - le principe d'embuscade en semi-temps réel constitue le point névralgique de ce gameplay moins terre à terre qu'il n'y paraît, mais aussi terriblement retors. Il faut souvent s'y reprendre à plusieurs fois pour l'emporter et éventuellement ramasser au passage les précieux rouages, synonymes de packs d'armes supplémentaires. Surtout avec les cartes dotées de reliefs escarpés, tant l'angle au ras des pâquerettes donne une importance capitale à la structure du terrain et aux éléments destructibles, qui en prime remferment régulièrement des bonus.
Pris entre deux feux
Une bataille de positions que dynamisent les renforts adverses parfois incessants, pour ne pas dire oppressants dans la campagne, et le délai de réflexion limité ou carrément inexistant lors des parties multijoueurs selon le mode. Des tournois en ligne et des classements via Street-Pass sont d'ailleurs également au programme de cette oeuvre résolument hétéroclite. Au delà de son style singulier, Code Name : S.T.E.A.M. se montre hélas trop posé et punitif pour les amateurs de fusillades qu'il semblait pourtant avoir en ligne de mire, tandis que les tacticiens lui reprocheront son manque de subtilité. Néanmoins, un tel cocktail d'influences multiculturelles s'avère quelquefois détonant, robot géant à l'appui, à l'instar de ses mécaniques éprouvées quand elles fonctionnent à toute vapeur.