Vous avez entendu parler de Chariot ? Non ? C'est - malheureusement - normal. Sorti en octobre sur PS4 et Xbox One (il était offert aux possesseurs du Xbox Live Gold), en novembre sur PC et prévu bientôt sur Wii U, le titre des canadiens de Frima Studio fait partie de ces productions qui, à leur corps défendant, passent inaperçues auprès du plus grand nombre. Une injustice lorsque l'on s'est essayé à ce titre où un humour bon enfant soutient un gameplay entre plate-forme et réflexion parfaitement équilibré.
À petit jeu sympathique, scénario qui ne se prend pas au sérieux. Chariot vous invite ainsi à incarner la fille d'un roi défunt, accompagnée de son fiancé, qui tous deux mènent le monarque, dont la dépouille repose dans un char funéraire, vers sa dernière demeure. Problème : l'endroit choisi ne convient pas au fantôme du souverain, qui le fait savoir, et intime à la princesse de trouver une sépulture qui soit digne de sa sublimité... Le lourd.
« Quand on est riche, on est désagréable ! »
La Princesse et/ou son Fiancé vont ainsi devoir se coltiner le char(iot) par monts et par vaux, à l'intérieur des vastes catacombes royales, se faisant régulièrement tancer par un esprit royalement bougon (soulignons que le doublage est réalisé par des acteurs professionnels québecois, par exemple Nicolas Charbonneaux, la voix d'Ashton Kutcher). Un humour absurde qui pose l'ambiance, et un titre qui enchante visuellement, avec ses couleurs vives, son aspect cartoon, ses musiques pleines d'entrain... Bref, difficile de résister au charme de ce platformer qui, au-delà de son esthétique « choupinou », intègre surtout des mécaniques de gameplay aussi simples que solides. Votre personnage, en effet, dispose d'une corde pour manipuler le char (comme d'habitude, sur PC, le jeu au controller Xbox 360 ou autre est conseillé), qu'il peut tirer, ou bien au contraire relâcher pour avoir un peu de lest. Ajoutez à cela un bouton de saut, une attaque offensive (coup d'épée rapide pour la Princesse, lance-pierres pour le Fiancé), l'utilisation de divers gadgets, et voilà, vous avez fait le tour des possibilités offertes par le gameplay. Simple ? D'apparence seulement, car en réalité, tout ceci n'est rien moins que démoniaque...
« On en reparlera quand il faudra porter quelque chose de lourd. »
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que cette fameuse corde, ici l'alpha et l'oméga du gameplay, autorise les manipulations les plus subtiles, vous obligeant à jouer sans cesse avec l'inertie du char, à vous en servir de plate-forme lorsqu'il tombe dans le vide pour atteindre un endroit éloigné (ceci tout en le retenant), à le chevaucher si besoin, etc. Rapidement, les difficultés se conjuguent, avec notamment l'apparition de « rails fantômes » (que seul le chariot, lié au royaume des morts, peut emprunter) et de « voies vivantes », sur lesquelles pousse comme par magie une flore qui accompagne vos pas (au travers desquelles le chariot passe, donc, mais pas vous). Également, le bruit que vous faites en déplaçant votre véhicule se révèle d'importance (une onde sonore apparaît lorsque le char tombe d'un peu haut, cogne une paroi, etc.), diverses créatures ne demandant qu'à être réveillées pour venir voler les pièces d'or que vous avez jusque-là récoltées. Certains niveaux sont quant à eux plongés dans le noir, et même lorsque vous avez récupéré la lampe permettant de les explorer, anticiper une crevasse soudaine n'est pas toujours facile... Un challenge perpétuel que l'utilisation de divers gadgets (ancrage temporaire pour maintenir le char en place, bombe « canari » qui leurre les ennemis avant d'exploser, aimant qui permet d'attirer le chariot à soi, souliers autorisant de courts sprints, etc.) permet, heureusement, d'atténuer. Au final, un titre solide en solo, et pas loin d'être incontournable à deux... pour peu que les mots « travail d'équipe » aient pour vous un sens.
Chariot réussit le petit exploit, pour un jeu tourné vers la coopération, de se révéler presque aussi convaincant en solo - le gameplay réclame alors une plus grande maîtrise - qu'à deux. Cette dernière option, qu'il faut évidemment privilégier, est cependant à double-tranchant : votre partenaire peut, en effet, aussi bien se révéler être un boulet (vous pouvez alors ignorer son « aide », et passer quoi qu'il en soit un bon moment) qu'un atout indispensable (certains challenges, signalés par un panneau comportant deux silhouettes, sont réservés au jeu en duo... a priori). Une expérience réjouissante que de nombreux gamers regretteront cependant de ne pas pouvoir partager en ligne.