Chaque année c'est la même rengaine, diront certains... et ils n'auront pas vraiment tort ! Les séries récurrentes débarquent entre octobre et novembre, d'Assassin's Creed à FIFA, en passant par PES et, bien entendu, le fameux Call of Duty, réglé comme du papier à musique. Mais abattre ces jeux trop rapidement serait une erreur tant ils sont attendus et, surtout, tant leurs développeurs respectifs rivalisent d'ingéniosité pour nous convaincre à chaque fois que leur "nouvelle version" est indispensable. Alors est-ce le cas cette année avec Call of Duty : Ghosts ?
Après le Black Ops II de Treyarch l'année dernière, pour certains en demi-teinte, c'est Infinity Ward qui revient aujourd'hui avec un épisode reboot nommé Ghosts qui a su faire monter la sauce. Attendu comme le messie pour calmer les ardeurs d'un Battlefield 4 peut-être un peu trop sûr de lui, ce nouveau CoD s'impose, comme nous le prévoyons tous depuis des mois, par le biais d'une campagne solo inspirée, mais sans pour autant nous sortir des sentiers battus.
Next Gen Vs. Current Gen
C'est un peu la question que tout le monde se pose, est-il réellement nécessaire de faire Ghost sur Xbox One et PS4, les consoles nouvelle génération ? Plus fin et un peu plus joli (surtout sur PS4 en 1080p, et seulement en 720p sur Xbox One), le titre souffre néanmoins beaucoup plus de son moteur vieillissant sur next gen que sur PS3 et Xbox 360. Cela est d'autant plus valable que Battlefield 4, lui, monte énormément en gamme techniquement sur PS4 et Xbox One. Le rendu du jeu d'Activision demeure néanmoins correct, mais arrive clairement bon dernier du trio de tête des FPS next gen (Battlefield 4 et Killzone : Shadow Fall en tête). Au final on gagne évidemment en confort de jeu en solo, et l'ajout du mode de jeu Search and Destroy (recherche et destruction), très prisé des fans, ajoute à l'intérêt du multi et à son aspect compétitif, même s'il ne supporte encore pas la comparaison avec BF4 et ses cartes de 64 joueurs. Pour faire simple, si vous n'avez pas encore joué à CoD Ghost et que vous l'attendiez sur next-gen, vous pouvez y aller, même si l'écart avec la version current-gen est loin d'être aussi important que celui de BF4.
L'attraction du parc
Les Ghosts sont des soldats d'élite, les meilleurs. Une escouade de légende dans l'armée américaine qui fait presque figure de conte de fée pour les soldats lambdas. C'est en tout cas ce que croient Logan, le héros, et Hesh, son frère, lorsque leur père, vétéran de la guerre, leur en parle lors d'un week-end à la campagne. Dans les bois, ils discutent en famille et tout est calme... trop calme même. Le sol se met alors à trembler, les arbres vacillent, les lignes électriques tombent, les conducteurs perdent le contrôle de leurs véhicules sur les routes, les alarmes s'emballent, les murs se fissurent en ville... puis le silence. Des craquements se font entendre à nouveau et le sol se brise, laissant apparaitre d'énormes crevasses, puis s'effondre finalement sur lui-même, les baraques éclatent comme des châteaux de cartes. Au milieu de ce déluge, Logan et Hesh tentent de retrouver leur père disparu dans les décombres, en frôlant la mort à chaque instant. A partir de là, l'attraction Call of Duty : Ghosts ne s'arrêtera jamais. Le mode solo est un véritable "roller coaster" qui s'emballe pendant 5 à 6 heures maximum, jusqu'à un final classique mais efficace... qui nous donne rendez-vous dans deux ans.
Call of Gravity
Mais point de chemins alternatifs cette année, point de choix dans la campagne... En effet, le joueur va subir son rythme haletant, entre atmosphères calmes et accélérations fulgurantes, le tout dans des lieux divers et variés, des ambiances recherchées et subtiles (dont certaines ne sont pas sans rappeler des incontournables tels que The Last of Us ou encore Metal Gear Solid 4), le tout saupoudré d'une tension façon blockbuster hollywoodien, tel le tout récent Gravity par exemple. Les développeurs jouent avec les univers mais aussi les perpectives, pour nous mettre dans des situations toutes plus surprenantes les unes que les autres, que ce soit en apesanteur, dans l'eau ou dans des buildings qui s'effondrent. On nous propose d'ailleurs des conditions de tir toujours plus recherchées, puisque les ennemis se déplacent différemment en gravité zéro, que les balles ne fendent pas l'eau de la même manière que l'air, ou encore parce que tirer la tête en bas, lorsqu'on est en rappel sur la façade d'un immeuble, ce n'est vraiment pas aussi simple que dans le bon sens sur le plancher des vaches.
Ghostbusters !
Oui, cette campagne est absolument sensationnelle, même si elle reste linéaire. Tout au plus nous pourrons tirer sur certains ennemis alors que nos comparses nous interdisent d'engager, mais rien ne nous permet réellement de sortir des clous savamment placés par les développeurs. Et finalement ce n'est pas plus mal, tant ils maîtrisent leur sujet ! Si le scénario ne casse pas forcément des briques, il parvient à surprendre aux bons moments, les situations sont variées grâce au jeu sur la gravité, les séquences d'infiltration et les changements de points de vue (on incarne plusieurs héros, même si les deux frères restent les protagonistes principaux). Pour être clair et ne pas éviter le match que tout le monde attend : c'est une véritable déculottée pour le solo de Battlefield 4, qui ne tient pas deux secondes la comparaison en termes de sensations, de narration et d'atmosphère. Mais du côté de la réalisation, l'écart avec BF penche largement du côté du jeu de DICE, nettement (mais alors nettement) plus impressionnant d'un point de vue visuel. Pour autant, Call of Duty Ghosts joue intelligemment avec les particules, reste saisissant grâce à des jeux d'ombres et de lumières maitrisés et son alternance entre chemins exigus et lieux plus larges offrent des champs de vision lointains et un rendu assez réussi.
Aux pieds Riley
Je me souviens encore avec un petit sourire de la présentation de CoD : Ghosts à l'E3, lorsque le monde entier a raillé Riley, le chien qui fait partie de l'escouade de Logan et de son frère. Et si comme beaucoup j'ai ri à l'époque, j'ai ravalé mes moqueries lorsque j'ai pu incarner la bête, tant il s'incruste parfaitement dans cette campagne solo superbement rythmée. En effet, le berger Allemand sera l'occasion de jouer les infiltrateurs canins, tapis dans les hautes herbes et contrôlé via une tablette, suivant les ordres de ses maîtres à l'oreillette. S'il faut avouer que le chien-chien fait des merveilles pour attaquer dans le dos, faire du repérage sans se faire griller ou attirer les gardes, on regrette que sa présence ne soit finalement qu'assez anecdotique dans la campagne. Dans la deuxième partie de l'aventure, il est même presque inexistant. Un paradoxe tant il aura fait couler d'encre, mais rassurez-vous, nous retrouverons les chiens dans les modes multijoueurs... En attendant, notons que les déplacements des héros sont désormais plus fluides, grâce à des glissades utiles et la possibilité de passer dans la foulée par dessus certains éléments des décors. Soulignons aussi les sensations procurées par les armes, légèrement futuristes et vraiment bonnes, avec des bruitages hyper travaillés. Parlons aussi de l'I.A, plutôt réussie également... Sans dire que nous sommes en pleine révolution, il faut avouer que les ennemis de la Fédération, le conglomérat qui attaque les Etats-unis dix ans après les tremblements de terre (qui n'avaient rien de naturels, je vous rassure), sont capables de battre en retraite lorsqu'ils sont dépassés. Un détail qui souligne le talent des développeurs dans la conception des lieux de la campagne solo, puisqu'il est souvent possible de flanquer des adversaires qui vous affrontent vous, mais aussi vos comparses, qui de fait ont une réelle utilité contrairement à ce qui se passe chez la concurrence, où vous représentez la cible unique. Une très bonne campagne donc, rythmée avec talent, pleine de sensations, qui alterne les univers, les ambiances et les conditions de jeu, le tout parfaitement narré pour une expérience qui séduit sans mal et nous emmène avec brio jusqu'à sa terme. Bravo Infinity Ward, vous savez de quoi vous parlez ! Mais revenons à l'essentiel...
Multi toutes catégories ?
Si le solo de CoD est souvent une réussite, et c'est encore largement le cas cette année, c'est évidemment l'offre multijoueur qui intéresse tout le monde et vous fera passer de nombreuses heures en ligne. Au programme cette fois, pas mal de raffinements pour une expérience plus fluide et toujours plus accessible. Ainsi, on peut désormais customiser de la tête au pied son avatar pour qu'il soit unique. Activision annonçait pas loin de 20.000 combinaisons possibles pour faire le beau, et ce que nous avons pu pratiquer laisse effectivement un large choix, d'autant que les dames sont désormais de la partie. Et si ça ne change rien côté gameplay, leurs bruitages apportent un peu de féminité dans ce monde de brutes. Côté modes de jeu, Infinity Ward n'y est pas allé de main morte avec neuf modes différents, du classique Deathmatch en équipes au Blitz (entrer dans la base adverse), en passant par le Kill Confirmed (dans lequel il faut ramasser les plaques de vos ennemis après les avoir abattu), le Search & Destroy (objectifs à défendre), l'Infected (éliminer les joueurs infectés), le fameux mode Cranked (où vous devez tuer toutes les trente secondes après le premier kill pour ne pas exploser), qui oblige les joueurs à se découvrir, le Domination (contrôle de zones), le Hunted (contrôle de zones pour obtenir de meilleurs équipements), le Team Tactical (4 Vs. 4 avec divers objectifs) et enfin le chacun pour soi. Bref, il y a largement de quoi faire, même s'il faut bien admettre qu'avec seulement 18 joueurs maximum (12 sur current gen) sur une carte, Call of Duty Ghosts fait assez pale figure face aux batailles de grande envergure de Battlefield 4 (64 joueurs sur PS4 et Xbox One).
Alors si évidemment les expériences CoD et BF n'ont pas grand chose à voir en multi, la comparaison est inévitable et, de ce point de vue, le titre de DICE semble avoir encore une fois un bon avantage, avec un jeu plus axé sur le Team Play et des décors vraiment destructibles. Pour autant, CoD Ghosts s'en sort encore très bien, mais avec plus d'une dizaine de cartes, certes bien conçues, tortueuses et légèrement destructibles (rien à voir avec celles de BF4 néanmoins), qui ne manquent pas d'intérêt, c'est finalement par son rythme endiablé et un peu plus dynamique qu'il se distingue. A vous donc de choisir votre patrie : BF 4 pour son jeu de grande envergure et son team play prononcé, ou CoD pour son côté arcade ultra dynamique et son jeu en équipe plus léger.
Une histoire de perfs perks
Mais revenons à nos moutons : Ghosts propose désormais de récupérer des points de Squad pour débloquer les armes et objets de customisation disponibles. A vous donc de participer aux modes multijoueur pour en profiter. Avec plus de quarante armes à débloquer et pas mal d'éléments à y ajouter, CoD Ghosts permet de customiser son style de jeu en fonction de ses choix. Un luxe, loin des classes de BF 4, auquel s'ajoutent des perks à débloquer elles aussi. Ces spécialisations sont réparties dans 7 catégories se rapportant à l'endurance, la vitesse, la maîtrise des armes, la furtivité, la conscience de ce qui vous entoure, les équipements et l'Elite, apportant des avantages non négligeables tels que deux armes primaires ou encore un sonar pour vous alerter du danger. De quoi là encore faire son choix de spécialités et créer l'arme fatale, si je puis dire. On termine avec les Killstreaks (précisions d'ailleurs que les Deathstreaks ne sont plus de la partie) qui sont des atouts à utiliser en fonction des enchaînements de kills réalisés en jeu. On retrouve des classiques, répartis en trois catégories ("Assault" : ceux qui aident vos comparses, "Support" : ceux qui agressent vos ennemis après votre mort, et "Specialist" : une catégorie spéciale qui permet de profiter de perks supplémentaires) dont quelques nouveautés parmi lesquelles le fameux Riley, toutou de la campagne solo. Fidèle à lui-même, le quadripède ira attaquer vos assaillants ou vous venger en cas de décès. Si j'avoue que l'idée ne me plaisait pas au début, la présence des chiens (chaque joueur peut en avoir un) apporte une composante supplémentaire bienvenue aux rixes qui demandent une attention particulière des joueurs pour ne pas finir les mollets en lambeaux. Une réussite finalement malgré les moqueries donc.
On termine avec les modes Squads et Extinction. Le premier permet de créer son équipe de joueurs (ou d'I.A) pour aller se confronter à des challenges particuliers, qui sont souvent un prétexte pour entrer calmement dans les subtilités du multijoueur sans se faire dégommer à tout va par les acharnés de la discipline. Ainsi, on pourra se frotter à des équipes d'I.A pour découvrir tous les modes de jeu, affronter avec son équipe d'I.A. un ami qui aura la sienne par exemple. L'idée est excellente, d'autant que la machine gère plutôt bien ces bots, même s'ils sont loin d'égaler le talent de vrais joueurs confirmés au final. Précisons aussi que le jeu en multi est disponible en écran partagé (à deux) pour profiter du jeu en coop jusqu'à 6 dans ce mode Squad. Enfin, le mode Extinction est à part en termes d'XP (on débloque des habilités particulières) et permet de jouer en équipe (ou en solo d'ailleurs) à une sorte de mode Horde dans lequel on repousse des aliens. Amusant entre amis, il y a tout de même peu de chances que ce mode soit le plus prisé de la communauté, mais on salue l'effort. Au final, l'offre CoD Ghosts est excellente et consistante, même si elle n'a rien à voir avec celle de BF 4, qui lui est tout de même supérieur techniquement et dans le domaine du multi sur PS4 et Xbox One. Reste à savoir ce que vous préférez dans un FPS multijoueur, la frénésie du kill ou le plaisir du jeu en équipe.
Call of Duty : Ghosts fait-il le boulot cette année ? Oui, très clairement. Sa campagne solo en ligne droite est magistrale et parfaitement maîtrisée (elle fait même mal à celle de BF 4), malgré une fin un brin décevante. Son multijoueur refondu et raffiné promet à n'en pas douter des centaines d'heures de jeu, avec des options de customisation poussées, des cartes tortueuses, des modes de jeu à foison et un gameplay toujours aussi nerveux, notamment grâce à l'ajout de déplacements plus rapides sur les structures (pour éviter de devenir une proie facile) et de la glissade, même si elle n'est pas toujours évidente à maîtriser. Dommage néanmoins que le multi de Battlefield 4 soit passé par là, puisqu'il propose un jeu en équipe nettement plus développé avec beaucoup plus de joueurs en ligne et des cartes vraiment plus vastes, pour des affrontements à l'envergure nettement plus large. A vous donc de choisir votre camp !