Chaque année, c'est le même rituel : le nouveau Call of Duty débarque. Et tout le monde se pose les mêmes questions : est-il meilleur que le volet précédent ? Est-ce que ça vaut le coup d'investir dans un titre que les amoureux de FPS nerveux pourront éventuellement travailler au corps toute l'année ? La campagne est-elle aussi décoiffante que les précédentes, voire encore meilleure ? Plus encore : est-ce le meilleur de la saga depuis sa création ? Calmez-vous, nous avons les réponses à ces questions...
Le cas Advanced Warfare est particulier puisqu'il est le premier CoD vraiment Next-Gen. Celui qui est censé nous mettre K.O, nous décoller la rétine et satisfaire toutes nos attentes. Un défi pour lequel il faut avoir les épaules larges tant les joueurs sont critiques aujourd'hui. Rassurez-vous, Sledgehammer Games a rendu un belle copie, mais comme la perfection n'est pas encore de ce monde, quelques éléments pêchent aussi. Explications...
Le beau temps finit toujours par arriver
Next-Gen = extrêmement beau, pour beaucoup de joueurs, mais nos PS4 et Xbox One ont déjà largement prouvé que certains titres, moins flatteur pour la rétine, étaient capables de nous proposer des heures de plaisir. Alors ne vous attendez pas une grosse claque graphique dès le début de l'aventure Advanced Warfare. C'est très propre, mais il y a bien certaines textures qui sont moins jolies que d'autres. Et il est évident que les développeurs ont collé leurs meilleurs graphismes sur les passages "obligatoires" du joueur durant la campagne. Mais au fur et à mesure des niveaux, le FPS livre ses plus belles images à coups de jeux de lumières bluffants et de motion capture hallucinante. En effet, les visages des protagonistes clés tel que Gideon (le pote du héros), Mitchell (notre héros ressemblant à Troy Baker), Cormack (le chef de guerre) et Jonathan Irons (Kevin Spacey) sont criants de vérité. Je n'ai jamais vu te telles tronches dans un jeu vidéo, même si certains regards ne font pas forcément très "humains". Et c'est encore plus vrai dans les cinématiques. S'ajoutent à cela des détails par centaines dans les décors, des débris partout, des armures "Exo" hyper-détaillées et des armes bien modélisées. Précisons que les différences entre Xbox One et PS4 sont minimes. Sans rentrer dans les détails, le rendu à l'image est donc bon, parfois vraiment magnifique, et la fluidité est bien là, même s'il faut aussi reconnaitre que côté graphismes, on ne peut pas vraiment dire que le jeu est toujours homogène. Heureusement, le niveau est globalement assez haut et, dans le feu de l'action, certains passages impressionnent. On pense notamment au niveau en Antartique, à celui du pont de San Francisco ou encore à celui du porte-avion. Le constat est identique côté multijoueur, même si les effets spéciaux (eau, fumées, ombres et lumières, etc.) sont forcément moins impressionnants.
Ca Spacey comme ça
Avec ses quinze niveaux et son scénario efficace (comptez sept à huit heures), mais à la fin expédiée qui en décevra bon nombre, la campagne solo de Advanced Warfare est bien le run hollywoodien que l'on attendait. Et ceci même si elle démarre un peu trop lentement sur les quatre premiers niveaux. Mais à partir de là, on commence à réellement s'attacher aux personnages et on a vraiment envie de savoir comment va se terminer cette montée en puissance de la société Atlas, une armée privée à la tête de laquelle Irons (Kevin Spacey), va redéfinir le monde après une attaque terroriste d'envergure. Les enjeux sont là, les jeux d'acteurs sont excellents, la mise en scène est bonne, la narration efficace, l'histoire est claire et simple à comprendre, et le rythme, entre passages assez lents et scènes d'action intenses, est plus maîtrisé que dans la campagne de Ghosts. Et puis le côté un peu mégalo d'Irons, avec ses séquences de propagande, interloque car il pose aussi des questions intéressantes sur notre monde actuel... Bref, tous les ingrédients sont présents et la sauce prend vraiment bien. Attention néanmoins : malgré une VF passable, la V.O. se révèle beaucoup plus immersive. Au final, je suis ressorti de cette campagne satisfait, car j'ai bien pris mon shoot d'adrénaline, notamment grâce à un gameplay qui décoiffe et malgré quelques impairs.
Armures Exo(tiques)
Nous sommes dans un futur proche (2054) et Atlas, l'armée privée de Irons, est en avance sur son temps. Ses soldats sont donc équipés d'une armure Exo-squelette qui booste leurs capacités : double saut, super-vitesse, bouclier anti-balles intégré, Overdrive (pour ralentir l'action plusieurs secondes), grappin pour naviguer dans les niveaux avec aisance, etc. Mais le top demeure l'esquive, ultra rapide, qui donne un incroyable dynamisme aux échanges de tirs et nous permet de vraiment exploiter l'espace pour en tirer partie. Bien entendu, on pourra répartir des points de compétence dans la campagne solo, pour gagner en confort pendant les niveaux en augmentant la stabilité de ses armes, sa résistance, éviter le tressaillement (qui déstabilise la visée) après avoir pris une balle, etc. Les armes sont d'ailleurs nombreuses et variées, du fusil à pompe à énergie en passant par des mitrailleuses multiples et quelques armes futuristes comme le laser, que j'aurais néanmoins aimé plus impressionnantes. La plupart procurent un vrai ressenti manette en main, même si certaines sont moins percutantes que d'autres. Mais le souci dans cette campagne concerne finalement un choix de game design discutable : en fonction des niveaux, on vous octroie ou non certains pouvoirs de l'Exo. Pour résumer, un coup vous aurez le bouclier et l'overdrive, et le niveau suivant il ne seront plus disponibles puisque ces capacités seront remplacées par d'autres. Ainsi les développeurs ont pu nous proposer des niveaux adaptés à certaines capacités (la palme revient d'ailleurs au grappin, particulièrement jouissif), ce qui permet de profiter d'une certaine variété dans la campagne. Car oui, la checklist COD a été remplie avec Advanced Warfare : scènes explosives, séquences aquatiques, plusieurs moments avec du pilotage de véhicules, attaques terroristes d'envergures avec les effondrements de gigantesques bâtiments, étapes infiltration, exploration aux commandes d'un drone, etc. : tout y est, et vous aurez votre dose d'adrénaline, d'autant que vous voyagerez pas mal. Mais difficile d'éviter de mentionner la frustration suscité par l'absence d'un pouvoir après l'avoir apprécié au niveau précédent...
La guerre du futur, c'est maintenant !
En solo, vous avez toujours la possibilité de vider vos cartouches plutôt que de profiter de l'Overdrive ou de l'esquive. En effet, l'Exo est finalement plus un bonus pour vous faciliter la vie, mais il n'est pas toujours indispensable. Pour autant, il change grandement le gameplay une fois que vous l'avez intégré à votre manière de jouer. Parlons d'ailleurs à ce propos des grenades (L1 pour les grenades tactiques, R1 pour les grenades létales). Il y en a de plusieurs types, et une fois la touche correspondante appuyée, il faut impérativement utiliser carré/X pour sélectionner un effet différent. Le temps pour choisir est un peu long, et il faut trop souvent s'isoler pour faire son choix avant de revenir au combat. C'est un peu étrange, même si les effets des grenades sont réellement utiles, et notamment celui qui permet de voir les ennemis dans le noir ou à travers les structures, tant il y a de détails à l'écran et tant parfois, au coeur de l'action, on a du mal à distinguer ses cibles, comme cela doit être le cas en pleine guerre dans la réalité, j'imagine. Pour autant, la guerre du futur est bien là avec des grenades qui foncent sur la cible sélectionnée, des esquives ultra-rapîdes qui font de vous une sorte de ninja moderne, ce grappin, divin, dans les niveaux un peu plus ouverts et en infiltration, ou encore à la fin de la campagne quand vous pouvez arracher vos ennemis de leur Goliath (de grosses armures Exo blindées) par derrière pour les massacrer à mains nues. Honnêtement, le gameplay est souvent jouissif !
Un multi renouvelé ?
Si en solo vous n'êtes pas toujours tenus d'utiliser l'Exo, en multi il change complètement le rythme des parties. Ces esquives rapides permettent de contourner les structures à vitesse grand-V ou encore de gérer l'espace au mieux dans les endroits exigus, en un contre un par exemple. C'est d'autant plus un régal qu'elles s'effectuent confortablement, d'une pression sur le stick gauche après avoir indiqué la direction voulue. Au rayon des nouveautés on trouve aussi les loots. Des objets divers, allant des armes (classées par qualité : blanches, vertes, violettes ou jaunes) aux équipements pour customiser le rendu visuel de votre avatar (au physique modifiable à tout moment), que vous récupérez en fonction de votre temps de jeu. Du coup, tout le monde aura forcément des récompenses sur la longueur, et pas uniquement grâce à ses stats. Une bonne idée qui, à l'image d'un MMO ou d'un Diablo, nous donne constamment envie de revenir au jeu. Ajoutons à cela 13 nouvelles cartes de qualité (mais toujours ramassés pour des joutes intenses), dont certaines particulièrement efficaces comme "Riot" (la prison) ou "Instinct" (la jungle), ainsi que tous les modes classiques (soit un peu plus d'une dizaine) et deux inédits. L'un, "U-plink", consiste à ramasser une sphère pour la porter dans le but adverse. Une sorte de balle aux prisonniers avec des flingues qui ne manque pas de subtilités (on ne peut pas utiliser ses armes une fois la sphère en main, mais on peut la jeter sur ses ennemis, qui la récupèreront automatiquement, pour les tuer ensuite...). Le second, "Avantage", est un contrôle de cinq drapeaux ciblés. Vous en avez deux au départ, tout comme l'équipe adverse, et le dernier est neutre. A vous de le contrôler pour ensuite aller prendre ceux de vos adversaires afin de remporter les cinq. Là encore, l'idée est pas mal sur le papier, puisqu'il s'agit de créer des points de frictions sur lesquels tous les joueurs foncent, mais dans les faits, c'est plutôt de la boucherie si les équipes ne sont pas organisées.
13, un chiffre porte-bonheur ?
Après le "Pick 10" de Black Ops II, Sledgehammer vous propose 13 points à dépenser pour créer son propre arsenal d'armes, de grenades, de killstreaks (des bonus qui s'activent lorsque vous tuez un certain nombre de joueurs à la chaîne), d'habilités Exo, de Wildcards (des modificateurs de talents) et de perks (des bonus permanents spécifiques à chacun). Le système fonctionne bien et permet vraiment à chacun de cutomiser son personnage et ses armes comme bon lui semble, ceci pour devenir le tueur qu'il désire. Bien entendu, on reconnait le rythme COD durant les joutes, mais l'arrivée de l'Exo ajoute une dimension plus tactique, avec ses pouvoirs spéciaux (régénération, bouclier, accélération, réduction du bruit des pas, invisibilité temporaire, etc.) et ses déplacements spécifiques. Précisons que les développeurs ont ajouté un mode pour les nouveaux venus, qui leur permet de jouer contre des joueurs et des bots en même temps et sans que cela ne modifie leurs statistiques, afin de se familiariser avec le rythme du jeu.
Attardons-nous enfin sur le mode Exo-Survival, dont le but est de résister à des vagues d'ennemis pour récolter des points et customiser son personnage. L'idée est de choisir entre trois classes types : soldat rapide mais faible, lent mais endurant, ou un mix des deux, moyen en tout, pour abattre des vagues successives d'ennemis. Entre chaque round, vous pouvez dépenser des points servant à spécialiser votre champion pour qu'il ait des armes plus rapides, plus lourdes, une armure de Goliath, des munitions à gogo, etc. Là où le mode est intéressant, c'est qu'il alterne entre tuerie de soldats ou de drones et recherche d'objets répartis dans les niveaux ou sur vos adversaires. Cela permet de varier les plaisirs, si je puis dire, même si ce mode n'est pas forcément mon préféré. Mais comme vous vous en doutez, il faudra participer à tous les modes de jeu multi et le solo, pour profiter de tous les loots disponibles dans Advanced Warfare.
Ghosts Vs. Advanced Warfare Vs. Battlefield 4
A l'heure du verdict, il serait dommage de ne pas confronter Advanced Warfare à son concurrent direct, j'ai nommé Battlefield 4, ou encore à son prédécesseur, Ghosts. Concernant la campagne solo, Advanced Warfare mets la fessée à celle de BF4, sans mal, et surpasse celle de Ghosts en termes de rythme, de mise en scène et de réalisation. Dans le rayon du multijoueur, BF4 garde la palme à mon sens, avec ses batailles d'envergure et un jeu en équipe que je trouve plus développé sur la longueur. Pour autant, les nouveautés d'Advanced Warfare, avec ses Exo qui font évoluer le gameplay dans le bon sens, offrent un véritable vent de fraîcheur qui surpasse de loin, à mon sens, les autres épisodes de la série. Ghosts se retrouve donc bon dernier sur le plan du multi aujourd'hui, malgré son efficacité.
Advanced Warfare renouvèle en douceur le gameplay de la série, sans réellement le dénaturer, et en cela il est un très bon épisode de la saga, d'autant que son solo tient la route et offre les sensations attendues malgré une réalisation de qualité mais pas toujours parfaite. L'Exo-Squelette apporte aussi beaucoup en multijoueur, en accentuant son rythme et en dépoussiérant des affrontements devenus trop classiques dans les épisodes précédents. Et puis les joueurs ayant du skill verront que les nouvelles possibilités de mouvements autorisent de superbes coups d'éclats ! Ghosts est donc surpassé, mais pour autant, Advanced Warfare ne peut décrocher la mention "fantastique" de Gameblog tant le démarrage de son solo est lent, sa fin vite expédiée et son multi, malgré sa fraîcheur et ses loots, ne change pas non plus complètement la donne. Pour faire simple donc : c'est une très bonne expérience mais qui ne révolutionne pas la série.