En voilà un FPS attendu ! Et pas forcément pour son côté grand spectacle pour une fois. En effet, si les derniers jeux de tir en vue subjective disponibles sur le marché ont tendance a faire la part belle aux jolies textures et aux feux d'artifices, façon Hollywood, ce ne sera pas le cas dans Brink. Splash Damage, studio en charge du titre, et à qui l'on doit Quake Wars, entre autres, s'est fait le spécialiste de ce que l'on appelle le "Team Play". Comprenez le jeu en équipe dans un FPS. Brink ne fera pas exception à la règle et son principal intérêt réside donc dans le jeu en ligne.
Autant aller directement à l'essentiel, Brink se contente d'un solo bien maigrichon. Côté histoire, nous avons droit à deux factions qui se font la guerre sur une ville flottante, assaillie par les réfugiés d'une catastrophe naturelle. D'un côté, les forces de la Sécurité tentent de maintenir l'ordre alors que de l'autre la Résistance, étouffée par des conditions de vie insupportables, dues à la surpopulation, tente de s'en sortir comme elle peut pour survivre. Une belle histoire qui malheureusement ne sera que peu exploitée au travers des 16 missions (8 pour chaque faction, utilisant les mêmes cartes mais jouables en coop) et dont le manque de profondeur se fait rapidement sentir. Elle ne sert finalement que de prétexte à introduire les affrontements au moyen de cinématiques, réalisées dans le moteur du jeu. L'occasion de profiter de l'étonnant design des personnages et de l'architecture atypique de la ville qui nous intéresse, l'Arche.
Une vraie gueule d'amour ?
Si un élément distingue particulièrement Brink de ses concurrents c'est, bien sûr, son système de jeu en équipe mais aussi, et surtout, son design particulièrement accrocheur. Si l'essentiel des efforts ont été concentrés sur les personnages, avec leurs morphologies très comics américains et leurs trognes (non, il n'y a pas d'autre mot) stéréotypés, admettons que le rendu global du jeu est tout à fait satisfaisant. Parlons à présent des choses qui fâchent. Depuis les patchs, distillés sur les versions consoles, après la sortie américaine (qui a eu lieu quelques jours avant la nôtre), les problèmes d'affichage tardif des textures sur Xbox 360 sont en partie résolus (elles s'affichent plus vite...), même si le flou (dans les décors de fond) et l'alisasing (violent sur PS3 et un peu moins sur Xbox 360) persiste encore pas mal, tout comme les animations des personnages qui manquent toujours de fluidité. Ca reste supportable mais il y a vraiment un gap énorme entre Brink sur un bon PC et les versions consoles, que ce soit bien clair ! Sur PC, Brink est plutôt joli mais plus grâce au design global que par ses réelles qualités techniques, qui demeurent, somme toute, en dessous de la concurrence. Ainsi, dans l'ordre, nous vous conseillons en fonction de vos possibilités, de vous procurer le titre, en priorité, sur PC, sur PlayStation 3 et ensuite, éventuellement, sur Xbox 360.
Chic et SMART ?
Maintenant que le chapitre sur la réalisation est clos, intéressons nous à ce qui fait l'essence même du jeu. Brink est un FPS dans lequel vous devez impérativement jouer en équipe. En effet, il est possible de changer de classe à la volée, en prenant le contrôle de postes de commandement (il s'agit d'ailleurs là d'objectifs secondaires dans les missions). Le soldat fournit des munitions, le médecin soigne ses comparses, l'ingénieur place des pièges (mines, tourelles de combat, construit parfois, etc.) et l'espion peut prendre la forme de ses adversaires pour tromper l'ennemi, ou pirate divers terminaux informatiques. Des choix tactiques qui modifient à la fois votre manière de jouer seul et à plusieurs. Voici donc tout l'intérêt de Brink, passer d'une classe à l'autre afin de s'adapter au mieux aux diverses situations possibles. Cette flexibilité prend tout son sens sur les 8 cartes (oui, seulement 8 mais toutes bien fichues avec des recoins et des passages secrets un peu partout) disponibles. Avec ses objectifs principaux assez variés (escorte, protection, piratage, etc.) et ses objectifs secondaires divers (construire un pont pour rallier le front plus vite, protéger un passage, ouvrir une porte sécurisée, prendre un poste de commandement), il faut bien avouer que le système fonctionne bien et donne lieu à des escarmouches survitaminées dans des décors exigus. Cela est d'ailleurs voulu pour encourager les combats mais ne plaira sans doute pas aux habitués des grandes surfaces...
Heureusement, le système de déplacement SMART, qui permet de passer sous une barrière ou de grimper avec fluidité sur les structures, dynamise l'action et permet même quelques corps à corps spectaculaires en glissant vers ses ennemis pour les renverser. Avec la précision d'une souris, le tout s'avère parfaitement jouable et particulièrement agréable. C'est aussi le cas sur console malgré un framerate moins stable qui handicape parfois un peu, mais dont on s'accommode avec la pratique. Notons tout de même qu'il faut un certain temps pour s'habituer à ce système, des défis solo sont d'ailleurs là pour que vous puissiez prendre vos marques, et lui faire confiance afin de se déplacer avec aisance. Ca marche même si sur certains rebords, ou structures (notamment les arêtes), on peut parfois se perdre. Là encore, la pratique et une connaissance précise des cartes font des miracles.
Seul ou à plusieurs ?
Comme nous l'avons précisé plus haut, Brink n'est pas vraiment amusant en solo. Le scénario des 16 missions ne casse pas des briques (voilà, c'est casé !), les bots qui remplacent les joueurs se focalisent plus sur le combat que sur les objectifs et manquent cruellement d'esprit de décision, et même parfois de réactivité, et les défis sont bien sympas mais vous l'aurez compris, Brink se déguste en ligne. Malgré de légers problèmes de lag qui seront réglés par la suite nous dit-on, avouons qu'avec un casque et des partenaires attentionnés qui jouent réellement en coopération, Brink est vraiment plaisant. Un coup on canarde, ensuite on protège un infiltrateur qui pirate un terminal ou on soigne un compagnon d'arme pour enfin escorter un civil ou une machine de guerre qui essuie les tirs adverses. Franchement, ça le fait !
Arsenal de poids ?
Point de FPS de qualité sans des armes percutantes en grand nombre pour varier les plaisirs. Si certaines d'entre elles offrent réellement de bonnes sensations, remarquons que d'autres, souvent plus légères, ne permettent pas forcément de ressentir le recul en combat. De même, les corps des joueurs qui reçoivent les balles n'en subissent pas réellement l'impact d'un point de vue visuel. Le constat est donc assez mitigé côté sensations lors des rixes. Heureusement que le plaisir de jouer en équipe compense l'ensemble. Néanmoins, certaines de ces armes offrent, bizarrement, plus de sensations une fois qu'elles sont customisées. En effet, si l'on reçoit des points d'expérience à chaque action en coopération, certains défis permettent de débloquer du contenu pour modifier les armes et les rendre plus compétitives face à vos adversaires. Une bonne nouvelle qui va de paire avec la possibilité de modifier, aussi, son personnage. Il est donc possible d'entièrement lui refaire un look (souvent super classe et original) pour se distinguer des autres mais le vrai plaisir vient de la possibilité de lui attribuer, en plus, des compétences spéciales à débloquer en fonction de son niveau. Certaines sont universelles alors que d'autres ne sont effectives qu'en fonction de votre classe du moment. A vous donc de vous spécialiser suivant votre style de jeu. Pas mal, non ?
Même si Brink a su m'amuser, c'est un peu mitigé que j'ai terminé ce test, le cul entre deux chaises. Un manque de contenu flagrant, et des sensations de jeu un peu faiblardes gênent, alors que de bonnes idées, customisations, changement de classes, cartes bien construites, arsenal qui s'étoffe tant en terme de sensations que d'efficacité, lors des parties en coopération (et entre amis pour des assauts coordonnés), ont su me convaincre que Brink peut vraiment être un bon FPS. Mais ce qui est certain, dans tous les cas, c'est qu'il décevra, tant l'attente était énorme et tant il aura du mal à lutter face aux super productions du genre...