Le challenge, la frustration, l'apprentissage à la dure... on sait tous que ces éléments ont leur place dans le jeu vidéo. C'est comme ça que des titres comme Demon's Soul et sa suite ont fait leur réputation. Et lorsque l'on se lance dans le combat tactique au tour par tour, ces notions sont plus que les bienvenues aussi. On n'est pas là pour s'endormir. Mais Daedalic ne pousse-t-il pas le bouchon un peu loin avec Blackguards ?
Normalement je tente de finir les jeux avant de les tester. Surtout pour le scénario, et pour voir si le jeu ne part pas en sucette sur la fin, ce qui peut arriver. Pour Blackguards, j'essayais de boucler tous les combats parce que... parce que le gameplay en lui-même vous inflige challenge sur challenge avec très peu de répit. On a forcément envie de relever le défi. Après le chapitre 3, quand on se retrouve en quête principale contre huit vétérans alors que l'on est cinq, dont une sorcière inutile car privée de ses pouvoirs, j'ai dit non. Stop. Basta. Blackguards m'a brisé.
Les tripes à l'air
Je suis le premier à pleurer sur une trop grande facilité dans le jeu vidéo. Shadowrun, par exemple, est fort triste de ce côté-là. J'aime qu'on utilise au maximum les règles du jeu. C'est ce que fait Blackguards avec une série de combats tactiques vous forçant à exploiter tous vos talents : détournement de piège, de potions, de buff (bonus pour vos personnages), de débuff (malus pour les ennemis), attention au positionnement, prises de risque sur les compétences spéciales plus difficile à placer, choix des priorités dans les cibles, etc. Et Blackguards de vous asséner des rencontres toujours plus dingues.
Élevé à la dure...
Au chapitre 3, le scénario s'ouvre un peu et la carte offre divers lieux où travailler sur des quêtes annexes. Plus ou moins faciles, on compose avec ces missions tout en progressant dans l'histoire principale, pour engranger des points d'expérience et améliorer ses personnages avant de revenir aux combats les plus durs. Il est vrai qu'une victoire après plusieurs essais infructueux se montre particulièrement savoureuse, mais à côté de cela, l'amertume et la frustration grandissent tout autant. Au bout d'un moment, l'affrontement impossible de trop vous tombe dessus, et c'est le ragequit définitif.
C'est toujours mieux que le D20
Les règles tirées du jeu de rôle l'Oeil Noir (Drakensang en VO) sont ici très bien exploitées, si on supporte le côté aléatoire dans la résolution des actions. Le pourcentage de réussite est un risque calculé, on fait avec. L'amplitude des dégâts reste un gros facteur de frustration, en revanche. Il faut bien étudier les résistances et varier ses types d'armes (tranchant, contondant, d'estoc...) pour éviter les mauvaises surprises. Entre les caractéristiques, les compétences de combat ou générales, les sorts et les capacités spéciales, l'évolution des personnages reste un point fort de Blackguards, avec toujours des risques de se planter (mais faut le vouloir quand même...).
En gros Blackguards n'est pas mauvais, loin de là. Mais déjà un genre de niche à la base, ce RPG tactique tourne le dos à une grosse partie de ses joueurs potentiels avec une difficulté exceptionnelle. Ce n'est pas un mal, mais il vaut mieux que vous soyez prévenus. On notera de vrais défauts tout de même : des personnalités pas assez exploitées dans un scénario poussif et une réalisation moyenne, bien que l'évolution visuelle des effets de sort, en accord avec leur puissance, est plutôt sympa. J'ai envie de dire que Blackguards vaut ses 36 euros dans Steam, mais uniquement pour les plus acharnés d'entre vous.