Belle, inquiétante, suffocante : la ville de Rapture est probablement l'un des cadres les plus marquants qu'il ait été possible d'arpenter dans un jeu vidéo. A la vision de la cité sous-marine des deux premiers Bioshock dans Infinite, nombre de fervents de la série d'Irrational se sont émus, rêvant d'y retourner un jour, plus longuement. Ken Levine et son équipe n'ont pas attendu bien longtemps pour répondre à ce souhait. Avec le premier épisode de Tombeau sous-marin, DLC en deux parties, il y a peu de chances d'être réellement déçu...
"Attendez... DeWitt ? En 1958 ? Mais, il est né en 1874, non ? Ah, et il est installé à Rapture ? En plus de ça, Elizabeth vient lui proposer un job, les deux ne se connaissent pas ? C'est qui la Sally qu'ils recherchent ? Je crois qu'il me faut un autre café"... Oui, des questions, vous allez vous en poser des tonnes au moment de passer la porte du bureau de Booker DeWitt, qui s'ouvre sur une vue imprenable des fonds océaniques. Même si vous avez terminé BioShock Infinite, indispensable pour "comprendre" ce nouveau scénario. Pour autant, vous réaliserez très vite que Tombeau sous-marin offre une chance : celle de témoigner de la magnificence du lieu créé par Andrew Ryan avant sa chute. Et peut-être de savoir, justement, comment tout va, un an plus tard, partir totalement en vrille.
Luxe, calme et volupté
La séquence d'introduction a quelque chose qui rappelle Bioshock Infinite. Les rues de ce quartier de Rapture, familières (mais jamais vues), s'offrent à nous vivantes, paisibles, bienveillantes. On peut écouter les discussions des passants, s'attarder sur des petites sœurs et leur préceptrice, se faire accoster par un serveur qui ne lésine pas sur les Plasmides... Et surtout, on peut prendre son temps pour capter l'atmosphère magique de l'endroit, l'explorer à son rythme et en admirer les détails. Malgré un moteur un peu vieillot, l'ensemble se révèle sublime. La connexion se crée sans peine. On a envie d'y rester, d'en voir un peu plus qu'un périmètre certes riche de détails mais somme toute étriqué. Mais il faut revenir au job donné par Elizabeth... Là, en revanche, après quelques pérégrinations dans différentes boutiques à la recherche d'un objet très important et une rencontre assez peu heureuse, on atterrit dans la face sombre de Rapture. Une zone abandonnée, sale, laissée aux mains de Chrosomes fous, où la loi du plus fort triomphe. Il va falloir faire parler la poudre.
La guerre des mondes
Dans cette nouvelle section, où votre présence n'est guère désirée, vous allez pouvoir user de votre arsenal, qui va du petit flingue au fusil à pompe, en passant par le très nouveau Radar Range, qui fait imploser un ennemi de façon peu ragoutante, vos Plasmides (contrôle de l'ennemi, ruées, boule de feu, éclairs ou gel) ou le corps à corps. De quoi faire gicler des cervelles. Mais vous allez aussi profiter au mieux des possibilités offertes en matière de furtivité. Car contrairement à ce que son autre "version" a pu vivre à Columbia, DeWitt n'est pas recherché à tout prix. Tous les ennemis potentiels ignorent sa présence. Ils vivent leur vie, discutent (plus ou moins) à la cool, pillent ce qu'ils peuvent sans se douter de quoi que ce soit. S'ils le voient, ils chargent. Et bien. Mais s'ils ne le voient pas, autant en profiter pour observer un peu, se faufiler ou préparer une attaque rangée... puis couic ! Voilà qui change des vagues d'ennemis surgissant à chaque pas dans Infinite... En marge de ces affrontements assez nombreux, mais dont on peut contrôler le point d'entrée et le rythme, grâce également aux failles que crée Elizabeth ou l'usage du grappin sur des rails tout droit sortis de la ville de Zachary Hale Comstock, on trouve encore de quoi explorer et récupérer des deniers ou des améliorations. De quoi se montrer plus gaillard ou se revigorer.
DeWitt surbooké
Si l'on ressort grandement satisfait de l'expérience proposée, avec une touche finale qui appelle au malaise et à l'envie pressante du second épisode - où l'on incarnera Elizabeth - il faut reconnaître un certain tort à ce DLC : sa relative brièveté. Même en n'étant guère du genre fonceur, en farfouillant partout, en écoutant tous les enregistrements vocaux si importants pour l'immersion et en se montrant un peu maladroit en combat, on ne met pas plus de deux heures pour en voir le bout. Pour certains types de jeux, ça ne pose pas vraiment de problème, mais pour un FPS, même s'il ne s'agit "que" d'un DLC, ça fait un peu juste... Surtout lorsque l'épisode à l'unité est vendu aux alentours de 15€ ! Enfin, ce n'est que mon humble avis. Je vous laisse seul(e)s juges du tarif. Sachez tout de même que le Season Pass de Bioshock Infinite est à un peu moins de 20€, et qu'il donne accès à tous les DLC. En prévoyant déjà l'acquisition, d'ores et déjà indispensable, de Tombeau sous-marin Episode 2, ça fait au moins 10€ économisés !
Je ne vais pas vous cacher que la qualité intrinsèque de ce DLC me rend d'autant plus triste concernant sa faible durée de vie. Retrouver Rapture, les Chrosomes, croiser petites soeurs et Big Daddies, profiter d'un nouvel arsenal et, surtout, pouvoir planifier un tantinet ses attaques au lieu de subir des hordes incessantes en profitant d'une ambiance incroyable, ça mérite tellement plus ! Mais ne boudons pas notre plaisir : ça fonctionne et j'ai plus que hâte de jouer à la suite !