Si jamais vous me lancez sur les jeux Cyanide en privé, je n'aurais pas que des mots doux. En gros, je leur reproche leur trop-plein d'ambition non porté à bout, avec de bonnes idées mal exploitées ou des problèmes évidents ignorés par la prod. Bref, ça manquait de petits titres simples, bien exécutés, peaufinés... Jusqu'à Aarklash Legacy, qui n'est pas sans défaut non plus, mais qui sait jouer de ses qualités.
À l'attaque ! On est tous morts ! On recommence. À l'attaque !! On est tous morts ! Aarklash Legacy, c'est un peu le Hotline Miami du RPG tactique. Vous y dirigez un squad de quatre personnages sur un total de huit, prêts à en découdre dans une série de combats d'une difficulté rarement rencontrée dans un jeu vidéo. Et je parle du mode normal, dans lequel j'ai affronté la plupart du contenu. J'ai démarré en mode difficile, parce que bon, hein, les jeux vidéo de nos jours... avant d'être sévèrement puni comme ont pu le remarquer ceux qui me suivent sur Twitter. J'avoue aussi être passé en facile sur la fin, car malheureusement, la répétitivité du gameplay et le besoin de goupiller rapidement le test demandait que je presse le pas. Néanmoins, je vous recommande de jouer à Aarklash au moins partiellement en difficile, si vous avez le temps de recommencer 50 fois un combat : lorsqu'enfin vos neurones et vos réflexes se coordonnent pour obtenir la victoire, le sentiment de satisfaction qui vous gagne est intense !
Un pour tous, tous Wheel Swords
Mais alors pourquoi Aarklash est-il aussi difficile ? Il s'agit d'un RPG avec des personnages fixes possédant chacun quatre compétences que vous pourrez améliorer au fur et à mesure de leur progression. Un embranchement par compétences permet de spécialiser chaque acteur de cette petite histoire sympathique, même s'ils ont déjà un rôle de base. Ainsi, vous aurez deux "tanks", deux soigneurs et quatre combattants, affichant chacun leurs particularités (l'un n'a pas d'armure physique, tel autre ne régénère pas sa mana, etc.). Vous débuterez avec la magicienne Nella, la sauvage Wendaroo, l'étrange Knokka et le gobelin Denzil. Vous avez là une escouade de Wheel Swords, des guerriers travaillant au recouvrement des dettes contractées auprès d'une guilde de prêteurs sur gages très puissante, et dont la dernière mission en cours tourne au vinaigre. Vous rencontrerez plus tard un Wheel Sword mort-vivant, ainsi que l'orc shaman Mocha, un nain dynamiteur ou encore un ogre bourrin. Tous se demandant pourquoi la guilde des Goldmongers a été dissoute et leurs têtes mises à prix. À partir de là, vous pourrez composer votre groupe comme vous l'entendrez, ou selon les besoins.
Comme un raid à quatre, mais solo
D'accord, d'accord, mais... pourquoi Aarklash est-il aussi difficile ?! Oh bon, c'est simple : vous allez vous mesurer à un paquet d'ennemis. Les affrontements sont souvent en votre défaveur, numériquement parlant, et chaque monstre possède son lot de compétences, avec des effets comparables aux vôtres, qu'il n'hésiteront pas à utiliser contre vous. Provoquer votre soigneur pour l'empêcher d'aider votre tank ? Ils savent faire. Charmer votre meilleur dealer de dégâts ? Pas de souci. Ralentir, débuffer, vous exploser à la figure, vous faire fuir, vous drainer... Une armée se dresse devant vous, elle est là pour vous buter, et elle vous butera.
Pourtant, même si l'action se déroule en temps réel, on peut faire une pause à tout instant dans Aarklash, afin de donner des ordres et bouger les personnages... Ça parait facile quand même. Oui, mais non : le placement est hyper important pour esquiver un tas d'effets de zone et d'attaques mortelles, le timing des compétences (qui ne peuvent pas être annulées une fois lancées) doit être surveillé en permanence, et chaque monstre doit être étudié avec soin pour éviter de bien mauvaises surprises. Je vous ai fait une petite vidéo afin que vous voyiez comment tout cela se déroule : il y a toujours une erreur à faire, un ennemi à sous-estimer, un détail à oublier... pour que tout bascule.
La victoire au quotidien
Mais en réfléchissant un peu, en osant certaines tactiques, on y arrive. On trouve ses Wheel Swords favoris et ses stratégies préférées, même si les personnages sont tous attachants et que l'on recompose son escouade de temps en temps pour profiter de tout le monde. Tableau après tableau, cartes après cartes (comptez trois gros chapitres), on progresse dans un univers inspiré du jeu de figurines "Confrontation". Et à part son scénario simple et correct, ses magnifiques environnements, Aarklash ne propose quasiment QUE du combat. La répétitivité s'installe donc dès la moitié de l'histoire et n'est brisée que par quelques puzzles assez basiques - qui se répètent eux-mêmes, d'ailleurs .
Ne sortez pas du chemin, ou gare !
Peut être aurait-il fallu réduire la durée du jeu (comptez 25h si vous êtes très doué, probablement plus si vous voulez le finir en difficile) et remplacer certaines séries d'affrontements peu inspirés par des arènes plus originales ? Plus de jeux de placements, plus de stratégies épiques à mettre en place, etc. Aarklash propose ce genre de défis, mais souvent en marge de la quête principale. Cela sert à trouver de l'équipement ou se faire un peu d'XP, pour peu qu'on en ait besoin. Ou juste pour le challenge, bien sûr. J'avoue en avoir zappé quelques-un, trop durs !
Eh oui, malgré ces défauts, on l'aime cette difficulté qui fait rager, insulter son écran, frapper son clavier et propulser sa souris contre les murs. Je disais récemment que je préférais un jeu qui me force à gagner d'une seule manière plutôt que de perdre selon cinquante, et Aarklash Legacy fournit cela : un apprentissage, une maîtrise. Les soucis de rythme sont bien dommage, et cet excellent système de combat n'est probablement guère plus qu'une très bonne base, jolie et bien réalisée, pour un RPG plus ambitieux, d'où une note correcte sans plus. Mais cette lettre d'amour aux hardcore gamers mérite un coup de coeur perso en sus, parce que oui, on veut d'autres titres comme Aarklash, qui nous prennent par la main uniquement pour nous planter un poignard dans le dos.