Cela fait cinquante ans que l'espion de Sa Majesté est apparu pour la première fois dans les salles obscures. Un bel anniversaire à côté duquel vous aurez du mal à passer. Entre les rétrospectives, les différentes expositions à travers le monde, les coffrets collector et la sortie du vingt-troisième volet, Skyfall, le 23 octobre, vous allez en manger du James Bond. Et jouer avec, puisque Activision y va de son petit FPS commémoratif reprenant certaines des missions les plus célèbres de 007. Un respect du timing que l'on ne peut que saluer. Mais question respect des joueurs et des fans du héros créé par Ian Fleming, on repassera.
Le mode Campagne débute par une scène de Skyfall, justement. Je ne vais pas vous gâcher le plaisir de la découverte et me contenter de signaler qu''il arrive une bricole au beau James, ce qui justifie qu'il voit sa vie défiler devant ses yeux. Sa vie, j'exagère un peu. Disons ses missions. Bon, j'exagère encore. Disons quelques missions. Cinq exactement : Goldfinger, Au service secret de Sa Majesté, Permis de tuer, Meurs un autre jour et Moonraker. Alors, quand je parle de missions, disons plutôt des bouts de missions. En gros, deux à trois séquences de gameplay replaçant Daniel Craig (non, pas de Roger Moore, de Sean Connery, de Pierce Brosnan, de Timothy Dalton ou de George Lazenby), et vous, bien entendu, dans les pellicules citées. A vous la défense de Fort Knox, les yeux de biche de Diana Rigg qui vous fixent juste avant une course-poursuite en ski, les petites empoignades face à Benicio Del Toro, Oddjob ou Richard Kiel (Jaws), les gadgets en tout genre, la voiture suréquipée et le P99 avec silencieux. Ah, tiens, Halle Berry (Jinx dans Meurs un autre jour) n'a pas été modélisée, dites-donc. C'est dommage, le casting ayant été plutôt respecté. Mais je ne vais pas la blâmer. Pour une fois, les absents ont raison.
L'espion qui merdait
Parce qu'il faut le dire : 007 Legends se présente comme un hommage, mais cela ressemble davantage à une profanation de franchise. Qu'on n'arrive pas à retrouver la grâce d'un GoldenEye 007, je veux bien. Mais là, Eurocom a tout de même pondu quelque chose de proprement insupportable pour n'importe qui, joueur lambda ou passionné de Bond. Passons sur la narration effarante de la campagne solo et la réalisation à peine digne de la génération de consoles précédente (mais en HD, ouf) pour décortiquer chaque élément de gameplay. Sur le plan du FPS pur, je retiendrai que la visée se révèle pénible, rigide, quelle que soit l'arme - sujette à aménagements, comme James, moyennant XP - employée. Les ennemis, eux, sont ahurissants de connerie, apparaissent parfois par magie et en vagues si nombreuses et importantes qu'on se demande souvent si cela va finir à un moment. Et puis ça manque juste de patate, d'envergure. Une explosion de grenade ou de bombone de gaz ne ressemble à rien. D'ailleurs, vos opposants meurent mais, en apparence, réagissent à peine. On trouve aussi un peu de variété dans l'action : des mano a mano contre des boss en QTE aussi mauvais que simplistes, des fuites en véhicule motorisé ou à skis à la limite de l'injouable. Vous ai-je signalé aussi qu'un saut par dessus une rembarde à deux mètres vous tuait immédiatement et qu'un tir de pistolet sur une jeep blindée la faisait exploser ? Enfin, concernant l'aspect infiltration et utilisation de gadgets, cela s'avère une fois encore basique, insipide, sans saveur et aucune imagination avec des piratages ou prises d'empreintes anecdotiques et répétitifs à souhait. Bref, ce n'est pas cette vie d'agent secret que je veux.
Je crois qu'il n'y a pas besoin de vous faire un dessin : 007 Legends est tout simplement honteux à tous les niveaux, ignoble à jouer, une torture pour n'importe quel joueur de constitution normale. Je doute que le DLC Skyfall à paraître bientôt (et gratos, un vrai miracle) ou le multi bourré de modes de jeu puissent rattraper une base aussi fichtrement bancale. Vous aimez James Bond ? Fuyez et faites comme moi. Ne retenez de ce titre que ce qu'il a de plus réussi : sa jaquette.