Nous avons pu tester RoboCop Rogue City. L'occasion de voir ce que vaut l'adaptation de l'un des films de SF les plus cultes de l'histoire de cinéma. Un jeu vidéo qui fait honneur ?
Tout d'abord, il est important de noter que RoboCop Rogue City est développé par Teyon, un studio qui a connu des hauts et des bas et qui s'est forgé une réputation de par la qualité inégale de ses productions. Il est notamment connu pour le catastrophique Rambo : The Video Game, et Terminator : Resistance qui a aussi reçu un accueil bien tiède. Avec un tel historique, les attentes étaient modérées pour une nouvelle adaptation d'un classique du cinéma. Cependant, contre toute attente, le résultat est surprenant et défie toutes les prévisions.
50% humain 50% robot
L'aventure se déroule entre les événements de RoboCop 2 et RoboCop 3, où le cyborg, autrefois Alex Murphy, doit affronter une menace de taille. Un antagoniste obscur unit les gangs de Detroit, créant un chaos total dans la ville. Le département de police, déjà accablé, subit la mainmise de Max Becker d'Omni Consumer Products (OCP), qui considère RoboCop et les forces de l'ordre comme des reliques du passé. Plusieurs sous-intrigues viennent pimenter le récit : une journaliste tenace sollicite de l'aide pour exposer les agissements de l'OCP, des sessions de thérapie explorent la psyché de RoboCop, et un jeune coéquipier s'avère être une taupe pour l'OCP. Bref, c’est un véritable boxon.
Le jeu parvient avec brio à entrelacer ces éléments en un récit captivant et riche en surprises. Bien que le parcours, s'étirant sur une vingtaine d'heures, tend à s'éterniser vers la fin avec des détours et des dénouements trompeurs, Rogue City s'impose comme une suite plus convaincante au deuxième film que RoboCop 3 lui-même. L'acteur original, Peter Weller, reprend son rôle emblématique, ajoutant un charme certain au jeu, malgré des animations parfois rigides et une synchronisation labiale peu convaincante qui, dans certaines scènes, semble carrément inexistante. Un défaut qui nuit à l'immersion durant les cinématiques.
Drôle et bad-ass
Explorer le commissariat ou les quartiers animés de la ville offre des quêtes annexes qui entraînent RoboCop dans des situations aussi absurdes qu'amusantes, peuplées par les citoyens tous plus étranges les uns que les autres. Qu'il s'agisse d'élucider un meurtre sur un tournage publicitaire, de disperser des fauteurs de troubles ou de se prêter à la "Danse du Robot" pour amuser un enfant, ces missions semblent prétextes à déclencher les répliques cultes et badass de RoboCop.
Fidèle aux films
En fait, Rogue City adopte une approche qui ne se prend pas trop au sérieux, capturant l'essence satirique du premier film tout en embrassant l'étrangeté plus légère des suites. Le jeu évoque donc avec délice l'atmosphère des films cultes des années 80, offrant un vrai plaisir nostalgique. C’est le cas au niveau de la musique ou du moindre son de déplacement de notre personnage. Le système de dialogue, influencé par les choix du joueur, permet d'incarner soit un gardien de la loi intransigeant, soit un héros plus empathique et nuancé. Ces choix reflètent le drame intérieur de RoboCop, un héros confronté à des dilemmes moraux complexes. tels que le soutien à l'un des deux candidats à la mairie aux valeurs douteuses, ou la décision de se livrer à de l'espionnage industriel illégal pour un prétendu bien commun. Subtil et bien trouvé, c’est grisant. Cela a d'ailleurs un impact significatif sur le déroulement du jeu, puisqu'il y a trois fins différentes possibles en fonction des relations établies avec les personnages principaux. Chacune d’elle a son charme et l’une d’elle est particulièrement sombre.
Vous avez le choix
Les décisions influent sur le déroulement de l'histoire et sur les relations avec les personnages, menant à diverses conclusions qui paraissent cohérentes. Elles peuvent varier de l’aide à un informateur toxicomane sans-abri à trouver un sens à sa vie, à la décision de divulguer à une journaliste vos propres problèmes techniques.. . À cet égard, le jeu est particulièrement réussi et le personnage de RoboCop se révèle étonnamment émouvant. On perçoit la lutte de l'homme prisonnier de la machine, cherchant à exprimer son humanité. C’est très intelligent et de notre côté, on a vraiment beaucoup aimé cette partie.
Comme pressenti lors de notre aperçu initial, combattre le crime signifie souvent marcher d'un pas lourd dans les couloirs et les ruelles pour neutraliser des hordes de criminels. Le jeu réussit à vous faire ressentir la robustesse de RoboCop. Impossible de s'accroupir ou de se mettre à couvert, mais ce n'est pas nécessaire ; RoboCop peut encaisser une multitude de balles. Cela offre un contrepoint radical aux FPS rapides comme Call of Duty, en incarnant l'antithèse de ce style de jeu. Malgré votre puissance, l'invincibilité n'est jamais totale, surtout lors d'affrontements avec des ennemis emblématiques du monde de RoboCop (punks, parias ), qui peuvent mener à des combats tactiquement exigeants. Des voyous se précipitent en masse vers vous, tentant de vous faire la peau,, et on se retrouve souvent submergé par l'assaut. La sensation de puissance est ultime ET joussive.
La puissance au bout des doigts
En plus de l'arme de poing emblématique de RoboCop (inspirée du Beretta 92) avec ses munitions illimitées, l'éventail d'armes est assez standard et variable en termes d'efficacité. Les armes automatiques procurent une sensation de satisfaction et de puissance, évoquant les grandes fusillades de nombreux films cultes. Tandis que les fusils à pompe et les fusils de précision sont moins impressionnants. L'intelligence artificielle des adversaires est assez basique, voire simpliste. La tactique réside davantage dans la capacité à élaborer des stratégies pour faire face aux nombreux assauts plutôt que dans la confrontation avec une intelligence artificielle élaborée.
Ce n’est clairement pas digne d’un jeu de 2023. Souvent, les adversaires restent statiques, cherchent de manière incohérente à se protéger, se coincent dans le décor ou, dans certains cas isolés, se neutralisent entre eux. Donnant lieu à des situations ubuesques comme un friendly fire à la grenade. On rigole beaucoup dans RoboCop Rogue City. Parfois à ses dépends.
Toujours pour le combat, le jeu propose un arbre de compétences assez fourni. Qui permet de se spécialiser dans l’arsenal assez divers que l’on trouve sur notre route. Il est conseillé d'acquérir le premier niveau de chaque compétence le plus tôt possible, afin d'éviter que les combats ne tombent dans la monotonie. À ce niveau et pour varier les plaisirs, le jeu propose des éléments dynamiques comme le "bullet time" à la manière de Max Payne, des flashbangs intégrés à la visière ou encore une charge puissante où RoboCop s'élance avec force pour tout écraser sur son passage. Que demande le peuple ? C’est bourrin et exaltant.
Gore et étrangement amusant
Ce système de combat qui repose sur le bourrinage est d'autant plus intéressant qu'il est couplé à une fonctionnalité de démembrement qui, de manière surprenante, semble favoriser les résultats comiques. Les adversaires se saisissent de leurs membres mutilés en hurlant de douleur. Jouissif. Un effet ragdoll est également présent : en tirant sur un ennemi situé près d'un bord, on peut le faire basculer et tomber dans le vide.
L'action de Rogue City procure des sensations fortes, simples mais efficaces. Le jeu fonctionne assez bien pour garantir une expérience agréable malgré les faiblesses de l’IA. En outre, de nombreux environnements offrent une grande destructibilité, ce qui renforce le spectacle des affrontements. Cela renforce d’autant plus la sensation de puissance de RoboCop. Si Rogue City ne se distingue pas par son raffinement ou son ambition débordante, il procure néanmoins un plaisir certain, quoique répétitif, à éliminer des criminels dans une ville qui en a grand besoin. C'est presque un plaisir coupable, tant il est vrai que les adversaires ne brillent pas par leur intelligence, mais l'action s’enchaîne et le gameplay est fun.
Impressionnant malgré les défauts
De plus et pour ne rien gâcher, le jeu impressionne visuellement grâce à l'utilisation de l'Unreal Engine 5. Les décors sont splendides, avec un niveau de détail élevé. Les rues de Detroit sont reconstituées comme dans les films, avec un soin particulier et les personnages sont particulièrement bien modélisés. C’est le cas aussi ses divers effets de lumière et effets spéciaux, qui sont tout simplement magnifiques (explosions, effets de fumée, etc).
C'est un aspect majeur du jeu qui contribue à un rendu authentique et fidèle aux films. L'attention portée aux détails s'étend jusqu'au filtre légèrement grisâtre et sale qui rappelle celui des caméras de l'époque, ce qui est tout simplement grandiose. La contrepartie est que le jeu est assez exigeant en termes de configuration. Même sur un PC puissant à base de RTX 3080 Ti, il ne faut pas hésiter à faire quelques concessions, notamment sur les ombres, pour augmenter votre taux de FPS. Dommage mais ça doit normalement s’améliorer avec les patchs puisque le studio est au courant. On aurait apprécié une meilleure optimisation.
RoboCop: Rogue City est un hommage respectueux et divertissant de l'héritage cinématographique du cyborg le plus emblématique d’Hollywood.. En offrant assez de clins d'œil aux fans de la première heure et en mêlant action et dilemmes moraux, il attire à la fois les fans et les nouveaux venus. Le jeu ne réinvente pas le genre, mais il fait honneur à RoboCop avec suffisamment de moments jouissifs et de divertissement pour justifier une évaluation positive.