Après un épisode next-gen un peu fainéant, NBA 2K22 débarque avec son petit lot de nouveautés et une envie de bien faire, anniversaire des 75 ans de la NBA oblige. Le roi du basket, seul sur son trône et sans concurrence depuis des années, mérite-t-il toujours son statut et sa couronne ?
On ne change pas une formule (étrange) qui dérange (un peu) : NBA 2K22 a déjà une bonne semaine de sortie et donc de vie derrière lui et c’est seulement maintenant où depuis à peine quelques jours que les reviews à son sujet fleurissent sur le Net. Une vérité, une fois encore, dictée par le choix de l’éditeur d’envoyer à la presse une version du jeu le jour… de sa sortie. Ce qui ferait vraiment désordre ailleurs passe ici, car on ne va pas se voiler la face : difficile de bouder trop longtemps lorsqu’il s’agit de NBA 2K.
Et une fois de plus, la nouvelle itération de la simulation de basket de Visual Concepts était attendue au portillon. Pourquoi ? Parce que la version current-gen avait déçu et la copie next-gen du jeu - celle sur laquelle 2K Sports avait bien teasé pendant plusieurs mois - avait fait le job, sans pour autant nous scotcher au fond de notre canapé. Et ce, même si la version nouvelle génération avait le bénéfice de gommer une grande partie des défauts entrevus quelques semaines auparavant sur current-gen. Cette fois, 2K Sports n’a pas joué le match en deux temps mais a tout envoyé dès le coup d’envoi : toutes les versions de NBA 2K22 étaient disponibles à la sortie et, évidemment, c’est sur l’opus next-gen que notre attention et notre test vont porter.
Une ambiance folle, une modélisation (presque) au poil
Premières minutes et premier constat : rien n’a changé ou presque. L’interface a évolué, mettant en avant dans des cases bien voyantes les deux modes de jeu les plus plébiscités de la franchise, My Career et My Team. Elle n’en est pas forcément plus intuitive et il faudra bien un peu de temps pour s’habituer à trouver ce que l’on cherche sans tâtonnement. Une fois un match lancé, là encore, le sentiment de déjà-vu reprend vite le dessus : il n’y a pas de grande différence graphique entre NBA 2K22 et son petit frère. C’est toujours aussi beau mais pas plus qu’il y a quelques mois. En revanche, l’absence de gap n’occulte pas la force des cinématiques, toujours aussi immersives et variées (bien qu’on en connaisse la grande majorité désormais) et la beauté de ce qui se passe sur le parquet, entre les effets de lumière et ces reflets sur le sol, la sueur sur le visage et le corps des basketteurs, ainsi que la modélisation de ces derniers, toujours aussi pointue, malgré quelques injustices (quant au Français Evan Fournier, hein).
Preuve que rien ne change vraiment : on aimerait en dire autant - en termes de rendu et de détails - concernant le public mais ce dernier est toujours aussi triste et habilité à ne reproduire qu’un seul geste ou deux dans les gradins. Si niveau sonore, le résultat est là et se montre toujours aussi impressionnant, visuellement, le bât blesse, surtout quand on évoque un jeu nouvelle génération. Evidemment, ce n’est pas ce que l’on remarque le plus ni ce qui impacte notre plaisir de jeu. Mais ce détail a de l’importance et montre à quel point le moteur utilisé a probablement atteint ses limites. Sentiment renforcé par la synchronisation labiale des joueurs et leurs expressions faciales, toujours aussi rigides et parfois même en décalage avec leurs propos.
Votre honneur, parole à la défense
En revanche, pas grand-chose à dire en ce qui concerne les mains des joueurs, leur gestuelle et leur comportement sur le parquet. Si NBA 2K21 souffrait dans son gameplay d’un déséquilibre attaque-défense, ce n’est pas le cas ici. Le système défensif a été revu, ainsi que l’attitude de l’IA, qui se préoccupe plus du porteur du ballon et démontre une agressivité à toute épreuve. En clair ? Si on pourra toujours percer la raquette pour aller placer un bon dunk sur la tête d’un défenseur, cette méthode sera beaucoup plus compliquée et rare à effectuer. Tant mieux, la faute au comportement défensif de l’IA. Cette dernière se révèle très tenace et hisse un peu plus le niveau de difficulté et d’approche de la licence, déjà bien réputée pour son exigence. Il faudra donc privilégier les systèmes et moins l’exploit individuel pour arroser le panier adverse, d’autant que les contres sont beaucoup plus légion dans cette version et que les défenseurs semblent avoir gagné en réactivité, se laissant moins déborder (ou moins naïvement) par une série de dribbles.
Bref, NBA 2K22 donne la parole à la défense (même si on constatera qu’il est moins simple d’être aussi accrocheur que l’IA lorsqu’on gère elle-même sa défense) et oblige à se creuser un peu plus les méninges et à connaître, si ce n’était pas déjà fait - un peu plus les zones préférentielles de tel ou tel joueur. Cela est d’autant indispensable qu’une nouvelle barre de tir fait son apparition cette saison. Se plaçant juste à côté du joueur au moment du shoot, elle se veut moins permissive que celle de l’année dernière et selon la couleur que vous aurez choisie dans les paramètres, viendra récompenser ou non votre prise de risques. Cette fonctionnalité vient agrémenter une maniabilité toujours aussi fluide et bénéfique aux fonctionnalités de la DualSense, fluidité qui tire son essence de la présence de nouvelles animations des joueurs, qui bougent encore mieux en attaque comme en défense, avec des gestes inédits pour les interceptions et les contres, ainsi que pour certains tirs en déséquilibre et pour le dribble. Visuellement, c’est un régal, idem pour la prise en main… même si on pointera du doigt une certaine lourdeur dans quelques animations.
Carrière au ralenti
En revanche, pas ou peu de bugs à recenser lors de nos parties, preuve que Visual Concepts a bien bossé. L’ennui, c’est que ce travail n’a pas été étendu aux temps de chargements du jeu. Si ces derniers sont quasi inexistants lors des matches en local ou en multijoueur, ils sont quand même bien présents dans la Carrière, dès lors qu’on souhaite changer de lieu ou entrer dans une boutique par exemple. Cela pourrait presque passer pour du chipotage mais… non. Là où on attendait une fluidité dans l’exercice, on se retrouve avec un petit temps mort à chaque interaction avec un immeuble. Et si cela nous hérisse déjà sur next-gen, qu’en est-il des versions antérieures ? L’occasion est toute trouvée de parler du contenu et donc, du mode Carrière, qui est tout de même l’un des deux principaux poumons de NBA 2K tous les ans. Répartie aux quatre coins d’une immense cité, l’aventure proposée l’an passé avait souffert du faible nombre de joueurs connectés (peu de gens avait pu se procurer une PS5 ou une Xbox Series au moment de la sortie de NBA 2K21) et d’un terrain de jeu beaucoup trop grand compte-tenu des missions à effectuer.
Là, The City se voit être désormais placé au centre de la Carrière et cette dernière a totalement changé de braquet : fini les histoires scénarisées, place désormais à une expérience en monde ouvert, dans laquelle le joueur incarne MP, un prodige du basket et star des réseaux sociaux. Ce dernier sera vite confronté à un choix pour atteindre son but, à savoir rejoindre la prestigieuse NBA : aller à l’université, se préparer à la Draft (Combine) ou encore tenter de passer par la case de la G-League. Autant de possibilités prétexte à nous guider dans une approche plus personnelle de chacun de ces temps forts habituels de la Carrière, sans pour autant oublier de “bosser” le reste, à savoir la réputation et la notoriété de votre avatar. Rien à dire concernant la personnalisation de ce dernier, Visual Concepts a déjà démontré son savoir-faire en la matière et cet opus ne déroge pas à la règle.
My Team encore plus complet, My GM plus enrichi
On notera plusieurs bonnes idées, comme le déplacement rapide jusqu’à son appartement -pour éviter de se taper toute la ville, même si celle-ci est un peu moins grande que la précédente - ou des moyens de locomotion, comme le vélo ou le skateboard, dont on hérite dès le début de l’aventure. Les quêtes secondaires - pas toujours passionnantes hein - sont prétexte à “grind” et à faire monter votre personnage, alors que la trame principale est rythmée par Ricky, votre colocataire qui vous veut du bien et qui agit aussi comme votre agent et conseiller dans votre rêve de NBA. Outre les magasins, on retrouve évidemment les autres modes de jeu liées à la Cité et au multijoueur, comme le Pro-AM, le REC et les playgrounds pour jouer aussi bien en solo qu’à plusieurs. Si elle perd indéniablement de son charme - les dialogues avec Ricky ne décollent pas très haut - malgré la présence de Che et d’AI, deux des récents protagonistes du Mode Carrière (NBA 2K20 et NBA 2K19), cette nouvelle façon d’aborder la Carrière est finalement dans l’ère du temps et nous épargne des cinématiques à rallonge, qui ne garantissaient pas forcément une immense immersion.
Mon Equipe, ma bataille
L’autre pendant fort du contenu de NBA 2K22 est évidemment My Team. Formule gagnante depuis des saisons, toujours nanti de son tournoi esport à 250 000 dollars, le mode jouit d’une Draft en ligne, qui va vous permettre de composer avec un tirage aléatoire de cartes et d’affronter d’autres joueurs en vue de récompenses basées sur vos performances. En clair ? On retrouve l’esprit de la Draft vue et revue dans FIFA Ultimate Team sur NBA 2K et vu la popularité du mode chez nos amis footeux, nul doute que ce dernier va trouver le mode écho ici. Evidemment, participer n’est pas gratuit et va coûter de la monnaie virtuelle, la fameuse VC (on y revient dans deux secondes). My Team intègre aussi une mécanique désormais bien éprouvée un peu partout, à savoir les Saisons, d’une durée de six semaines chacune et avec des récompenses là aussi évolutives. Sans oublier les nombreux challenges à relever (3 vs 3, Triple Menace, insignes à obtenir, cartes upgradables). De quoi faire de My Team l’un des modes les plus appréciés et à la durée de vie gargantuesque, surtout. Pour finir, difficile de ne pas évoquer The W, le mode Carrière féminin, qui progresse, un an après son apparition.
Sur le fond, pas de bouleversement, puisqu’on s’occupe autant de l’évolution de sa joueuse dans l’une des franchises de la WNBA, que de sa renommée en dehors selon un type de compétences (mode, influence, business, coaching…). La nouveauté est que le mode est désormais jouable en ligne et que son contenu, avec des entraînements disponibles entre les matches, est un peu plus étoffé. C’est le cas aussi de MyNBA, qui regroupe les modes de jeu personnalisables de NBA 2K22 et notamment MyGM, qui conserve une grosse cote d’amour auprès des fans. Cette saison, ce dernier intègre tout le staff, comprenez par là que le General Manager pourra débaucher toute l’équipe technique et faire progresser son staff sur la base d’insignes à attribuer. Le système d’entraînements et la tactique sont également plus poussés, ce qui va évidemment plaire aux puristes, soucier de tout maitriser au sein de leur franchise.
Une version current-gen également solide
L’heure du verdict a sonné et force est de constater que NBA 2K22 remplit son cahier des charges avec brio. Son parti pris sur la Carrière est un très bon choix, plombé malheureusement par des temps de chargements encore trop conséquents sur cette nouvelle génération de consoles. Graphiquement, le jeu joue la sécurité et ne franchit pas un cap supplémentaire. Si cela n’est pas forcément indispensable, la progression est quand même perceptible et il faudra bien résoudre un jour ce problème de rigidité cadavérique sur les visages et dans le public, histoire de basculer véritablement dans une autre dimension.
C’est finalement manette en main que se ressent le plus le changement, avec un jeu plus défensif et donc forcément un peu moins accessible aux novices. De quoi rendre incontournable une année encore cette nouvelle version de NBA 2K, à défaut d’assister à une vraie révolution de la part de ses développeurs, qui ont encore laissé la part belle aux microtransactions et à la course aux VC, pour pouvoir atteindre des niveaux acceptables rapidement et profiter des nombreux trésors de la Cité.
Conclusion au panier
Un petit mot avant de conclure définitivement ce test par les versions current-gen. En lisant ce test, vous aurez aisément compris que cette année, une vraie cassure s’est faite entre ces versions et l’opus destiné à la nouvelle génération, beaucoup plus beau et fin. Bonne nouvelle, les changements consacrés au mode MyTeam (comme le retour de la Draft) sont répercutés sur current-gen et une partie débutée sur PS4 pourra se continuer sur PS5 et inversement. La nouvelle barre de shoot est également présente et le système de tir est cette fois convaincant, contrairement à l’épisode précédent. Les nouvelles animations en défense sont également de la partie, ainsi que le gameplay adverse beaucoup plus tenace dans ce secteur. Enfin, la grande différence concerne le mode Carrière, qui ne se déroule pas dans une ville mais… sur un bateau, avec un système de saisons pour tous les modes de jeu. De quoi faire pour les mois à venir.