Le jeu Isonzo, développé par BlackMill Games, incarne la dernière et la plus authentique version de leur série de jeux sur la Première Guerre mondiale. Isonzo se distingue en effet nettement de ses prédécesseurs Verdun et Tannenberg grâce à son approche plus poussée et tactique de la guerre de tranchées. Ce FPS tactique se concentre sur les douze batailles historiques qui se sont déroulées entre les forces austro-hongroises et italiennes lors de la campagne d'Isonzo, s'étendant de juin 1915 à novembre 1917. Cette campagne, souvent négligée dans les médias populaires au profit du front occidental plus typique, offre pourtant un cadre unique pour Isonzo, marqué par un terrain montagneux et accidenté qui influence grandement la dynamique de jeu.

Point Histoire, c’est quoi le plot ?

Pour ceux qui aiment avoir des détails précis avant de se lancer dans le jeu, sachez que le cadre de ce FPS est tout simplement passionnant. C'est précisément parce que le studio de développement a fait le choix risqué de se pencher sur des faits historiques très peu présents dans la culture populaire, et encore moins dans le jeu vidéo, qu’il est finalement si unique. Entre juin 1915 et novembre 1917, les rives de la rivière Isonzo, aujourd'hui situées entre l'Italie et la Slovénie, ont été le théâtre de douze batailles sanglantes entre l'Italie et l'Empire austro-hongrois. Ces batailles représentent une période de combat intense, marquée par les ambitions territoriales italiennes et la résistance acharnée des forces austro-hongroises.

L'Italie, ayant rejoint l'Entente en 1915 après avoir rompu ses alliances avec les puissances centrales, visait à étendre ses frontières au nord et à assurer le contrôle de territoires habités par des Italiens mais faisant partie de l'Empire austro-hongrois. Les objectifs principaux étaient la ville de Trieste, le plateau de Carso et la vallée de l'Isonzo. L'importance stratégique de ces zones résidait dans leur position géographique qui offrait un contrôle crucial sur l'Adriatique et les voies terrestres vers le cœur de l'Autriche-Hongrie.

Le terrain montagneux et accidenté de la région de l'Isonzo ajoutait une complexité significative aux opérations militaires, élément qui est superbement retranscrit dans Isonzo. Les forces italiennes, souvent en position offensive, devaient surmonter des hauteurs vertigineuses et des vallées étroites, tout en affrontant des conditions météorologiques extrêmes qui rendaient les avancées encore plus périlleuses. Les troupes austro-hongroises, bien qu'inférieures en nombre dans de nombreux cas, bénéficiaient de positions défensives solidement fortifiées sur les hauteurs, ce qui leur permettait de repousser efficacement les assauts italiens. Vous voyez déjà tout le potentiel que peut donner un jeu multijoueur dans ce contexte…

Isonzo

Un FPS multijoueur, quoi d’autre ?

Isonzo est donc principalement conçu pour le multijoueur en ligne. Offrant aux joueurs la possibilité de s'affronter dans divers affrontements historiques se déroulant dans la région d'Isonzo en Italie. Le jeu intègre également un mode dans lequel les joueurs peuvent affronter des bots contrôlés par l'IA. Bien que l'expérience soit optimisée pour le jeu contre d'autres joueurs en raison des limites de l'IA, qui souvent ne déploie pas de tactiques de flanc efficaces.

L'innovation majeure d'Isonzo par rapport à ses prédécesseurs réside dans son exploitation de la topographie unique du théâtre d'opérations. Les joueurs doivent adapter leurs stratégies en fonction de la verticalité du terrain (montagnes), rendant les attaques plus complexes et la défense potentiellement plus avantageuse grâce à la position en hauteur. Cet aspect ajoute une couche stratégique, où la prise de territoire ennemi et la destruction de cibles clés débloquent de nouvelles parties de la carte et de nouveaux objectifs.

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Un système de classes qui fonctionne bien dans Isonzo

Le jeu se distingue également par son système de classes, qui comprend six archétypes différents tels que Sniper, Officier, Ingénieur, Alpiniste, Fusilier et Assaut. Chaque classe apporte une contribution spécifique et essentielle à l'effort de guerre, soulignant l'importance de la composition de l'équipe pour remporter la victoire. Les classes d’Alpiniste et d'Ingénieur, par exemple, ajoutent une profondeur supplémentaire significative. L’Alpiniste, équipé de jumelles, permet de repérer les ennemis à longue distance et dispose d'une gourde qui, utilisée, offre une endurance illimitée temporairement, idéale pour mener des assauts rapides.

L'Ingénieur, quant à lui, tire pleinement parti du nouveau système de construction du jeu. Capable de traverser des barbelés et d'établir des fortifications et des armements à une vitesse doublée. Ttout en bénéficiant d'un bonus de vitesse lors de la pose et de la neutralisation de charges explosives. Les joueurs officiers peuvent également utiliser des tactiques telles que les bombardements d'artillerie, les frappes aériennes et les attaques au gaz toxique, ce qui nécessite une gestion attentive des ressources et une planification stratégique pour briser les lignes ennemies. C’est remarquablement intelligent. Et même si ce n'est pas nécessairement nouveau dans un FPS, cela apporte un vrai coup de frais à cette saga de FPS sur la Première Guerre mondiale.

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Un jeu plein de détails

Chaque classe possède son propre style de design. Avec une recherche ultra-précise des uniformes et des armes, dans les moindres détails. Les uniformes des soldats italiens et austro-hongrois sont reproduits avec une attention particulière, incluant des armes emblématiques telles que le pistolet Roth-Steyr M1907 austro-hongrois et le fusil italien Carcano M1891, ainsi que le magnifique Beretta Modello 1915. Chaque aspect du jeu a été conçu pour rendre hommage à ce conflit souvent méconnu. Cela se retrouve même dans la mécanique des armes, et leur fonctionnement. Un vrai petit délice auto-visuel. Parfait pour faire battre le petit cœur des historiens en herbe ou confirmés.

C’est beau malgré quelques errances techniques

La recherche historique est accompagnée d'une qualité technique remarquable. Sur PC, le jeu est d'une grande beauté, et la version console, notamment sur PS5, n'est pas en reste. Isonzo tire pleinement parti des capacités matérielles des consoles de dernière génération, affichant des détails de modèles de personnages nettement améliorés et une complexité environnementale accrue par rapport à ses prédécesseurs Verdun et Tannenberg. Les intérieurs des bâtiments sont variés et plus détaillés, ce qui représente une nette amélioration par rapport aux entrées précédentes de la série. On note aussi un très gros travail sur les effets de lumière. Qui permettent vraiment de traverser des champs de batailles très immersifs. 

Sur le plan technique, le jeu bénéficie d'une amélioration considérable du son, avec des effets sonores environnementaux très améliorés et des armes ayant un impact sonore réaliste et puissant. Cependant, malgré ces avancées, Isonzo souffre parfois de performances inégales pendant les batailles chargées et de quelques animations parfois maladroites, reflétant les contraintes de budget d'un titre indie. Il est difficile d’avoir le beurre et l’argent du beurre. Il fallait faire des concessions et il est assez difficile dans ces conditions d’obtenir un sans-faute technique avec un studio indépendant. Parfois, ça manque un peu de raffinement dans les animations. C’est ainsi…

Un jeu qui s’est beaucoup amélioré depuis 2022

Les années passent et Isonzo s’améliore, comme on peut s’en douter. Le jeu a reçu plusieurs mises à jour et extensions qui ont enrichi l'expérience de jeu avec de nouveaux contenus, à la fois gratuits et payants. Le mode Ascent constitue une addition notable au jeu, qui a justement été rendu accessible pendant la période de notre TEST. Il s'agit d'un mode de jeu basé sur l'escalade, où les joueurs utilisent des pioches pour grimper des montagnes escarpées, offrant une manière audacieuse et inédite d'assaut en haute altitude. C’est vraiment grisant, bien que les chutes soient nombreuses (et fatales). Cela peut donner lieu à de bonnes parties de rigolades en vocal avec des amis. On a adoré.

Fin 2022, plusieurs mois après le lancement, le jeu a également bénéficié de l'expansion White War et des packs cosmétiques Below Zero d'Isonzo. Marquant une évolution significative dans la représentation du théâtre des opérations alpines durant la Première Guerre mondiale. Cette mise à jour a introduit un ensemble de nouvelles cartes plongeant les joueurs dans des paysages enneigés et des environnements plus montagneux, offrant non seulement une variété visuelle mais aussi des défis tactiques accrus en raison de la topographie et des conditions climatiques extrêmes. En somme, une verticalité extrême des maps. 

Et ce n'est pas tout

Les packs Below Zero, qui accompagnent l'expansion White War, enrichissent quant à eux l'aspect de personnalisation du jeu. Ils comprennent des tenues historiquement fidèles adaptées au combat en conditions glaciales, avec des manteaux doublés de fourrure, des vestes ajustées, et même des uniformes de ski. Ces éléments ne sont pas seulement esthétiques ; ils reflètent également les adaptations réelles des armées aux conditions difficiles des fronts alpins. De plus, ces packs ajoutent une gamme d'équipements secondaires tels que des lunettes de protection, des pipes et divers types de couvre-chefs, augmentant l'immersion dans les détails historiques du conflit.

Bref, le studio BlackMill Games n’a pas lésiné sur les moyens pour rendre son jeu plus attractif sur le long terme. Si le jeu pouvait souffrir d’un cruel manque de contenu lors de sa sortie, force est de constater que tout s’est rapidement arrangé et qu’à l’heure actuelle (avril 2024), Isonzo est sûrement le FPS Première Guerre Mondiale le plus réussi sur le marché. Et ce n’est pas rien.