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Thomas Pillon
En attendant de voir fleurir les essais et autres analyses plus ou moins sérieuses sur la crise multiple que nous traversons, restons dans le jeu vidéo, voulez-vous ? D'ailleurs, notre petite industrie n'est pas en reste, et cette année 2020 aura une fois de plus contribué à lever bien des problématiques. Et si l'espoir fait vivre, force est de constater que les choses ne bougent que bien trop lentement. Au cours de cette année compte triple, nous aurons finalement tout vécu, passant de l'extase d'un intestable GOTY à la (saine) colère en découvrant les pratiques d'individus toxiques, sûrs de leur bon droit. Difficile de croire à un rapide changement de philosophie, surtout lorsque l'on constate l'appétence consumériste et à la limite du réflexe pavlovien qui a entouré l'arrivée d'une nouvelle génération, alors que le public semblait pris d'une certaine forme de folie collective au moindre orteil dévoilé par l'un ou l'autre constructeur. Triste constat. Saura-t-on rapidement voir au-delà de la communication bien huilée ce qui se trame de l'autre côté du miroir ? Espérons-le, mais le grand soulèvement culturel semble encore si loin... Haut les coeurs, 2021 s'annonce pleine de promesses, et a priori, ça ne pourra pas être pire... Non ?
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Pas de surprise, et pour cause : comment passer après un tel pinacle ? Ce n'est pas faute d'avoir crié mon amour pour cette oeuvre renversante, qui parvient à faire exister sur le même plan un budget pharaonique et des prises de risques que seuls les indépendants peuvent rêver prendre. Par nature réticent aux suites, quel plaisir de découvrir le contre-pied en forme de bras d'honneur réalisé par Druckmann et son armée de petites mains, qui n'ont pas compté leurs heures pour accoucher de l'un des plus grands jeux de cette génération. Pourra-t-on espérer retrouver une telle prise de risque dans un titre du même calibre ? Et réaliser pareil exploit en faisant primer le bien-être de l'humain devant les considérations économiques ? Je ne peux qu'ardemment le souhaiter.
Rarement un titre ne m'aura autant fait rire à gorge déployée que cet anti-jeu de golf, qui s'amuse lui aussi à retourner à peu près toutes les conventions du genre, pour en faire une oeuvre singulière, assez inclassable, qui semble exister avant tout pour la beauté du geste et l'absurdité de son propos. Autant de génie et d'autodérision dans un genre dont on pensait avoir fait le tour : je ne pouvais que m'incliner.
Le défi avait tout de la planche savonnée, et pourtant, Square Enix est parvenu à faire du remake le plus réclamé par les joueurs incapables de tourner la page une véritable réussite, et à faire passer la pilule du format épisodique par-dessus le marché ! Avec son ambiance envoûtante et son gameplay bétonné, Final Fantasy VII Remake réussit l'exploit de me faire croire en sa suite, à condition que le père Nomura ne parte pas trop loin dans ses délires égotiques. Même moi je n'en reviens pas.
FLOP
1. Plein de bras, trop de chocolat
Voilà un parti-pris évidemment paradoxal au vu de la médaille d'or tout juste décernée, mais il serait temps de soulever le tapis, et de faire un grand ménage de printemps dans les pratiques au long cours de l'industrie. Entre essorage physique et pression mentale, il serait de bonne guerre de faire payer aux décideurs de ce monde le coût de leurs inhumaines méthodes. Le pire, c'est que certains commentateurs à grelots parviennent à légitimer le crunch avec des arguments d'une pauvreté sans nom, et participent au discours relativiste sur une question brûlante. Je ne prétends pas avoir la solution, mais pourrait-on commencer à s'interroger sur le coût humain des productions AAA ? Aussi bouleversantes puissent-elles être, je préférerai les voir disparaître plutôt que de continuer dans cette voie mortifère.
2. La haine des haies
Et si notre condition de gratte-papiers n'a aboutement rien à voir avec celui des petites mains au sort tout juste évoqué, il faut dire que nos conditions de travail ne semblent pas franchement se bonifier, la faute aux éditeurs (certains), qui semblent ignorer le concept de repos, de l'alternance jour/nuit ou de la capacité de concentration limitée de l'être humain. Est-il encore possible de correctement faire son travail lorsqu'un titre arrive dans vos mains à quelques heures de sa sortie ? La méthode est d'autant plus incompréhensible que la plupart s'avèrent très bons (au moins), et l'on se demande bien pourquoi il fallait tenir un planning si serré. Alors forcément, il est désormais quasi-impossible de juger d'une intrigue jusqu'à son dénouement, ou de creuser l'annexe comme la discipline l'exigerait, et c'est bien dommage. Après, il y a les autres, les bons, si rares que, forcément, ils se reconnaîtront (merci)...
3. Running out, our time is ruuuunning out ♬
Jamais je n'ai eu autant l'impression de louper une quantité astronomique de titres de qualité que depuis que je fais ce (fabuleux) métier. Rien qu'au cours de ces douze derniers mois, j'ai ainsi réussi à ne pas avoir le temps de découvrir The Pedestrian, DOOM Eternal, Shantae and the Seven Sirens, Ghost of Tsushima, Hades, Ghostrunner, Yakuza 7, Observer : System Redux et bien évidemment Cyberpunk 2077. Et ce n'est pas faute d'y consacrer du temps ! Mais entre la vie sociale (oui, même en 2020), les sorties, la lecture, la musique, comment réussir à tout faire tenir ? Je voterai bien pour des journées de 36 heures, mais certains en profiteraient sans doute pour faire trimer les autres encore plus... Quelle vie.
JEU LE PLUS ATTENDU DE 2021
Rien à faire, les lyonnais d'Arkane Studios continuent de me faire sauter sur ma chaise à chacune de leurs interventions. Il faut dire que les gars ont su gagner leurs galons de respect éternel en enchaînant deux opus (et un spin-off) rocambolesques de Dishonored, et ainsi décorcher une passe-droit qui fait, logiquement, de leur prochaine production en forme de FPS truqué (décidément) le plus le plus attendu par votre serviteur, qui n'aura d'ici sa sortie pas de PlayStation 5 pour le faire tourner. Bah tiens. Bon, en revanche, si la promesse de voir les deux opus de Dai Gyakuten Saiban compilés (oui mais) sur Switch se vérifie, je ne réponds plus de rien. Soyez prévenus.