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L'action en frissons est certainement le filon le plus exploité au sein de notre loisir (F.E.A.R., The Suffering, D, Doom 3, Dead Rising... la liste est longue) car il est aussi celui qui repose le plus sur des ressorts identiques aux productions hollywoodiennes. Cela s'explique par l'efficacité de formules toutes faites qui n'ont plus rien à prouver aujourd'hui, mais aussi par la puissance technologique exponentielle de nos machines préférées, qui se rapprochent chaque jour un peu plus d'un rendu photo-réaliste des représentations les plus sombres du genre humain. La série des Resident Evil s'est fait le chantre de cette philosophie (ce que le cinéma lui rend d'ailleurs très mal), même si Dead Space vient lui taquiner les orteils depuis peu...
Resident Evil : Code Veronica
Même si Resident Evil : Code Veronica hérite des lacunes de ses aînés (les fastidieux aller-retour dans les niveaux, la maniabilité rigide), Capcom apporte également au sein de ce modèle une grande nouveauté : il est le premier de la série a proposer des environnements en full 3D. Mais Resident Evil : Code Veronica impressionne surtout par son rythme, tant il maintient brillamment - et avec constance - le joueur sous pression. En effet, l'histoire regorge de moments dramatiques, et les multiples cinématiques qui ponctuent chaque moments clés de l'intrigue affichent un talent certain pour l'horreur psychologique (voir l'incroyable récit de la schizophrénie de la famille Asford). Resident Evil : Code Veronica est un jeu éreintant, qui abandonne les nombreux effets de manche faciles des épisodes précédents - basés essentiellement sur des jump-scares -, afin de verser pleinement dans l'épouvante sociale. Il prouve par la même occasion que la série est capable de se hisser à des sommets de terreur une fois l'écriture parvenue à son meilleur.
Dead Space
Énorme surprise à sa sortie et meilleur jeu de l'année 2008 (eh oui !), le monstrueux Dead Space, concocté par les petites génies du studio Visceral Games, ne serait qu'un vulgaire survival horror de plus si l'on se fiait uniquement à son plumage, avant de s'apercevoir que son déroulement propose bien plus qu'un gros ride d'action débridée. Par son ambiance claustrophobe de prime abord, à la noirceur qui convoque autant Alien que Event Horizon, et instaurée principalement par son unité de lieu (l'immense et inquiétant vaisseau-fantôme USG Ishimura). Par ses penchants ésotériques ensuite, évoqués à travers les délires paranoïaques et sanglants de l'Unitologie (lointain écho de la Scientologie). Enfin, Dead Space dérange surtout par ses éclats de violence graphique, lorsque les chairs sont malmenées, tordues, dans une imagerie très proche d'un The Thing de John Carpenter. Il en résulte un tour de force aussi bien technique qu'idéologique.
Left 4 Dead
Décalque numérique intense des films de George Romero et fantasme ludique pour tout destructeur de zomblard qui se respecte, Left 4 Dead se destine avant tout à être pratiqué en multijoueurs. Si l'atmosphère crépusculaire qui se dégage des différents niveaux du jeu bénéficie d'un soin particulier, sa grande force repose essentiellement sur un procédé simple mais génial : le jeu est capable d'adapter ses effets dramatiques via une routine de programmation nommée « IA Director », développée par la talentueuse équipe de Turtle Rock Studios, sous la coupe protectrice de VALVe. Left 4 Dead ne contient donc quasiment aucun script et c'est à la charge de l'IA Director d'improviser et de choisir la meilleure façon de vous foutre la pression selon votre progression dans un niveau donné, à un moment T. Par conséquent, le sentiment de terreur et d'urgence insufflé par le titre est sans cesse renouvelé, et à l'exception de quelques rares pics significatifs élaborés par avance, aucune partie de Left 4 Dead ne ressemble à une autre. Un grand jeu très stressant.
Vidéo par Jack